Il faut bien, parfois, admettre que le tourisme n'est pas un long fleuve tranquille, parsemé uniquement de découvertes merveilleuses et d'éblouissements surprenants. Car à en croire la lecture de ce blog, album souvenirs autant que chronique hétéroclite, nos aventures de vacances semblent toujours idylliques. Voire idéales : il n'est qu'à entendre les commentaires étonnés de mes proches, persuadés que nous passons notre vie dans un Éden reconstitué à l'usage du vacancier moderne, intimement convaincus que nous ne travaillons plus ou, pire, que nous oublions nos devoirs professionnels au profit de ces escapades perpétuelles, et forcément paradisiaques. Les lecteurs les plus attentifs de ce blog auront remarqué qu'en fait d'éternité, j'ai une forte propension à allonger la sauce (trop parfois !!) tant l'enthousiasme m'incite à piocher les sujets qu'internet ne traite que de trop loin (qu'on se rappelle par exemple les 4 ou 5, je ne sais même plus, articles consacrés à ce bon Henri Martin, après une visite qui dura, au maximum, un couple d'heure !!). Mais surtout, il nous arrive aussi d'avoir des ratés. Et comme l'honnêteté fait bon ménage avec l'information, je me devais de raconter notre début de séjour romain.
Car, après une semaine "orgiaque" à Fayence (entendez un Festival consacré à l'intégrale des quatuors à cordes de Beethoven), nous avions décidé de profiter de notre situation géographique pour nous offrir une petite virée romaine. Le prétexte ? Une superbe exposition organisée par les Écuries du Quirinale, ce nouvel espace muséal qui offre, chaque année, deux manifestations toujours admirablement montées et mises en scène. Cet automne, c'était Vermeer. Mais j'en reparlerai.
Le dimanche donc, après avoir rendu notre maison de Seillans, ménage, valises et rangements divers, nous avons pris la direction de Marseille pour passer l'après-midi avec un cousin, avant de nous envoler pour Rome. Rome où nous sommes arrivés vers 21 heures, le temps de sauter dans un taxi et à 22 heures nous étions devant la porte de l'appartement loué via del Babuino. Depuis le matin, je tentais vainement de joindre la personne qui devait nous accueillir, lui laissant message sur message. Et ce qui devait arriver, arriva : au bas de l'immeuble, porte close. Et en haut, tout là-haut au 5ème étage, toutes les fenêtres étaient obstinément noires. Nous avons passé une bonne heure dans la rue, téléphonant dans le vide, appuyant au hasard sur les sonnettes sans nom, allant, venant, supputant, guettant chaque taxi, surveillant chaque passant comme s'il était enfin notre logeur. Vers 23 heures, un peu las, toujours à jeun, nous avons rallié l'hôtel le plus proche, puis sommes allés fêter dignement cette arrivée romaine en dégustant une pizza arrosée d'un bon verre de Vermentino.
Le lendemain, il faisait jour... nous nous sommes réveillés fort tard, et, de fait, j'ai enfin pu joindre l'hôtesse qui, parait-il, nous avait attendus de 21 h à minuit dans l'appartement manifestement plongé dans l'obscurité. Je la soupçonne de s'être endormie devant la télé ! Il faut dire que cette brave dame, une amie âgée du propriétaire qui vit maintenant à Paris, m'a avoué que son portable était déchargé tout le dimanche et qu'elle ne l'avait mis en charge que le matin même ! Quant à moi, j'avais tout simplement oublié que le propriétaire, sans doute inquiet des contrôles fiscaux, cultivait le secret et que son numéro de sonnette était un code !
Bref rendez-vous fut pris pour le début de l'après midi pour s'installer enfin. Nous avions peu de temps devant nous et, en attendant, je proposais à Alter d'aller visiter une exposition intitulée "Klimt à Rome", sans doute assez vite vue. Mais voilà, il est des jours comme ça où tout va de travers, j'avais oublié de vérifier les jours d'ouverture et il apparut, après une bonne marche, que l'exposition était fermée le lundi. Une réflexion malheureuse d'Alter ("Bravo Pimpi") me permit de lui faire une scène de ménage à la romaine en bonne et due forme, ce qui allégea les tensions et nous permit, une demie heure plus tard, d'aller nous affaler devant un bon déjeuner en attendant l'heure du rendez-vous.
Mais le pire restait à venir. En intégrant l'appartement tant attendu, il apparut qu'il était dans un état de saleté, de crasse et de négligence caractérisées rarement croisé lors de nos périples touristiques. Je ne suis ni maniaque du ménage, ni particulièrement délicate, mais c'était vraiment infect ! Nous avons dû laver la vaisselle avant de manger, astiquer les sets de tables recouverts des reliefs des 50 derniers repas, décrasser la salle de bain avant d'y entrer, fermer les yeux en utilisant les toilettes pour éviter l'apoplexie... Nous avons ainsi passé le séjour en apnée, chassant les moutons, évitant les cheveux et la poussière, récurant l'évier, marchant sur la pointe des pieds et respirant à peine, tant tout était dans un état sordide. Il aurait fallu passer une journée entière à manier serpillière et balais, poudre à laver et éponge pour en venir à bout. Nous n'étions pas venus à Rome pour cela et nous nous sommes accommodés tant bien que mal d'un compromis supposé acceptable. Et dire que j'avais chaleureusement recommandé ce lieu à Autour du Puits, qui, fort heureusement, n'y est pas allée !!! Nous nous sommes consolés de cette gabegie en passant notre temps à la fenêtre !!
Je vous épargne les photos prises pour faire face à toute contestation possible, au cas où le propriétaire déciderait de me retenir la caution pour remettre son logement en état !! Elles sont proprement stupéfiantes. En attendant, et parce que je ne suis pas méchante, je les garde pour moi mais suis tout à fait prête à vous indiquer en privé l'adresse de cet endroit à éviter à tout prix ! J'en avais déjà parlé lors d'un précédent séjour romain et, malheureusement, avec enthousiasme ! Ne suivez surtout pas mes conseils !!!
Le lendemain de ce jour maudit, nous retournâmes voir Klimt !! L'exposition, largement annoncée comme venant de Venise puis de Milano, était censée se dérouler au Palazzo Ludovisi, via Boncompagni. Nous reprîmes donc le chemin du musée, ouvert cette fois. Et là, nous tombâmes sur deux dames hilares, qui nous dirent qu'il n'y avait aucune exposition Klimt passée ni future, mais que nous n'étions pas les premiers à nous casser le nez dans ce palais un peu triste. L'affaire n'avait pas l'air de les émouvoir outre mesure et elles nous proposèrent le traditionnel livre d'or sur lequel on fait inscrire aux touristes leurs noms quand l'accès d'un lieu est gratuit. La liste des visiteurs égarés était longue et quand les administrateurs du palazzo Ludovisi vont voir la fréquentation de l'automne 2012, ils vont avoir une sacrée surprise : il n'y a sans doute jamais eu autant de visiteurs depuis des lustres dans ce musée tristounet !
Les seuls Klimt de Rome nous attendaient le soir dans notre appartement crasseux, où notre propriétaire, manifestement plus amoureux de ce peintre que de la propreté, a eu la bonne idée d'orner ses murs de reproductions de grande taille de l'artiste viennois. Une façon comme une autre de me permettre de vous parler de Klimt à Rome et d'illustrer ce billet d'humeur de photos prises in situ !!!
Je ris car nous devions aller voir cette expo et puis nous avons décidé qu'il faisait trop beau pour s'enfermer !!!
RépondreSupprimerBen dis moi j'ai bien fait de rester à Tivoli et de pas tenter de louer l'appart avant votre arrivée car la crasse et moi nous ne faisons pas bon ménage
Et puis je me serais ruinée au café musée atelier que j'adore mais qui n'est pas bon marché
14€ le spritz!
C'est la première chose que je me suis dite en constatant l'état des lieux, heureusement que Françoise n'est pas venue ! tu en aurais été malade ! Et moi désolée de t'avoir envoyée dans une telle galère ... Le café musée atelier, ils font, c'est naturel, payer le "site" !!
SupprimerTu me fais rire. Si si, tout à fait! Après avoir lâché ta caisse à savon fayençoise te voilà devenue reine du ménage à Rome.
RépondreSupprimerTu as raison la vie du touriste n'est pas toujours de tout repos.
Combien de fois cette mésaventure est-elle arrivée aux pauvres expatriés temporaires que nos sommes. Mais ta façon de le narrer est des plus savoureuses.
Et devoir se consoler avec deux posters de Klimt d'une exposition inexistante est le comble! La Rome attitude a encore frappée.
Tout de même la vue sur les toits de la "ville éternelle" était peut-être une petite consolation.
Bon dimanche Michelaise. Bises
ALors surtout Mireille, que moi, reine du ménage, c'est pas un bien beau règne ! Mais tout de même... pour autant, il n'y avait pas péril en la demeure et on avait tellement de plaisir à courir ROme qu'on a oublié ces contrariétés
SupprimerImpressionnant ! Je comprends la déception qui a dû être la vôtre... J'espère que vous n'avez cependant pas que de mauvais souvenirs de ce séjour et j'imagine que ces mauvaises surprises digérées vous arriverez même à en rire un jour.
RépondreSupprimerBon week-end à toi Michelaise
Oh mais passée la petite scène de ménage, très napolitaine, on a plutôt ri de tout cela, on est très adaptables !! marrant quand même de passer la nuit sous les ponts à Rome ! Mais non, on a trouvé un hôtel et quand on la chance d'être touriste, pas pressé, libre etc etc, il faut prendre les avatars sans hargne !!
SupprimerQuelle horreur, mais quelle horreur..!! Et au moins pour une fois c'est pas moi qui dois rappeler, au sujet de mon pays, que "l'apparenza inganna" et "non è tutto oro quel che luccica" (les apparences sont trompeuses, tout ce qui brille n'est point or).
RépondreSupprimerC'est peut-etre à cause de ça que nous devons faire de nécessité vertu, et donc il y a en Italie des associations de défense des consommateurs, Federconsumatori et Codacons par exemple, qui donnent de bonnes indications par rapport au "quoi faire?" dans des malheureux cas pareils.
Il ne me reste qu'à espérer qu'il y aura quelque autre billet sur Rome un peu plus agréable que celui-ci...
Bon dimanche !
Faut dire que toi, Siu, tu les as admirées les horreurs en question, je t'ai inondée de photos révélatrices !! Mais bon, cela n'a rien d'italien, c'est une personne, un homme seul et qui ne surveille pas son appartement ! Je ne suis pas procédurière et il avait été très gentil avant, pas eu le coeur de le casser ou de le dénoncer. J'ai sans doute tort, mais bon...
SupprimerOh d'autres billets sur Rome, tu ne perds rien pour attendre
Quand cela commence mal... bon heureusement, l'humour et toujours là (et quelques délices culinaires romains), mais tout de même, rageant!
RépondreSupprimerAllons faut bien qu'il y ait des ratés parfois, sinon ce serait louche !!!
SupprimerVous vivez dangereusement Michelaise ; les souvenirs de tourisme sont parfois mitigés. Il me semble que le tonus et le ton de votre article laissent supposer que vous en 'rigolez' un peu. En ce qui concerne l'exposition Klimt j'ai eu le plaisir de la voir à Venise le printemps dernier. Même si on n'est pas fana de la période elle était bien faite, didactique pour les ignares comme moi en ce domaine, bien éclairée et bien fréquentée, même s'il fallait parfois déambuler entre des troupeaux de scolaires point trop motivés mais peu bruyants. Une bonne occasion de voir réunis un certain nombre d'objets habituellement dispersés (peintures [diverses techniques], esquisses, bijoux, dessins et maquette d'architecture). Un bon souvenir pour moi... et il pleuvait ce matin-là !
RépondreSupprimerBon week-end qu'on vous souhaite neigeux comme chez nous. C'est le plus sûr moyen de se mettre devant ses fourneaux ! Au fait ? La bécasse ?
C'était nécessaire Michel de raconter aussi les déconvenues et autres mésaventures ! Contente que vous ayez vu cette expo, et que vous m'en donniez vos impressions : cela fait comme si je l'avais un peu visitée aussi.
SupprimerQuant aux groupes e scolaires, c'est absolument ce que vous en dites, mais on s'y fait n'est-ce pas ? et ils ne restent pas trop.
La bécasse, ah cher Michel, un bel et bon souvenir ! Arrosée d'un Bourgogne, une fois n'est pas coutume et il faut bien être un peu éclectique. Pas au point d'appeler la neige de nos voeux, "tonton", à qui j'ai dédié mon article du premier novembre et qui vit entre Saint Etienne et Saint Romain les Atheux, m'a envoyé la première photo de neige de l'année, et je lui ai expédié en réponse, une photo de nos brouillards (pas les premiers je l'avoue !!)
Oh! mais tu nous laisses sur notre faim! Il fallait évidemment publier les photos et indiquer l'adresse de ce bouge infâme, et jeter en pâture ce propriétaire indélicat, tout cela aurait pu ensuite être twitté et faire le tour du monde! Je ne sais pas comment tu te débrouilles, mais moi partout où je vais en Italie, je n'ai jamais été déçu (sauf dans les hôtels bien sûr), et je ne paie JAMAIS de caution pour un appart' (je refuse systématiquement) Je passe par un site où les logeurs sont évalués autant que les locataires, et je demande au logeur qui exige une caution qu'il regarde d'abord l'appréciation qu'ont porté sur moi les logeurs pour l'en dissuader! J'espère que tu as au moins pu te venger sur le site qui assure la publicité de ce logis romain pour éviter à d'autres bien des mauvaises surprises!
RépondreSupprimerMais je me débrouille très bien GF, c'est bien la première fois qu'une telle mésaventure m'arrive, et j'ai dégoté des adresses formidables ! Quant à être méchante avec ce propriétaire, je ne m'en suis pas senti le courage (mais qui veut peut très bien retrouvé le "coupable") car j'avais fait un premier séjour charmant, agréable et "propre" chez lui !! simplement il a changé sa façon de gérer l'appartement et est sans doute victime de la négligence de ceux qu'il sollicite pour s'en occuper à sa place.
SupprimerG.F je trouve que tu as une trop grande propension à critiquer les hôtels....et les colliers de perles des vieilles dames !!!
RépondreSupprimerIl serait bon, Michelaise deefaire notre petit lexique des bonnes adresses !! en tous cas tu me donnes envie de repartir pour Rome au fond c'est la destination idéale quand on a un genou qui ne cesse de s'agenouiller !!!
Sauf qu'on marche beaucoup à Rome !! Mais bon, si tu fais des génuflexions, tu seras bienvenu. Tu sais, Rome, au départ de Bordeaux avec Ryanair (ou air France d'ailleurs, les bons jours) c'est la porte à côté !!! Quant au guide des bonnes adresses, sûr que je n'y inclurai pas celle de mon appart que je recommandais pourtant chaleureusement après mon premier séjour dans les lieux ... mais sûr que le prochain sera au top !!!
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