C'est un commentaire tardif sur un ancien article qui m'a donné l'idée de ce billet. Nous avions passé un fort agréable séjour hivernal dans le délicieux village de Bages, et je parlais du vannier alors installé à cet endroit, Pierre Eveillard, que nous n'avons pas retrouvé lors d'un passage ultérieur. Voici cette réponse :
"Une réponse très tardive du vannier disparu. Je viens de retrouver ce blog et ses commentaires. Malgré la beauté du lieu, il ne permettait pas de vivre financièrement. Mais c'est le cas de nombreux vanniers professionnels en France qui disparaissent les uns après les autres .
Vous, clients, en êtes responsables, en achetant de la vannerie d'import ou pire de la vannerie "équitable". Mais mes amis potiers ou artisans d'art ont les mêmes soucis. Il faut vraiment en tant que consommateurs se poser des questions face à nos choix. Quant à moi , je poursuis mon métier avec grande difficulté mais toujours la même passion. J'ai changé de région . Le MÉDOC ne restera pas mon plus beau souvenir! Il y aurait beaucoup à dire mais je ne veux pas froisser ses habitants."
Tiens, il n'y a pas que moi qui détoure !! Lui aussi ...
La notion est "tendance", nous devons être "responsables"... Rien de bien neuf en la matière, c'est le fameux article 1382 du Code Civil - qu'on apprend le premier jour où l'on pose ses fesses sur les bancs d'un amphi de droit - qui en pose le principe incontournable et inamovible (pensez, la version encore en vigueur dans le Code Civil est celle qui fut écrite par les rédacteurs de 1804 !) "Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer." Et, pour faire bon poids, au cas où on aurait tendance à trouver ce "quelconque" rassurant, car noyant dans le flou les risques de voir engager sa responsabilité, l'article suivant ajoute une deuxième couche, nettement plus sentencieuse : " Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence.". Là ! Vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas au courant, du genre : "j'ai rien fait, c'est pas moi, c'est l'ordinateur, c'est la machine, c'est la société !" : vous devez vous abstenir de causer des dommages à vos tiers, que ce soit intentionnel ou non.(1) Dont acte...
Mais nous voilà, en ce XIXème siècle qui est l'aboutissement de tous nos errements technologiques et le résultat sonnant et trébuchant de toutes nos présomptions et de nos orgueils insensés, tenus pour responsables de tout ! Nous devrions être irréprochables aux yeux d'une éthique mouvante et sujette à évolution permanente, au gré des découvertes des conséquences inattendues de nos actions passées et de celles, présumées, de nos actions présentes. Nous devons "voyager responsable", pratiquer "l'internet responsable", faire du "sport responsable", "étudier responsable", être "socialement responsable", et aussi, "consommer responsable" (et encore, je m'en tiens à la première page des réponses de Google à l'argument "responsable"). Génération responsable de tant de dérèglements, nous les enfants sans guerre, nous les papyboomers qui avons profité à outrance des Trente Glorieuses, des progrès de la médecine et des avancées de la science pour améliorer notre vie, notre confort sans pour autant nous inquiéter des conséquences de nos inventions, nous sommes taxés par la nouvelle génération, la génération responsable, de toutes les insouciances, imprudences, égarements et autres excès qui pèseront très lourd dans notre bilan civique, à l'heure du Jugement Dernier de la survie de La Planète. Qu'ils font, ces jeunes héros, tout pour sauver ! Voire ?! Car, même n'ayant pas connu les inconforts de notre jeune âge, désagréments que nous serions, nous au moins, encore capables de supporter, ils ne sont pas prêts à renoncer au monde douillet que nous leur avons concocté : ils font beaucoup de prosélytisme, mais n'appliquent toujours qu'une partie de leurs leçons de morale civique. Mais là n'est pas, aujourd'hui, la teneur de mon propos, et, comme souvent, je m'égare.
Je voulais rebondir sur la mise en cause, parfaitement légitime, de Pierre Eveillard quand il nous assène "Vous, clients, en êtes responsables", parlant de la difficulté qu'ont les artisans à survivre pour cause de détournement de la clientèle vers des produits importés, venant de pays à bas coût, et les privant, disent-ils, de débouchés locaux. Vrai, les produits importés sont honteusement bon marché et nous savons qu'une partie de notre confort actuel est imputable à cette main d'oeuvre bon marché qui nous assure des produits à des prix imbattables. Donc un confort de vie supérieur à ce qu'il serait si nous n'avions recours qu'à notre marché intérieur. Mais ces produits, sinon, les achèterions-nous pour autant à d'autres prix ? Est-ce vraiment un détournement ? Ou, comme je le crois, s'adressent-ils à de nouvelles clientèles qui n'auraient pas existé sans ces produits bon marché ?
Qu'en était-il autrefois ? Du temps de mon grand oncle, qui était vannier et tenait commerce (très lucratif) sur le boulevard Bayle à Marseille, le produit en rotin (on disait ainsi à l'époque, il y a environ 50 ans, oui oui !!) était considéré comme un produit "de luxe" : les fauteuils en osier, tables basses et autres balancelles s'achetaient après longue et mûre réflexion, une fois pour toutes, et on conservait ces produits toute sa vie. On les léguait même à ses enfants : vous vous voyez léguant des meubles aux vôtres, qui préfèrent Ikea et n'ont, de toute façon, pas la place pour stocker vos vieilleries démodées et poussiéreuses. Sauf, bien sûr, à l'état d'échantillon, à titre de curiosité, et à condition que l'objet ne soit pas trop encombrant. Ces vieux salons de jardin en osier, qu'on retrouve dans les bonnes maisons bourgeoises du début du XXème siècle, où on les conservait précieusement l'hiver à l'intérieur des communs ou, mieux, de l'orangerie, n'étaient pas pour la bourse du commun des mortels (dont nous sommes). Nous qui avons, pourtant, les moyens ou l'envie de changer notre ensemble de jardin tous les 5 ou 10 ans, selon notre sens de la mode ou de l'économie. Tout cela pour dire qu'il ne faut pas se leurrer : ce n'est pas parce que, grâce aux produits importés, une personne sur deux s'offre, actuellement, en France des produits en vannerie, qu'il en serait ainsi et qu'il s'agit là d'un marché potentiel. Si l'on n'avait que des produits français, on n'aurait plus alors qu'un acheteur sur 50 (mes proportions sont, vous l'avez compris, arbitraires et prises à titre d'exemple). Et il n'y aurait guère d'achats de renouvellement !
Je vais même faire de la provocation : parmi les acheteurs actuels de produits à bas coût, certains, lassés de la fragilité des objets en provenance d'ailleurs qui lâchent au bout de quelques mois d'existence, mais ayant pris goût à la vannerie, un jour, vont décider d'acheter un vrai et beau produit bien fabriqué, de qualité, ne regardant pas au prix, et admettant alors de le garder longtemps. Après avoir fonctionné à la pulsion d'achat, ils décideront d'acheter durable, raisonnable et se tourneront, naturellement, vers les professionnels que sont nos artisans. Et d'un acheteur sur 50, comme c'était le cas quand la vannerie était un produit "bourgeois", on est passé à un acheteur sur 20, grâce à ceux que le produit importé a convertis !
Et les paniers, me direz-vous, ce n'étaient pas des produits de luxe, tout le monde en avait ! Oui, certes, mais ma grand-mère, comme la vôtre (si vous avez mon âge, sinon il faut remonter à l'arrière-grand-mère), n'en avait qu'un, que vous avez jeté quand il a fallu vider sa maison, et que vous regrettez maintenant. Car vous en êtes à votre 10ème panier d'osier, les 9 précédents ayant perdu leur anse, s'étant troués, détressés, bref ont fini à la poubelle. Alors qu'envisagez-vous ? Soit vous êtes sensible à la mode, et vous aimez le changement, donc vous continuerez à acheter des "consommables" pas cher, qui viennent de Chine ou d'ailleurs, mais qui vous amusent le temps de les acquérir, soit vous allez voir monsieur Eveillard, et vous lui achetez un panier qui fera un aussi long et bel usage que celui de votre grand-mère ! Ainsi vont les choses, et si un jour votre anse se détresse, monsieur Eveillard la réparera. Car c'est le secret du succès du "made in France" : sa qualité doit être irréprochable, donc convaincante et le SAV doit suivre !
Je pense ici à mon amie Caroline qui, à chaque rentrée, cire soigneusement son ancienne "serviette" (encore un mot désuet que j'adore) et l'apporte régulièrement chez le cordonnier pour réparer ses petites blessures, et qui a l'intention de continuer longtemps ainsi ! D'autres préfèrent des attaché-case neufs chaque mois de septembre, quitte à ce qu'ils les lâchent en avril ! Et certains enfin, d'abord séduits par l'attrait de la mode, du bon marché et de la nouveauté, achèteront un jour une belle mallette en cuir, payée fort cher mais de bonne facture, et la garderont jusqu'à leur retraite ! C'est ce que fit Michelaise, après avoir porté ses livres en équilibre instable sur son bras pendant des années !! Mais Michelaise n'est pas loin de la retraite ce qui, désolée pour l'intéressée, n'est pas le cas de Caroline : va falloir soigner ton vieux cartable encore longtemps !
Nous sommes tous responsables certes, mais nous évoluons, parfois, vers des achats plus pensés, l'idée étant d'en revenir à un mode de consommation "à l'ancienne", avec ce que cela suppose de soin pour les produits, de non-renouvellement, de refus de sacrifier à la mode ou à la tendance, bref une sagesse qui va assez mal de pair avec le consumérisme. L'âge venant, et avec lui, un peu plus de moyens, et surtout la lassitude des produits qui ne tiennent pas plus qu'un déjeuner de soleil, l'énervement que procure l'objet de mauvaise qualité qui vous lâche ou tombe en panne, nous évoluons souvent vers des achats moins impulsifs, plus raisonnés et donc, plus responsables.
Il ne faut pas désespérer, monsieur Eveillard, du bon sens de nos concitoyens. Et même si certains d'entre eux sont attirés par les produits d'importation qui leur donnent, à bon compte, l'impression d'être plus riches qu'ils ne sont, car ils n'auraient pas eu les moyens de les acheter sans cela, tous les acheteurs savent apprécier la qualité et la souhaitent, dès lors qu'ils peuvent se l'offrir. Nous en avons tous fait l'expérience : quand nous trouvons un artisan qui fabrique beau et solide, nous savons reconnaître ses compétences et sommes prêts à "économiser" pour acquérir son produit : mais, avouez que mon propos est totalement désuet : pourtant c'est ainsi qu'on fonctionnait autrefois. On attendait parfois longtemps avant d'avoir les moyens d'acheter l'objet désiré. Notion qui fait, j'en suis certaine, sourire mes jeunes lecteurs s'il y en a sur ce blog ! Mais qui rappelle quelque chose aux autres ... Les modes de consommation ont changé, pas en bien je vous l'accorde, mais rien ne dit que ce soit inéluctable même si les sirènes du "pas cher qui ne dure guère mais qu'on a tout de suite" ont encore de beaux jours devant elles.
NOTE :
1- Je vous ai épargné la suite, l'article 1384 :
On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.
Un pot pourri d'achats responsables selon Google images : ici, ici, ici et ici ... Vous remarquez que le vert, cette couleur qui donne bonne conscience, domine ... le monde aussi, avec ces fameux achats équitables dont monsieur Eveillard dit qu'ils sont, pour les artisans locaux, le "pire".
Mais nous voilà, en ce XIXème siècle qui est l'aboutissement de tous nos errements technologiques et le résultat sonnant et trébuchant de toutes nos présomptions et de nos orgueils insensés, tenus pour responsables de tout ! Nous devrions être irréprochables aux yeux d'une éthique mouvante et sujette à évolution permanente, au gré des découvertes des conséquences inattendues de nos actions passées et de celles, présumées, de nos actions présentes. Nous devons "voyager responsable", pratiquer "l'internet responsable", faire du "sport responsable", "étudier responsable", être "socialement responsable", et aussi, "consommer responsable" (et encore, je m'en tiens à la première page des réponses de Google à l'argument "responsable"). Génération responsable de tant de dérèglements, nous les enfants sans guerre, nous les papyboomers qui avons profité à outrance des Trente Glorieuses, des progrès de la médecine et des avancées de la science pour améliorer notre vie, notre confort sans pour autant nous inquiéter des conséquences de nos inventions, nous sommes taxés par la nouvelle génération, la génération responsable, de toutes les insouciances, imprudences, égarements et autres excès qui pèseront très lourd dans notre bilan civique, à l'heure du Jugement Dernier de la survie de La Planète. Qu'ils font, ces jeunes héros, tout pour sauver ! Voire ?! Car, même n'ayant pas connu les inconforts de notre jeune âge, désagréments que nous serions, nous au moins, encore capables de supporter, ils ne sont pas prêts à renoncer au monde douillet que nous leur avons concocté : ils font beaucoup de prosélytisme, mais n'appliquent toujours qu'une partie de leurs leçons de morale civique. Mais là n'est pas, aujourd'hui, la teneur de mon propos, et, comme souvent, je m'égare.
Capture d'écran d'un site qui explique comment les chinois arrivent à vendre leurs produits si bon marché... vous y découvrirez, entre autres, qu'ils ne savent pas calculer le prix de revient de leurs produits et oublient, tout simplement, d'y inclure les charges fixes ! Incroyable mais vrai pour certains d'entre eux, autodidactes et donc pas vraiment au fait du contrôle de gestion. Et surtout pas vraiment habitués à la propriété de leur outil de production. Je sens que je vais me lancer dans les cours particuliers de contrôle de gestion aux chinois !!
Je voulais rebondir sur la mise en cause, parfaitement légitime, de Pierre Eveillard quand il nous assène "Vous, clients, en êtes responsables", parlant de la difficulté qu'ont les artisans à survivre pour cause de détournement de la clientèle vers des produits importés, venant de pays à bas coût, et les privant, disent-ils, de débouchés locaux. Vrai, les produits importés sont honteusement bon marché et nous savons qu'une partie de notre confort actuel est imputable à cette main d'oeuvre bon marché qui nous assure des produits à des prix imbattables. Donc un confort de vie supérieur à ce qu'il serait si nous n'avions recours qu'à notre marché intérieur. Mais ces produits, sinon, les achèterions-nous pour autant à d'autres prix ? Est-ce vraiment un détournement ? Ou, comme je le crois, s'adressent-ils à de nouvelles clientèles qui n'auraient pas existé sans ces produits bon marché ?
Qu'en était-il autrefois ? Du temps de mon grand oncle, qui était vannier et tenait commerce (très lucratif) sur le boulevard Bayle à Marseille, le produit en rotin (on disait ainsi à l'époque, il y a environ 50 ans, oui oui !!) était considéré comme un produit "de luxe" : les fauteuils en osier, tables basses et autres balancelles s'achetaient après longue et mûre réflexion, une fois pour toutes, et on conservait ces produits toute sa vie. On les léguait même à ses enfants : vous vous voyez léguant des meubles aux vôtres, qui préfèrent Ikea et n'ont, de toute façon, pas la place pour stocker vos vieilleries démodées et poussiéreuses. Sauf, bien sûr, à l'état d'échantillon, à titre de curiosité, et à condition que l'objet ne soit pas trop encombrant. Ces vieux salons de jardin en osier, qu'on retrouve dans les bonnes maisons bourgeoises du début du XXème siècle, où on les conservait précieusement l'hiver à l'intérieur des communs ou, mieux, de l'orangerie, n'étaient pas pour la bourse du commun des mortels (dont nous sommes). Nous qui avons, pourtant, les moyens ou l'envie de changer notre ensemble de jardin tous les 5 ou 10 ans, selon notre sens de la mode ou de l'économie. Tout cela pour dire qu'il ne faut pas se leurrer : ce n'est pas parce que, grâce aux produits importés, une personne sur deux s'offre, actuellement, en France des produits en vannerie, qu'il en serait ainsi et qu'il s'agit là d'un marché potentiel. Si l'on n'avait que des produits français, on n'aurait plus alors qu'un acheteur sur 50 (mes proportions sont, vous l'avez compris, arbitraires et prises à titre d'exemple). Et il n'y aurait guère d'achats de renouvellement !
Je vais même faire de la provocation : parmi les acheteurs actuels de produits à bas coût, certains, lassés de la fragilité des objets en provenance d'ailleurs qui lâchent au bout de quelques mois d'existence, mais ayant pris goût à la vannerie, un jour, vont décider d'acheter un vrai et beau produit bien fabriqué, de qualité, ne regardant pas au prix, et admettant alors de le garder longtemps. Après avoir fonctionné à la pulsion d'achat, ils décideront d'acheter durable, raisonnable et se tourneront, naturellement, vers les professionnels que sont nos artisans. Et d'un acheteur sur 50, comme c'était le cas quand la vannerie était un produit "bourgeois", on est passé à un acheteur sur 20, grâce à ceux que le produit importé a convertis !
Et les paniers, me direz-vous, ce n'étaient pas des produits de luxe, tout le monde en avait ! Oui, certes, mais ma grand-mère, comme la vôtre (si vous avez mon âge, sinon il faut remonter à l'arrière-grand-mère), n'en avait qu'un, que vous avez jeté quand il a fallu vider sa maison, et que vous regrettez maintenant. Car vous en êtes à votre 10ème panier d'osier, les 9 précédents ayant perdu leur anse, s'étant troués, détressés, bref ont fini à la poubelle. Alors qu'envisagez-vous ? Soit vous êtes sensible à la mode, et vous aimez le changement, donc vous continuerez à acheter des "consommables" pas cher, qui viennent de Chine ou d'ailleurs, mais qui vous amusent le temps de les acquérir, soit vous allez voir monsieur Eveillard, et vous lui achetez un panier qui fera un aussi long et bel usage que celui de votre grand-mère ! Ainsi vont les choses, et si un jour votre anse se détresse, monsieur Eveillard la réparera. Car c'est le secret du succès du "made in France" : sa qualité doit être irréprochable, donc convaincante et le SAV doit suivre !
Attention ! Ne vous y trompez pas, l'un est "made in France" et l'autre "made in Monde"...
Je pense ici à mon amie Caroline qui, à chaque rentrée, cire soigneusement son ancienne "serviette" (encore un mot désuet que j'adore) et l'apporte régulièrement chez le cordonnier pour réparer ses petites blessures, et qui a l'intention de continuer longtemps ainsi ! D'autres préfèrent des attaché-case neufs chaque mois de septembre, quitte à ce qu'ils les lâchent en avril ! Et certains enfin, d'abord séduits par l'attrait de la mode, du bon marché et de la nouveauté, achèteront un jour une belle mallette en cuir, payée fort cher mais de bonne facture, et la garderont jusqu'à leur retraite ! C'est ce que fit Michelaise, après avoir porté ses livres en équilibre instable sur son bras pendant des années !! Mais Michelaise n'est pas loin de la retraite ce qui, désolée pour l'intéressée, n'est pas le cas de Caroline : va falloir soigner ton vieux cartable encore longtemps !
Un "vrai" vannier, selon le Musée Agricole
Il ne faut pas désespérer, monsieur Eveillard, du bon sens de nos concitoyens. Et même si certains d'entre eux sont attirés par les produits d'importation qui leur donnent, à bon compte, l'impression d'être plus riches qu'ils ne sont, car ils n'auraient pas eu les moyens de les acheter sans cela, tous les acheteurs savent apprécier la qualité et la souhaitent, dès lors qu'ils peuvent se l'offrir. Nous en avons tous fait l'expérience : quand nous trouvons un artisan qui fabrique beau et solide, nous savons reconnaître ses compétences et sommes prêts à "économiser" pour acquérir son produit : mais, avouez que mon propos est totalement désuet : pourtant c'est ainsi qu'on fonctionnait autrefois. On attendait parfois longtemps avant d'avoir les moyens d'acheter l'objet désiré. Notion qui fait, j'en suis certaine, sourire mes jeunes lecteurs s'il y en a sur ce blog ! Mais qui rappelle quelque chose aux autres ... Les modes de consommation ont changé, pas en bien je vous l'accorde, mais rien ne dit que ce soit inéluctable même si les sirènes du "pas cher qui ne dure guère mais qu'on a tout de suite" ont encore de beaux jours devant elles.
NOTE :
1- Je vous ai épargné la suite, l'article 1384 :
On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.
Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de l'immeuble ou des biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers, des dommages causés par cet incendie que s'il est prouvé qu'il doit être attribué à sa faute ou à la faute des personnes dont il est responsable.
Cette disposition ne s'applique pas aux rapports entre propriétaires et locataires, qui demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du code civil.
Le père et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ;
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs élèves et apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère et les artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées, conformément au droit commun, par le demandeur, à l'instance.
L'article 1385 : Le propriétaire d'un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est à son usage, est responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous sa garde, soit qu'il fût égaré ou échappé.
L'article 1386 : Le propriétaire d'un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle est arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction.
1386-1
Le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit, qu'il soit ou non lié par un contrat avec la victime.
1386-2
Les dispositions du présent titre s'appliquent à la réparation du dommage qui résulte d'une atteinte à la personne.
Elles s'appliquent également à la réparation du dommage supérieur à un montant déterminé par décret, qui résulte d'une atteinte à un bien autre que le produit défectueux lui-même.
1386-4
Un produit est défectueux au sens du présent titre lorsqu'il n'offre pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre.
Dans l'appréciation de la sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre, il doit être tenu compte de toutes les circonstances et notamment de la présentation du produit, de l'usage qui peut en être raisonnablement attendu et du moment de sa mise en circulation.
Un produit ne peut être considéré comme défectueux par le seul fait qu'un autre, plus perfectionné, a été mis postérieurement en circulation.
1386-8
En cas de dommage causé par le défaut d'un produit incorporé dans un autre, le producteur de la partie composante et celui qui a réalisé l'incorporation sont solidairement responsables.
Bref, on a soigneusement légiféré sur la question de savoir qui est responsable de quoi ! Vous avez intérêt à surveiller votre chien, vos gosses, votre toiture, votre voiture et même votre belle-mère, si vous ne voulez pas vous retrouver ruiné !
Aïe... cette lecture du code me sape le moral déjà que je suis coupable de la colonisation, de la traite des noirs,de la guerre de 100 ans et même d'avoir fait mangé la pomme à Adam à ce point qu'elle lui est restée en travers de la gorge !
RépondreSupprimerRuinée et bientôt en prison ...
je n'ose vous souhaiter une belle journée ;_(
Tu résumes parfaitement notre "époque moderne" Josette ! Damned...
SupprimerBon, je suis encore à peu près jeune mais j'ai remplacé avec grand plaisir certains meubles ikéa achetés à mon installation à Paris par des meubles de famille ou une bibliothèque sur mesure. Cela étant, il faut bien avouer qu'ikea est souvent plus adapté aux appartements modernes que le colossal buffet de mes grands-parents ;-)
RépondreSupprimerEt voilà Blandine, simple question de bon sens... on ne va pas contre le sens du temps ...
SupprimerVive Ikea ???
Le panier que je mets sur mon vélo, pour aller au marché, à été fabriqué par un vannier de Meursac, il y a longtemps. Il n'est pas en osier, un matériau inconnu beaucoup plus grossier. Voit-on encore des "romanos", qui vendaient leur production?
RépondreSupprimerAh oui, ceux qu'on voyait en train de tresser sur le bord des routes ? Le dernier que je voyais en allant en Dordogne, toujours au même endroit, a disparu depuis une dizaine d'année. Il est peut-être en branches (je n'ose dire cep car le cep c'est gros) de vigne ton panier ??!! Cela ferait couleur locale
SupprimerUne ou deux fois par an, un marchand passait qui proposait fauteuils , mannes et paniers en osier.Et te lisant, je me dis que c'est fini depuis un moment et que je n'y ai pas pensé.C'est ton billet qui rafraîchit mes souvenirs.Dans la famille, on a pratiqué avec succès l'art du cousu main, du fait maison, du bricolage, etc.J'ai , sans même vraiment y réfléchir, continué la tradition confectionnant mes vêtements, cuisinant pour la famille, etc.etc..j'étais et je suis toujours une femme au foyer et l'entretenir et le faire vivre c'était en quelque sorte un artisanat de qualité et peu coûteux.:-))Acheter responsable, oui, 1000 fois oui mais comme me le fait remarquer ma fille cadette pour qui chaque euro a son poids: pour acheter responsable il faut en avoir les moyens.Et puis, reconnaissons que les goûts de "nos jeunes" ne sont pas forcément les nôtres et qu'ils sont facilement attirés par ce qui brille et qui est bon marché.J'espère simplement que leurs goûts auront évolué quand le moment viendra de décider quoi faire avec mes porcelaines , mes tableaux...etc :-))))
RépondreSupprimerTon amie et sa serviette m'ont fait sourire car ici le rituel était le même.Au début de notre mariage, et je ne sais plus à quelle occasion, belle-maman offrit à chacun de ses hommes ( son mari et son fils) la même nouvelle serviette . C'était un achat "responsable" et "commenté".A chaque rentrée des classes, mon mari me faisait cirer cette serviette qui lui fit bon usage tout au long des années suivantes.Elle est toujours là...dans un coin du bureau.C'était du solide !Belle maman , fille de marchand de draps, regardait à ses sous mais connaissait la valeur et la longévité de la qualité.
J'adore ton dernier paragraphe : il illustre exactement ce que je voulais dire et qui, à l'époque, était normal voire souhaitable. On était ainsi et nul ne se serait permis de railler ce comportement.
SupprimerQuant à ton "Et te lisant, je me dis que c'est fini depuis un moment et que je n'y ai pas pensé." j'ai pensé exactement la même chose en lisant le commentaire de Noune... mais en fait, ce "romano" tel qu'on osait les appeler alors, qu'est-il devenu ?? je n'ai même pas réalisé que je ne le voyais plus !!
Coucou comme F je ne suis pas mort mais un peu trop en roue libre !!! Ton article est très pertinent comme d'habitude. Je vais le transmettre à Carole...la potière.
RépondreSupprimerAh le souvenir des fauteuils en rotin et des paniers d'osier, j'ai encore celui de mon arrière grand-mère servant à porter ou rapporter les volailles du marché...
A bientôt je vais être à nouveau plus fidèle !!!!
Alors Robert, si tu as toujours le panier de ton arrière grand-mère, il faut le raviver et aller acheter tes oeufs au marché avec... je n'y mets que des oeufs par prudence au cas où il serait un peu fragile, quelque chose de léger pour l'épargner !!
SupprimerJ'espère que Carole sera peu ou prou de mon avis : il ne faut pas diaboliser, simplement raisonner un peu !
Totalement désuète vous êtes chère Michemaise ! Vous faites référence à des articles qui ne sont pas d'achat journalier. Je vous suis dans votre argumentation et dans vos conclusions. Mais deux petites réflexions. Notre éducation n'éduque rien du tout et notre instruction n'instruit plus personne. Il faut réfléchir pour comprendre qu'à acheter 'pas cher' revient cher. Et tout est fait pour que nous ne réfléchissions pas. Avez-vous entendu cette info d'hier selon laquelle un tiers de la nourriture mondiale serait passée à la poubelle ? C'est la notion de pouvoir d'achat qu'il faut revoir. Parce qu'avoir du pouvoir d'achat pour mettre à la benne... ça donne l'illusion d'être riche et de vivre comme les riches... qui eux, ils l'ont bien compris, font tout ce qu'ils peuvent pour ne pas vivre comme des riches. Un simple manque d'éducation et d'instruction. "Six mois sous une benne" disait ma mère lorsque nous grognions sur un morceau de pain de la veille. Il est vrai qu'elle avait connu la guerre et les privations (ah les topinambours... devenus légumes de luxe de nos jours !).
RépondreSupprimerDésolé d'être totalement 'politiquement incorrect' mais j'essaye d'avoir, encore, quelque principes de vie.
Bonne journée.
J'adore être désuète cher Anonyme !!! et je crains, en prime, d'être aussi bloguistiquement incorrecte car il me semble que s'il s'insurge contre cette manie de nous dire responsables de tout, mon article ne contredit pas vraiment vos convictions !!
SupprimerVous touchez, avec cette réflexion concernant la nourriture gaspillée, à une de mes marottes, tout aussi désuète d'ailleurs : l'art d’accommoder les restes !! Au point que j'avais envie d'en faire une rubrique spéciale, qui pourrait se révéler utile car c'est un exercice qu'on a trop oublié ! Nous (enfin je vous donne très inélégamment mon âge, ne m'en veuillez pas mais votre quignon de pain me le fait supposer !!) sommes d'une génération étrange qui "ne jette pas le pain" !! Le mien, quand il est trop dur, nourrit des poules, et jeter un quignon à la poubelle est un geste dont je suis, allez savoir pourquoi, totalement incapable ! Incroyable tout de même...
Quant à "Notre éducation n'éduque rien du tout et notre instruction n'instruit plus personne" c'est un vaste "chantier" dont ce blog, parfois, se fait l'écho, sous diverses formes, rarement définitives, et jamais péremptoires !!
Pardonnez-moi Chère Michelaise.
SupprimerUne mauvaise manip, sans doute, à fait sauter mon nom. Vous avez sans doute reconnu Michel de Lyon. Je ne suis donc plus anonyme ! Et je suis plus âgé que vous ! Si je vous ai bien lu.
AH mais, il me semblait que c'était vous !! mais dans le doute... Mon âge Michel ? 59 ans à la fin de l'année, menacée par une "sexagénérisation" imminente !! Et mon sac de pain dur vient juste de partir "aux poules" !!! Et j'ai acheté quelques "dates courtes" pour le déjeuner de midi, mon fournisseur local pratique cette méthode simple, moitié prix le jour ou la veille de la date de péremption, cela vide les rayons et diminue d'autant le gaspillage !! Je soutiens ce type d'initiative et mon portefeuille s'en réjouit ! On en "nous" refera pas, n'est-ce pas ??!!
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