Un "art" tout modeste et plein d'humilité que je pratique à l'envi, adorant, je l'ai dit, utiliser les petits bols qui envahissent mon frigo avec une régularité déconcertante, et qui, à certaines périodes (surtout quand on reçoit des amis auxquels on ne peut décemment pas faire apprécier les arcanes de ce jeu familial d'un type très particulier) deviennent carrément envahissants. Il existait, dans ma tendre jeunesse, des livres, déjà démodés mais encore présents dans les foyers économes, portant ce titre désuet et pourtant prometteur : car bien qu'on ne pratiquât pas alors la langue de bois qui est à l'honneur de nos jours, on avait eu la délicatesse d'affubler une action aussi triviale que "l'accommodage" des restes, de la flatteuse qualification d'art.
Chaque jour a son lendemain
Pour le grand jour... le souci d'honorer des invités a incité la MAÎTRESSE DE MAISON à faire une ample approvisionnement de denrées diverses - suivant un menu soigneusement ordonnancé, et, assistée de son Livre de cuisine, elle s'est mise à l'oeuvre.
La courtoisie, la bonne humeur, ont accompagné les mets, rehaussés par les vins...
La courtoisie, la bonne humeur, ont accompagné les mets, rehaussés par les vins...
Mais là ne s'arrêtent pas les soins de la parfaite MAÎTRESSE DE MAISON.... Déjà, sa pensée vigilante cherche le meilleur parti à tirer des "dessertes" variées, sougneusement recueillies dans le garde-manger....
J'avoue avoir toujours trouvé farfelue l'idée d'en faire des recettes, tant il est vrai que que l'apprêt des restes est simplement question de circonstances : tout dépend de ce que l'on a dans son frigo, et il est particulièrement délicat de présenter les ingrédients de recettes dont, par définition, les éléments de base sont aléatoires et fluctuants. L'art d’accommoder les restes, c'est en fait celui de l'invention, de l’opportunisme, la cuisinière doit être flexible et inventive, et surtout ne jamais s'accrocher à une recette. D'où un illogisme total à vouloir mettre cela en coupe réglée.
Mais alors Michelaise, à quoi rythme ton article, sauf à nous dire pour la énième fois que tu éprouves un certain plaisir à te vautrer dans ce qui est franchement démodé... quoique... voire ?? on parle beaucoup en ce moment du souci d'éviter les gaspillages. On en parle, pour faire dans le socialement correct, mais on ne passe pas trop souvent à l'acte ! Qu'importe, j'ai décidé d'ouvrir, de temps à autre, une rubrique sur ce talent suranné, fleurant bon le "Larousse ménager" et de vous raconter, non des recettes, mais des possibles.
Mais alors Michelaise, à quoi rythme ton article, sauf à nous dire pour la énième fois que tu éprouves un certain plaisir à te vautrer dans ce qui est franchement démodé... quoique... voire ?? on parle beaucoup en ce moment du souci d'éviter les gaspillages. On en parle, pour faire dans le socialement correct, mais on ne passe pas trop souvent à l'acte ! Qu'importe, j'ai décidé d'ouvrir, de temps à autre, une rubrique sur ce talent suranné, fleurant bon le "Larousse ménager" et de vous raconter, non des recettes, mais des possibles.
J'avais dans mon frigo un petit reste de poisson en sauce curry : en l'espèce de la baudroie, un minuscule morceau de poisson, de ceux qu'on se déclare incapable d'avaler après en avoir englouti des quantités impressionnantes (c'est la nature du reste), accompagné d'une quantité respectable de sauce (crème curry) car la cuisinière avait prévu large pour assurer la cuisson de son poisson. On jette ? Mais non, petit bol.
Le lendemain que faire de ce petit relief qui ne fait même pas une part, tant le morceau de baudroie est dérisoire ? En regardant l'environnement cette malheureuse "desserte", j'avise une plaque de saumon fumé dont la date limite flirte dangereusement avec la péremption. Alors, ce sera des spaghetti au saumon. Le fond de sauce (en fait n'importe quel reste de poisson, pourvu que sa sauce soit à base de crème) et son poisson minuscule, taillé en petits cubes... les tranches de saumon coupées en fines lamelles... et quelques épinards en branche trouvés dans le congélateur (encore un fond de sac... si vous n'avez pas d'épinard, vous aurez peut-être un ou deux poireaux ?? ou une courgette esseulée... en tout cas un petit légume, vert de préférence, à défaut deux oignons, seront les bienvenus), préalablement cuits et généreusement assaisonnés de beurre salé, même pas besoin d'ajouter quoi que ce soit d'autre. Si vous n'avez pas de saumon qui s'étiole dans le frigo, vous aurez peut-être des crevettes en voie de disparition programmée, ou une petite boîte de crabe, voire même une boite de thon, ou encore des bâtonnets de surimis qui dansent la gigue au fond d'une boîte et que vous taillerez en rondelles.
Une fois tout cela mélangé, cela a une allure peu engageante, un peu trop cantine. Voyons ?? le secret du petit reste, c'est la présentation. On va donc partager cette abondante sauce en deux, la première moitié servant à assaisonner les spaghetti, l'autre étant présentée en "rallonge" sur l'assiette : il s'agira forcément d'un plat unique. Pour que ce soit plus joli, un petit gratin sera le bienvenu.
Or, forcément, plus de chapelure dans le placard. Qu'à cela ne tienne ! On en fabrique une bien meilleure que celle du commerce avec du pain rassis : je vous rappelle que l'exercice consiste à accommoder les restes, alors ne soyons pas chien, du courage : on grille le pain et on l'écrabouille joyeusement dans un papier sulfurisé, bien épais, c'est juste pour le décor.
Voilà, l'affaire est faite, et, à la condition bien entendu que les pâtes soient parfaitement al dente, vous faites un heureux au retour du boulot !! Cette fois-ci, il n'y aura pas de restes ! Et on aura débarrassé un petit bol, terminé quelques grammes d'épinards, mangé un saumon qui n'avait pas un grand avenir devant lui et fait diminuer un peu le pain sec qui partira aux poules ! Temps de préparation très rapide, le plus long étant, pour une fois, la dégustation.
Article théoriquement dédié à Mandarine et Koka,
mais je suis persuadée qu'elles sont, en la matière,
bien plus imaginatives que moi :
elles ont été à l'école du petit bol très jeunes !!
Je suis souvent absente en ce moment et je t'avoues ne pas toujours tout suivre !
RépondreSupprimerToute la semaine nous avons eu droit dans différents journaux télévisés ou pas, à des reportages sur notre mauvaise habitude à mettre à la poubelle des aliments encore consommables.
De 20 à 30 kg (110 kg pour les franciliens) par an et par habitants dont 7 kg encore sous emballage !
De grands chefs vont parait-il nous apprendre à accommoder les restes.
A Nice sur le cours Saleya ils vont aller fouiller dans les rebuts de fin de marché et sous les feux des caméras nous apprendre à faire des plats quatre étoiles !!!!!
Tu nous prouves là (si besoin en est) que nous n'avons pas pour certaines besoin de leur conseils.
A part le surimi, (il me semble n'en avoir jamais acheté) j'adhère complètement à l'art d'accommoder tes restes.
Et ton assiette est très très appétissante .
Bravo !
Bises et bon dimanche
Merci Mireille de te réaction de "bon sens"... il eut été, dans ma jeunesse, impudent de jeter de la nourriture encore bonne à manger. Et comme on ne voulait pas forcément remanger le même plat, on accommodait. C'est ainsi que l'on déguste, je dis bien, déguste, souvent des préparations inattendues, délicieuses, voire meilleures que le plat principal, et en tout cas, toujours surprenantes. Pas besoin de donneurs de bonne conscience pour cela. Et si nos jeunes ne savent pas le faire, c'est que NOUS ne leur avons pas appris, par la pratique, l'art du petit bol !!
SupprimerJ'aime cet art d'accommoder les restes. Je dirais même que c'est une philosophie, dans notre société de gaspillage forcené.
RépondreSupprimerBon dimanche !
Merci Bonheur du jour et bienvenue sur Bon Sens ... à défaut d'être philosophe !!
SupprimerArticle très très sympa, et en plus utile et savoureux !
RépondreSupprimerJ'ai bien ri en lisant des "bâtonnets de surimis qui dansent la gigue au fond d'une boîte"...
Utile, tu es bien indulgente Siu... mais savoureux, certainement. Quant à ces malheureux bâtonnets de surimi, qui n'étaient pas du goût de Mireille, ils ont été cités pour dire qu'on peut ajouter ce qu'on a
SupprimerMoi j'ai un grand bol de légumes du pot au feu de midi carottes poireaux pommes de terre,du jardin qui plus est
RépondreSupprimerJ'attends tes suggestions
Merci
Je propose soit une salade avec moutarde et cornichons, et une ou deux tomates du jardin (il doit t'en rester)... ou alors, un plat de légumes au gratin : avec le bouillon, tu fais une "béchamel" (en fait tu fais un appareil de béchamel et, à la place du lait, tu mets du bouillon. Tu disposes tes légumes dans un plat allant au four, tu recouvres de ce bouillons épaissi, tu rajoutes de la chapelure et, éventuellement, selon tes goûts, quelques copeaux de beurre pour faire dorer, et au four ! Cela fait un excellent accompagnement de viande. S'il te reste du pot au feu froid, tu peux aussi mettre des tranches dans le plat, cela fera un plat complet ! J'en raffole...
SupprimerLa salade ne me tente pas trop car moutarde et cornichons me sont interdits.
SupprimerSinon je l'aurais faite c'était ainsi que ma mère accommodait les restes de pot au feu viande comprise.Et sans moutarde et cornichons les légumes sont un peu fadasses comme lavés.
Par contre je saute sur le gratin qui fera notre dîner du jour..Pas de beurre pour moi et la sauce blanche sera faite sur une base d'huile d'olive,pas de chapelure je pense on saupoudrera de parmesan au sortir du four;
Et pour rester dans l'idée "on ne jette rien" on commencera par un potage à base des fanes de carottes..
Hélas il ne me reste pas de viande les garçons et leurs copains ont tout mangé! J'étais surprise qu'il me reste des légumes du reste.
Merci pour cette bonne idée
Que ce soit Renoux ou 'les restes' tout est d'ans l'Art. Je pratique un peu votre technique du petit bol (heureusement qu'on a inventé le film étirable pour que cela ne se dessèche pas !). Si vous êtes prof... ce devrait être d'économie ménagère. J'ai retrouvé récemment le cahier tenu par ma mère lorsque, très jeune, elle suivait ce type de cours auprès de la Société d'Enseignement Professionnel du Rhône. Vous êtes trop dans la ligne... comme on dit aujourd'hui ! Quant aux suggestions pour Aloïs... tout simple. Surtout avec un pot au feu. Légumes taillés en petites rondelles (je sais, pour le poireau cuit c'est un véritable exercice de découpe) ; un oignon paille débité en fines rouelles, faire revenir sans coloration dans un mélange huile d'olive/beurre (du bon). Ensuite mettre les légumes pour réchauffer et grillage léger. Préparer pendant ce temps une belle omelette, détendre le mélange avec un peu de crème légère, saler, poivrer selon son goût et jeter tout ça dans la poêle qui grésille. En fin de cuisson passer une lichotte de beurre (Échiré, vous connaissez... forcément) pour faire briller la surface avant de servir bien chaud. Idéal pour une soirée d'automne. Le pot au feu ne doit pas se traiter trop snob, même si on l'a servi avec un Chambertin. Bon, d'accord avec vous, Michelaise, l'oignon, le beurre, tout le monde n'aime pas. Mais moi ! J'aime !
RépondreSupprimerBelle fin d'après-midi.
Maman ayant suivi les cours d'économie ménagère de la Loire, pas étonnant que tout cela soit proche ....
SupprimerJe lis avec plaisir votre proposition d'accommodement (c'est mieux qu'accommodage non ??), et j'envisage de vous embaucher pour la future rubrique de l'art en question !! Je reconnais avec émotion la lichotte de beurre, on est dans la vallée du Rhône et partage immodérément votre amour pour les oignons ! Je vais donc vous faire un contrat en bonne et due forme Michel.
PS pour les poireaux, je propose de les couper avec des ciseaux, tout simplement. Ce n'est peut-être pas très orthodoxe, mais sinon quel sport...
Mais je veux plus travailler moi !!! Pas de contrat... Je viens de pratiquer votre art pour diner : épinards à la crème (un restant) quelques chanterelles sautées au beurre dedans et un œuf cassé dessus. Vous voyez... pas à la hauteur que vous imaginez donc pas de contrat.
SupprimerMais je retiens votre suggestion de ciseaux pour les poireaux déjà cuits. Après la rubrique 'L'art d'accommoder les restes' une nouvelle rubrique à venir : 'Femme Pratique'. Heuuhhhh ???
Le trésor de la langue Française déclare 'Accommodage' vieilli et le présente comme associé à la préparation des aliments.
Accommodement serait en relation avec l'idée d'adaptation (A) ou bien d'accord par compromis (B) mais pas en relation avec la cuisine. Allons donc savoir...
Bonne soirée
Ah, je vois
Supprimer1) que vous vous défilez (encore un heureux retraité !! pourvu qu'on y arrive un jour...
2) que vous êtes un fin gourmet, gourmand... votre reste du soir, chanterelles à l'appui, m'a fait saliver
3) que vous vous révélez aussi un précieux auxiliaire pour le maniement de notre belle langue : je suis absolument RAVIE qu'accomodage soit déclaré vieilli, (j'en deviens snob à rechercher les mots vieillis, j'ai pour eux une réelle "tendresse") et me doutais bien qu'accommodement n'allait pas en l'espèce !!
Quant à Femme Pratique, je vous sens provocateur, mais je ne céderai pas et je ne vous la ferai pas suffragette ! Un ami m'a un jour "fait" "le petit écho de la mode", pour railler gentiment la gentille feuille de chou que nous publiions à l'époque avec nos filles (voir sur la colonne de droite justement, j'ai décidé de les publier ces feuilles de chou qui ont précédé Bon Sens et Déraison). Alors, vous voyez, je suis aguerrie : ayant "subi" le Petit Echo de la Mode, je peux faire face sereinement à Femme Pratique !
Tu as oublié de préciser la raison de ces accommodations de restes.... est-ce parce que le plat prévu avait un peu beaucoup "accroché" ???
RépondreSupprimerOh Robert, tu trahis mes petits secrets de cuisine !! Encore que .... je crois que nous sommes nombreuses, par la faute de ce fichu internet, à cultiver l'enfumage de cuisine, le parfum de cramé et autres débordements dus à des oublis intempestifs ! J'ai même récupéré ma casserole !
SupprimerEn plus d'être érudite, prompte à rédiger, tu as beaucoup d'imagination Michelaise. Ton petit gratin de restes m'a mis l'eau à la bouche. Il ne te reste plus qu'à trouver un nom à ce petit sauvetage de fond de frigo qui est vraiment très appétissant... :-)
RépondreSupprimerJ'adore ton nom : sauvetage de fond de frigo !! disons SFF !!!
SupprimerFélicitations, Michelaise, pour cette idée de recette. Spaghetti, gratin, c'est parfait pour l'occasion. Avec d'autres restes, n'oublions pas l'omelette, la salade ou parfois même quelque potage.
RépondreSupprimerEn effet Anne ce sont les fondamentaux pour utiliser les restes tout en se régalant
SupprimerJ'aime bien l'école du petit bol !!!
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