jeudi 31 octobre 2013

PÉNATES D'ESTUAIRE


Dix jours à Rome, un luxe que nous n'avions pu nous offrir depuis longtemps : le luxe d'avoir le temps, de pouvoir visiter ce qui n'est ouvert qu'une fois par semaine de 15h45 à 17h15, voire, avec un petit coup de chance, ce qui n'est accessible que le dernier dimanche du mois entre 11 et 12 !! Le plaisir d'être "chez soi", de rentrer "à la maison", d'avoir ses petites adresses et ses commerces de référence. Le bonheur ineffable de voir l'escalier de la Trinité des Monts vide le matin... En un mot le confort de n'être pas totalement et exclusivement un touriste mais, au moins pendant quelques jours, un résident.
Et pourtant ... quel agrément de rentrer chez soi !! Retrouver ses petites manies, sa grande douche où l'on peut s'ébattre joyeusement, son lait ribot du matin, sa liaison internet qui fonctionne et surtout, surtout... le calme ! Nous sommes décidément des "ruraux" et l'agitation urbaine, après nous avoir fascinés en bons péquenauds que nous sommes, s'émerveillant de tout, curieux de voir tant de monde, extasiés devant l'animation et amusés d'un rien... toute cette effervescence permanente a fini par nous fatiguer. Les sirènes, les alarmes, les klaxons, les cris, la bousculade, point trop n'en faut et, au bout de quelques jours, on éprouve des envies de silence et de solitude.


Pourtant Rome est gourmande et, à défaut de lait ribot, on y trouve mille autres chatteries, d'ailleurs bien meilleures à déguster sur place !!! Oui, Rome est si belle... les couchers de soleil sur le Palatin ou du haut du Pincio sont encore plus beaux que nos variations de lumière sur l'Océan, pardon, je deviens lyrique, plus modestement sur l'Estuaire. Ces dix jours à Rome furent d'autant plus extraordinaires que le temps, estival, était de la partie. Le tout en une saison riche en lueurs magiques : de celles qui frôlent les pierres, les magnifient, rehaussent les contours et font de la moindre promenade un jeu d'ombre et de couleurs sans cesse renouvelé.
Mais que voulez-vous, sans doute ne sommes-nous pas de grands aventuriers, et le plaisir de retrouver nos pénates est chaque fois aussi fort : on se dit alors que tout ce bouillonnement que constitue inévitablement un voyage a quelque chose d'artificiel et que la sagesse voudrait qu'on sache se contenter de notre bel estuaire !! L'idéal étant, finalement, comme souvent, de pouvoir le quitter pour mieux le retrouver.


Quel bonheur de pouvoir, simplement, se perdre dans la contemplation du charmant bouquet composé par Madeleine à notre intention pour notre retour, les dernières fleurs d'un été qui fut généreux... en dégustant le délicieux petit dîner qu'elle avait composé à notre intention en prévision d'une arrivée tardive : les Pénates, que nous avons laissés à Rome mais retrouvés ici, étaient - cela tombe bien - chargés de la garde du foyer et plus particulièrement des biens, du feu servant à faire la cuisine, et du garde-manger !!! Avouez qu'en l'espèce, l'amitié est, comme les Pénates, un bien drôlement précieux ...

18 commentaires:

  1. A qui le dis tu ! quant au bouquet il faut dire qu' il est superbe et le plus extraordinaire c'est de le voire fleurir à cette saison !

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    1. Tu ne peux pas savoir combien cet arrangement, fait avec amour, m'a touchée !! je t'ai imaginée en train de le composer !! Merci encore...

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  2. C'est quoi ce billet qui fait la moue...
    C'est vrai au fond le plus grand plaisir du voyage n'est-il pas sa préparation, quand tout est évident et facile, l'imagination s'enflamme et on ne connait pas encore le mal au pied...
    Bon retour à la maison ici aussi le soleil est de la partie.

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    1. La préparation, le vécu puis la "relecture" et à cet égard, vivent les blogs. Contents de partir, ravis de revenir, en fait cela nous fait toujours cela !!! Bon soleil, ici c'est un peu gris mais l'horizon semble vouloir se dégager ???

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  3. Un billet qui me touche droit au coeur, et qui confirme :
    "casa dolce casa", et "chi trova un amico, trova un tesoro".

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  4. Bon retour, Michelaise!
    Pour vous, ;))) , le fameux poème de Du Bellay que nous avons toutes appris dans nos jeunes années :

    "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
    Vivre entre ses parents le reste de son âge !

    Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
    Fumer la cheminée, et en quelle saison
    Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
    Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

    Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
    Que des palais Romains le front audacieux,
    Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

    Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
    Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
    Et plus que l'air marin la doulceur angevine."

    J'espère que vous nous montrerez quelques images de votre séjour romain. Bon weekend !

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    1. Merci Anne, j'avais très précisément ces vers à l'esprit quand j'ai écrit ce billet ! Je voulais même tenter quelque chose sur le petit Liré et le mont Palatin, et grâce à votre intégrale (car il me manquait forcément quelques lignes dans ma petite cervelle trouée !!) cela va donner :

      Plus mon fleuve gaulois que le Tibre latin,
      Plus mon petit Meschers que le mont Palatin
      Et plus que l'air malsain la douceur girondine

      car l'air est sacrément pollué dans les villes !!!

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  5. Le bon-sens après la déraison, Michelaise. Le monde existe pour notre bonheur parfois, notre curiosité souvent, nos goûts artistiques, culturels et gastronomiques toujours. On peut le fréquenter c'est sûr. Mais, pleins d'âge et raison... quel plaisir que le retour à la maison ! Comme on comprend votre idée du 'chez-soi'.
    On vous souhaite un beau début d'automne à trainer dans des 'Jéva' et à regarder le temps passer ; .../ J'aime mieux le temps s'il se montre / que s'il passe en nous sans bruit / comme un voleur dans la nuit. (Jean Tardieu)

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    1. Un flux et reflux qui rythme agréablement la vie, vous avez raison Michel. Et vous voilà poète sur les rimes en "on".... j'en suis toute chose !!!
      Pour finir cette citation de Tardieu qui mériterait, à elle seule, tout un billet, mais je crois avec déjà glosé sur le temps, et Alter veille, il gronde quand je me répète... pourtant, ce temps, il nous titille tous et mérite qu'on s'y arrête un peu, parfois !!!

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  6. En te lisant je pensais moi aussi à te dire "Heureux qui comme Ulysse..." mais Anne y avait pensé avant moi! Je trouve que la vie est finalement bien faite qui nous donne envie tout à la fois de découvrir le monde et de rentrer avec bonheur chez nous. Comme une marée... Dans les bonheurs du retour j'espère que tu as mis au programme de nous montrer Rome comme une...Romaine que tu fus pour quelques jours!
    Bisous

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    1. C'est tout à fait cela, comme une marée. Heureux sommes nous d'avoir la possibilité de partir, et la joie de revenir !! Oui Marie Paule, dans les bonheurs du retour il y a celui d'écrire les billets pour raconter et surtout fixer dans la mémoire, les instants précieux et rares vécus à Rome. J'ai dit au moins trois fois à Alter hier, que je suis contente de revivre le voyage, sinon on oublie

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  7. Ici nous sommes généralement contents de partir mais toujours ravis de rentrer
    Et chaque fois nous disons" c'est bien agréable de retrouver son lit" chacun ses références toi la douche nous le lit mais la douche aussi!!!

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    1. Oh que si, le lit !!! Celui qu'on s'offre est toujours tellement plus confortable que ceux des locations, même s'ils sont convenables !! et puis, on est si bien sous SES plumes !!!!

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  8. Bonsoir Michelaise. Quelle jolie page, toute en douceur, en plaisir, plaisir du départ et joie du retour et surtout plaisir de découvrir les petites attentions de l'amie qui sait les menus gestes qui apportent un sourire dans la maison.
    J'ai trouvé ta page tendre et pleine de poésie... C'était très doux à lire, Michelaise.

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    1. Oui, tu as bien lu, tout y est dans ton analyse : "plaisir du départ et joie du retour et surtout plaisir de découvrir les petites attentions de l'amie qui sait les menus gestes qui apportent un sourire dans la maison" !! Meric Oxy de trouver de la douceur dans ce billet

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  9. Flux et reflux, l'idée me plaît comme sur une île (dans mon billet sur Tatihou) et la mer revient toujours là où elle nous avait quittés...
    Retrouver aussi son jardin, sa chienne et ses chats...
    Et un quelque chose de plus qu'une fée aurait déposé en guise de "bon retour"

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    1. Oui Madeleine est une fée et retrouver son jardin, son "chez soi", ses animaux et ses amis (on s'est manqué !! oui oui) cela n'a pas de prix

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