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Jeune femme lisant ou La Dame au balcon est le portrait de l'épouse de l'artiste : Henry Ottman (1877-1927). Quoique né en France, Ottman s'installe au début du XXe siècle à Bruxelles où il fonde, avec d'autres peintres, l'Effort, un "atelier libre" pour artistes établis en Belgique. C'est à Bruxelles qu'il expose pour la première fois, en 1903, 3 vues de la gare du Luwembourg, exécutées sous le vent, le gel et le brouillard.
Une de ces toiles, étonnantes, est aujourd'hui au musée d'Orsay : il s'agit manifestement d'une toile réalisée ou au moins commencée, en plein air. Le peintre s'est placé sur un pont qui enjambe les voies et cette vue plongeante, où l'artiste joue avec la répétition du motif des rails, fait penser à Monet. Il participa d'ailleurs au Salon des Indépendants à Paris de 1905, au Salon d’Automne, au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts et exposa aussi au Salon des Tuileries à Paris.
C'est à Ixelles qu'il s'unit, le 22 octobre 1902 avec Marie Céline André Capron, dont il nous offre ici le grand portrait en pied, presque grandeur nature. Appuyée au balcon de fer forgé d'un élégant mais discret appartement bourgeois, la jeune femme est plongée dans son livre et ne regarde ni le peintre ni le spectateur. Le thème de la femme absorbée par la lecture est très prisé depuis le XVIIIe siècle et Ottman s’inscrit, par le choix de ce sujet dans une tradition classique qu'il revisite selon les critères de la jeune génération.
La porte-fenêtre est très largement ouverte sur un bouquet d'arbres aux teintes douces et printanières de jeunes pousses à peine écloses. La silhouette sobrement vêtue de blanc se découpe à contre-jour sur ce fond ensoleillé et le reflet de la jeune femme, visible dans la vitre de gauche, offre un "double portrait" de la jeune femme : celui du sujet est de face, alors que l'autre nous présente son joli profil.
Mais ce qui est intéressant dans cette toile, qui tient à la fois de la scène de genre, du portrait, du paysage tant l'extérieur entre dans la pièce, et de la nature morte, c'est justement la place très important réservée à cette dernière. Occupant une partie majeure de la composition, en fait toute la moitié basse du tableau, elle s'organise sur une table d'amoureux, où la serviette négligemment posée sur le rebord de la nappe, évoque le repas qui se termine. Deux tasses à café, une assiette de fruits confirment ce moment du repas : le peintre, saisi par la beauté de son épouse dans cette lumière vibrante, a jeté sa serviette, poussé sa chaise, abandonné son café et, installant Marie Céline sur le balcon, il s'est emparé de ses pinceaux pour brosser à grands traits ce délicieux instant d'intimité.
Et pourtant, cette nature morte à la coupe de fruits, n'a rien d'improvisé : elle se présente selon un schéma très étudié, travaillé et peut se lire comme un hommage à un confrère admiré, Cézanne. Tout y est : les couleurs, plus franches que le reste du tableau, font des taches vives qui isolent le sujet comme pour une mise en abyme ! La perspective relevée, tout à fait dans l'esprit du maître d'Aix, met en valeur ces objets qui accrochent la lumière. Au fond, la composition est fermée par un bouquet de lilas, dont le feuillage se confond avec la ramure extérieure. Au centre, le compotier est empli de fruits mûrs, aux formes indécises : pommes ou pêches selon la saison. Sur l'assiette, quelques fruits éclatés, qu'on peut imaginer être des figues.
A droite, une bouteille de vin à moitié vide, se cache à moitié derrière une petit bouquet de roses pompon, aux teintes douces. Le traditionnel couteau propre à tout nature morte XVIIe qui se respecte, est posé bien en évidence près de la miche de pain aux reflets dorés. Le soleil joue sur les objets, en en faisant jouer la transparence et leur donnant un relief décidé.
Un vrai tableau dans le tableau que cette nature-morte très vivante, tant on y sent encor la présence des convives. A l'instar des objets abandonnés qui évoque encore la main des dîneurs qui les maniaient il y a un instant, à peine.
Mais le plus "impressionniste" de tout est la gamme chromatique subtile élaborée par le peintre : alors que tous les éléments représentés ici sont, par nature, blancs, la robe, la nappe, la vaisselle, et même le bouquet de lilas, l'artiste joue pour les rendre sur toute une palette de nuances tendres, du vert au bleu, avec des traces mauves ou roses par endroit, transformant cet univers immaculé en une joyeuse et tendre symphonie pastel.
Une de ces toiles, étonnantes, est aujourd'hui au musée d'Orsay : il s'agit manifestement d'une toile réalisée ou au moins commencée, en plein air. Le peintre s'est placé sur un pont qui enjambe les voies et cette vue plongeante, où l'artiste joue avec la répétition du motif des rails, fait penser à Monet. Il participa d'ailleurs au Salon des Indépendants à Paris de 1905, au Salon d’Automne, au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts et exposa aussi au Salon des Tuileries à Paris.
C'est à Ixelles qu'il s'unit, le 22 octobre 1902 avec Marie Céline André Capron, dont il nous offre ici le grand portrait en pied, presque grandeur nature. Appuyée au balcon de fer forgé d'un élégant mais discret appartement bourgeois, la jeune femme est plongée dans son livre et ne regarde ni le peintre ni le spectateur. Le thème de la femme absorbée par la lecture est très prisé depuis le XVIIIe siècle et Ottman s’inscrit, par le choix de ce sujet dans une tradition classique qu'il revisite selon les critères de la jeune génération.
La porte-fenêtre est très largement ouverte sur un bouquet d'arbres aux teintes douces et printanières de jeunes pousses à peine écloses. La silhouette sobrement vêtue de blanc se découpe à contre-jour sur ce fond ensoleillé et le reflet de la jeune femme, visible dans la vitre de gauche, offre un "double portrait" de la jeune femme : celui du sujet est de face, alors que l'autre nous présente son joli profil.
Mais ce qui est intéressant dans cette toile, qui tient à la fois de la scène de genre, du portrait, du paysage tant l'extérieur entre dans la pièce, et de la nature morte, c'est justement la place très important réservée à cette dernière. Occupant une partie majeure de la composition, en fait toute la moitié basse du tableau, elle s'organise sur une table d'amoureux, où la serviette négligemment posée sur le rebord de la nappe, évoque le repas qui se termine. Deux tasses à café, une assiette de fruits confirment ce moment du repas : le peintre, saisi par la beauté de son épouse dans cette lumière vibrante, a jeté sa serviette, poussé sa chaise, abandonné son café et, installant Marie Céline sur le balcon, il s'est emparé de ses pinceaux pour brosser à grands traits ce délicieux instant d'intimité.
Et pourtant, cette nature morte à la coupe de fruits, n'a rien d'improvisé : elle se présente selon un schéma très étudié, travaillé et peut se lire comme un hommage à un confrère admiré, Cézanne. Tout y est : les couleurs, plus franches que le reste du tableau, font des taches vives qui isolent le sujet comme pour une mise en abyme ! La perspective relevée, tout à fait dans l'esprit du maître d'Aix, met en valeur ces objets qui accrochent la lumière. Au fond, la composition est fermée par un bouquet de lilas, dont le feuillage se confond avec la ramure extérieure. Au centre, le compotier est empli de fruits mûrs, aux formes indécises : pommes ou pêches selon la saison. Sur l'assiette, quelques fruits éclatés, qu'on peut imaginer être des figues.
A droite, une bouteille de vin à moitié vide, se cache à moitié derrière une petit bouquet de roses pompon, aux teintes douces. Le traditionnel couteau propre à tout nature morte XVIIe qui se respecte, est posé bien en évidence près de la miche de pain aux reflets dorés. Le soleil joue sur les objets, en en faisant jouer la transparence et leur donnant un relief décidé.
Un vrai tableau dans le tableau que cette nature-morte très vivante, tant on y sent encor la présence des convives. A l'instar des objets abandonnés qui évoque encore la main des dîneurs qui les maniaient il y a un instant, à peine.
Mais le plus "impressionniste" de tout est la gamme chromatique subtile élaborée par le peintre : alors que tous les éléments représentés ici sont, par nature, blancs, la robe, la nappe, la vaisselle, et même le bouquet de lilas, l'artiste joue pour les rendre sur toute une palette de nuances tendres, du vert au bleu, avec des traces mauves ou roses par endroit, transformant cet univers immaculé en une joyeuse et tendre symphonie pastel.
Il y a aussi, bien sûr, plusieurs toiles importantes de Monet, qui fut un hôte des lieux et un fidèle de la région. Judicieusement disposées autour de la toile emblématique du musée, une des multiples cathédrales du maître, on admire une jolie collection de Renoir, Sisley, Pissaro, Caillebotte et autres représentants éminents du mouvement impressionniste français.
FIN DU MUSÉE DE ROUEN
Mais qu'est-ce qu'il n'est pas capable de dénicher et donc de nous faire découvrir ton super-coup d'oeil Michelaise, pour se taire de la finesse de plus en plus perçante des analyses que tu partages avec nous, par mon plus grand plaisir... Alors que je crois que ce tableau d'Ottman, et bien je ne l'aurais probablement meme pas remarqué ! Et pourtant grace à ton article je trouve qu'il est simplement extraordinaire...
RépondreSupprimerEncore une fois : MERCI !
Trop gentil à toi, Siu : en fait c'est la magie des blogs, on a l'oeil qui se fait plus curieux : l'idée était que tout le monde connait les cathédrales de Monet, alors pour éviter les redites, il fallait regarder les "petits" impressionnistes" de plus près !!
SupprimerTu as vraiment l'art et la manière de décomposer, de décortiquer, de détailler un tableau !!!
RépondreSupprimerA me concentrer sur celui-ci, je ne me souviens plus des autres de cette exposition!!!