PONT DES ARTS : LE POIDS DE L'AMOUR

La "nouvelle" du matin, un Lundi de Pentecôte dont on ne sait plus trop bien s'il est férié ou non et qui amène sur nos côtes de hordes de citadins en quête de soleil, la "nouvelle" du matin disais-je, est tombée, dramatique : une grille du Pont de Arts s'est écroulée sous le poids des cadenas qui l'encombraient. Un petit relent de marronnier de l'été anticipé : vous imaginez combien les journalistes s'en donnent à cœur joie sur le thème du "cadenas d'amour" : le symbole de l'attachement éternel, les couples extatiques s'embrassant après avoir jeté la clé par-dessus leur épaule, le poids (1) de ces petites choses qu'on vous vend à prix d'or à proximité du lieu ou qu'on fait spécialement graver à ses noms et serments éternels avant de faire le voyage... tout cela vous fournit du papier à moindre frais (la preuve, mon article !!), et pour le plus grand bonheur du lecteur badaud en week-end prolongé.

Je vous les ai mis, à peu près, dans l'ordre de préférence des internautes, du classique amour éternel qui décroche la 1ère place à l'évocation de la suite prévisible de cet amour, en passant par de joyeux aphorimes et des portraits émus !!

On découvre même à cette occasion qu'un jeune étudiant a passé des heures carrées à les photgraphier tous pour créer un site, ­Lovelocks, qui propose les 40.000 cadenas du pont des Arts et les 17.000 de celui de l'Archevêché. Vous cliquez sur une des parties du Pont choisi, et vous arrivez sur la photo individuelle de chacun de objets fétiches : vous pouvez retrouver le vôtre, car bien sûr vous en avez laissé un (ou plusieurs), vous pouvez (ce malheureux garçon ne fournit pas et il a besoin d'aide) envoyer deux photos du dernier que vous venez de poser, et il vous est même possible de voter pour celui que vous trouvez le plus "beau", autant dire le plus kitsch !!
Et chacun y va de sa proposition : de la fermeture et l'évacuation du Pont pour mesure de sécurité (vous remarquerez tout de même que, derrière la grille subsiste, bien solide, la rambarde "normale" qui, partout ailleurs, protège parfaitement les passants de la chute dans la Seine) aux lamentations sur l'interdiction possible de ces preuves éphémères d'amour éternel, tout le monde a son avis sur la question. Certains veulent débarrasser le tablier de ces anodins mais pas toujours sans danger (??!!) petits signes de la "connerie humaine", d'autres vont même jusqu'à lancer une pétition pour sauver les ponts et site historiques de Paris, d'autres enfin se lamentent sur la disparition possible de cette "innocente coutume" qui est apparu vers 2008 et qui, depuis lors n'a cessé de faire tâche d'encre sur tous les ponts de Paris (2), et, maintenant, du monde entier. Les "autorités" y vont de leur déclaration "politiquement correcte" afin de ne froisser personne : c'est ainsi que madame Hidalgo a invité Bruno Julliard à "ouvrir une réflexion afin de proposer des alternatives artistiques, solidaires et écologiques". "Notre stratégie, déclare l'adjoint chargé de la Culture, n'est pas de suivre une démarche punitive qui ne fonctionnerait pas, mais de proposer une voie alternative. Nous allons lancer un appel à projet destiné aux artistes." Et nous voilà partis pour un nouvel happening, standardisé, encadré, muselé, comme si la mode en question n'était déjà pas horriblement convenue !

Illustration tirée de Gens de Vienne et fantômes de Venise se retrouvent un soir à Trieste pour fêter la fin du monde, de Régis Franc et Jean-Marc Terrasse, édition Autrement 1985

Vous me direz, à raison, que ce genre de pratique du gri-gri n'a rien de bien neuf, et qu'il en va du fétichisme et autre ritualisation de l'espoir d'un amour éternel comme de la nature humaine : ils sont irrationnels, intarissables et, toujours, inventifs. Quoique contradictoires ; car un des grands, et seuls, problèmes de ces cadenas d'amour n'est ni leur poids, ni leur grégarisme, ni même leur manque d'esthétique : c'est de savoir comment, une fois qu'on s'est lié pour la vie par un anti-vol aux allures un peu industrielles et, forcément, redoutable, on peut se tirer de ce mauvais pas !!! (3)

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(1) L'amour pèse lourd. Plus de 700 kg de cadenas : c'est ce qui se trouvait sur la grille de 2,40 m qui s'est effondrée sur le pont des Arts, dans l'après-midi du dimanche 8 juin à Paris. (selon France TV Info dont la vidéo vaut son pesant de cacahuètes, on y aperçoit la planche qui a remplacé la grille défaillante, devant laquelle on devine quelques bougies allumées sans doute en mémoire des cadenas partis à la déchetterie !!)

(2) La passerelle Léopold-Sédar-Senghor, en face du musée d'Orsay, est touchée, comme les statues du pont Alexandre-III qui sont affublées d'antivols. En tout, onze ponts sur la Seine sont affectés, jusqu'à la passerelle Simone-de-Beauvoir (12e-13e). Le phénomène s'étend : la grande passerelle des buttes Chaumont, la flamme de l'Alma, les grilles du belvédère du Sacré-Cœur… Trois passerelles du canal Saint-Martin en comptent chacune entre 200 et 300. Même le pont tournant de Crimée, sur le canal de l'Ourcq, dans le nord de Paris – zone peu touristique –, compte à présent une dizaine de breloques en acier. Seuls ceux accrochés à la tour Eiffel sont retirés aussitôt.  (selon le JDD)

(3) Il y a 7 ans environs, j'avais 15 ans à l'époque.. J'étais en amour avec un garcon qui ne savait pas trop ce qu'il voulait. Alors, avec mon innoncence, j'avais fait un rituel d'amour ( Une chandel rouge, avec son nom d'écrit sur la chandel et des aiguilles mit sur chaque lettre de son nom.. et je lisais une petite prière ). 3 semaine après, nous étions officiellement en couple pour 4 ans. 
Maintenant, sa fait 2 ans que nous sommes plus ensemble. Nous avons réessayer pendant 8 mois, mais sans succès. Ce que j'aimerais savoir est pourquoi que j'ai vraiment de la difficulté à l'oublié.. je rêve constamment a lui, très difficile pour mois de rencontrer des nouveaux garcons parce que j'ai toujours lui dans la tête etc. Pourtant, on sait fait tellement mal, qu'on devrait se détesté tout les deux. 
 Ce que je trouve un peu bizzard aussi, c'est qu'il revient souvent en me disant qu'il ne comprends pas, qu'il pense toujours a moi, rêve de moi aussi, cependant il est incapable de revenir avec moi (tout comme moi enfait) Pourriez-vous m'expliquer si cela est du au rituel, ou tout simplement parce que nous avons de la difficulté a décrocher du premiere amour ?? et si c'est du au rituel, quelqu'un a quelque chose pour arrêter cela, parce que c'est difficile sur le moral.  Citation in extenso, orthographe comprise, d'un fil du très sérieux forum Doctissimo, auquel je vous renvoie pour les réponses, car j'avoue n'avoir pas le courage de vous les infliger ici !!