lundi 8 décembre 2014

UNE FAMILLE DE PEINTRES ROMAINS : LES LOCATELLI

Raffaello et Stefano Locatelli devant leurs auto-portraits

Une affiche "Mostra : I Locatelli" , devant un porche... je dis à Alter "Tiens, si on allait voir, c'est peut-être un mouvement pictural comme les Macchiaioli ? Cela peut être intéressant". Il ne s'agit pas d'un mouvement mais d'une famille. Et ce fut une vraie découverte.


Giuseppe Locatelli, dit Steenì (? - †1917) : les informations relatives à Giuseppe, le fondateur de la boutique familiale, sont rares. Peintre et peintre décorateur, il est sous le surnom de "Steenì"  à cause de l'habitude qu'il avait d'appeler affectueusement tous ses collaborateurs par cette appellation dialectale, équivalente à "Stefanino". Dans sa boutique deux fils, Luigi et Giovanni Battista.

Luigi Lacatelli, dit Steeni II : décoration pour une chapelle 
(collection privée) (pas à l'exposition)

Luigi Locatelli, dit Steenì II (1883 - 1928) : fils aîné de Giuseppe, il hérite de son surnom. Il se forme à l'École d'arts appliqués à l'industrie Andrea Fantoni de Bergame, ainsi que dans la boutique familiale. Sa première oeuvre documentée date de 1914,  c'est une décoration d'église dans la région de Bergam. Il travaille ensuite dans l'église de Collepiano et, avec la collaboration de son fils aîné Romualdo, à celles de Villongo San Filastro, 1919, San Felice al Lago, 1922, Boccaleone, 1923, Ornica e Santa Brigida, 1924, Sovere, 1925. A coté de cette activité de décorations à fresque de monuments religieux, il réalise de nombreux tabealux de chevalet, paysages et natures mortes d'un vigoureux réalisme. En 1926-27, il décore l'église de Sant'Alessandro in Prezzate à Mapello, juste avant de faire une grave chute d'un échafaudage qui cause sa mort, en 1928.

Giovanni Battista Locatelli (1884 - 1923) : fils cadet de Giuseppe, il exerce son activité de peintre décorateur pour des bâtiments religieux et privés, ses réalisations étant marquées par le goût liberty. Il est aussi un restaurateur apprécié. Son activité dans le cadre du théâtre de marionnettes enfin est assez importante et lui assure, dans ce domaine très particulier de la décoration, une réputation solide locale.

Luigi Locatelli, dit Bigi : autoportrait à la palette (collection privée) (pas à l'exposition)

Luigi Locatelli, dit Bigì (1904 - 1983) est le fils aîné de Giovanni Battista. Il fréquente avec son cousin Romualdo les cours de Ponziano Loverini à l'académie Carrara. Il n'a pas vingt ans quand il commence à travailler pour le galleriste Zecchini de Milan, mais sa veine artistique s'épuise rapidement. Vers 1930 il a une crise créatrice et s'établit à Paris avec son frère Ferruccio et son ami Giacomo Manzù, sans cependant retrouver une inspiration remarquable. Dix ans plus tard, il revient en Italie et s'établit à Bologne, où il se consacre à la restauration.

Ferruccio Locatelli (1906 - 1966) : second fils, et élève, de Giovanni Battista, il étudie avec Ponziano Loverini à l'Académie Carrara. Il expose dès 1929 à Bergame, puis part à Paris avec son frère Luigi Bigì et Giacomo Manzù. Rentré en Italie, il passe de Milan à Rome et, bien sûr, à Bergame en expérimentant de nouveaux langages artistiques, réalisant même des oeuvres dans le style de l'abstraction-lyrique.

Orfeo Locatelli, les cavaliers (pas à l'exposition)

Orfeo Locatelli (1919 - 2000) : après avoir reçu les premiers rudiments dans la boutique paternelle, le troisième fils de Giovanni Battista se forme auprès de Contardo Barbieri, toujours à l'académie Carrara. Dès 1939, il prend part à la première édition du "Prix de Bergame." En 1956, il réalise sa première exposition à la Galerie della Rotonda de Bergame, après avoir obtenu de nombreux prix nationaux. Passionné de musique, il joue du piano en composant aussi chansons et poésies. Il est professeur à l'École Fantoni, puis au Lycée Artistique jusqu'en 1977.

L'exposition était consacrée aux trois fils de Luigi Locatelli, dit Steenì II, de loin les plus talentueux.


Romualdo Locatelli (1905 - 1943) : c'est l'aîné. Il commence très tôt, nous l'avons vu, sur les échafaudages des chantiers décoratifs paternels. Après des études à l'École Fantoni, il devient l'élève de Ponziano Loverini à l'académie Carrara.

Oeuvre non présentée à l'exposition, mais dont j'aime énormément l'ambiance, le traitement et le sujet (bien que penché, il me semble clairement que le peintre représenté soit Romualdo), La Douleur met en scène avec une efficacité remarquable, dans un vibrant camaïeu de blancs et de noirs, les affres de la création artistique.

Le succès de son oeuvre La Douleur à la "Exposition triennale de sculpture et de peinture de l'académie Carrara" et à la "Biennale de Brera", lui permet de continuer ses études à Milan, tout en continuant à travailler dans l'atelier de son père. En 1929 il tient ses premières expositions personnelles à Bergame et à  Milan.


Puis il part s'installer à Rome, où il s'impose comme auteur de sujets exotiques (nous dirions orientalistes) et comme portraitiste.


A l'occasion de l'exposition de 1938 au Studio Jandolo de Rome, il obtient la commande officielle des portraits de Vittorio Emanuele et Maria Pia, descendants de maison Savoie.


En 1939 il part s'établir à Java, puis à Bali, où il acquiert une renommée internationale, dont témoigne l'exposition organisée en 1941 à la Doughtitt Gallery de New York. Durant la Seonde Guerre mondiale il part à Manille. Pendant l'occupation japonaise, le 24 février 1943, il disparaît sans lasser de trace durant une partie de chasse.



Cette mort romantique et précoce en fait un artiste particulièrement attachant : beau gosse, aventurier et surtout armé d'un pinceau très agile, il a laissé de nombreuses toiles qui méritent plus qu'un succès d'estime : il a un réel talent. La personne qui gardait l'exposition nous a dit qu'à Bali, où sont conservées nombre de ses œuvres, il atteint d'ailleurs des cotes impressionnantes.


Raffaello Locatelli (1915 - 1984) Fils de Luigi Steenì II, suit la même formation que ses cousins et que son frère (École Fantoni, boutique paternelle et Académie Carrare avec Contardo Barbieri. Il se présente aux différentes éditions du "Prix Bergame" dès 1939, et obtient le premier prix en 1946 avec le Christ aux outrages, et expose, toujours à Bergame, en compagnie de son frère Stefano à la Galerie Tamanza.


Essentiellement peintre de chevalet, il est paysagiste et portraitiste, obtenant de nombreux prix et faisant une carrière très honorable. J'ai, vous l'avez déjà compris, nettement moins aimé sa peinture que celle de son frère aîné. J'ai choisi pour l'article les deux toiles de lui qui me parlaient le plus, son autoportrait et cette femme enceinte à l'air las et à la moue boudeuse.


Stefano Locatelli (1920 - 1989) : le petit dernier (c'est le plus jeune des frères, mais aussi de tous les cousins) va, quant à lui, mener une carrière légèrement différente, puisqu'il deviendra sculpteur et, à ce titre, connaîtra un succès important. Il reçoit ses premiers enseignements de son frère Romualdo. Mais rapidement, il rentre dans l'atelier de Gianni Remuzzi, ce qui le dirige vers la sculpture. Il fréquente ensuite l'académie de Vérone. Après plusieurs expositions, il se consacre à la réalisation de commandes publiques, souvent religieuses.

Raffaello Locatelli dessinant le pape Jean XIII, pour la statue qu'il en réalisa ensuite.

Ses oeuvres les plus connues sont le chemin de Croix pour la basilique San Martino à Alzano Lombardo, commencée en 1953, la statue monumentale de Jean XXIII pour le séminaire de Bergame, 1965-1968, le Monument aux morts de Cisano Bergamasco, 1968. En 1966, il se voit confier la chaire d'orné et de modelés au Lycée Artistique d'Etat de Brera, chaire qu'il occupera durant 12 ans. Ses sculptures nerveuses, très épurées et pourtant d'un grand classicisme, m'ont paru présenter une vraie personnalité.



Les photos qui ne proviennent pas de l'exposition ont été prise sur ce site.

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