L'exposition consacrée par le musée Maillol aux Borgia et leur temps, supposait, pour en suivre l'intention, qu'on connût le mieux possible l'histoire de cette famille scandaleuse et sulfureuse (1) qui compta deux papes, la mal-aimée Lucrèce, le trop violent César et même un saint, en bonne et due forme, le jésuite Saint François Borgia. C'est ce à quoi se consacrait la première salle, alignant chronologies et portraits plus ou moins avérés de tous ces personnages hors du commun.
Francucci Innocenzo dit Innocenzo da Imola
Portrait présumé de Vannozza Cattanei Première moitié du XVIe
siècle
Rome, Galleria Borghese
© SSPSAE e per il Polo Museale della Città di Roma
Cela permettait, à côté de quelques bustes un peu raides et pas toujours d'une grande facture, de découvrir la fort appétissante Vannozza Cattanei, née à Rome en 1442 dans une famille de la petite noblesse. Célèbre pour sa grande beauté, elle devint, très jeune, la maîtresse du cardinal espagnol Rodrigo Borgia, neveu du pape Calixte III. Ils eurent 4 enfants : César (vers 1475), Jean (vers 1476), Lucère (1480) et enfin Geoffroi (1492). Peu après la naissance de leur 4ème enfant, Rodrigo devint pape sous le nom d'Alexandre VI, et pour couvrir cette liaison scandaleuse, Vannozza se maria trois fois !! Ce portrait, incertain on l'a vu, représente la maitresse du pape à la fleur de l'âge, peinte dans un style raphaëlien, selon les canons de la mode de l'époque : vêtements aux couleurs vives et contrastées, épais cheveux blonds ramassés en un élégant chignon natté, boucles sages, au cou une simple chaîne en or et deux petites bagues. Autour de son poignet droit, roulé en deux rangs très épais, un bracelet en grosses perles de corail tranche sur toute cette respectabilité apparente : le matériau était, à la Renaissance, connu pour son pouvoir aphrodisiaque.
Altobello Melone
Portrait de Gentillhomme (César Borgia?)
1513
Bergame, Accademia Carrara di Bergamo
Une autre toile d'importance terminait cette nécessaire galerie de portraits, le grand ex-voto commémorant la victoire navale, décrite à l’arrière-plan, de Jacopo Pesaro, évêque de Paphos et commandant de la marine papale, sur les Turcs en 1502. La toile du jeune Titien, saisissant Alexandre VI au crépuscule de sa vie mais encore empreint d’une autorité toute impérieuse, est chargée de symboles et très descriptive. Pourtant, une certaine impétuosité dans le vent qui agite la bannière, la position relâchée de Saint Pierre, affirment déjà la personnalité du maître vénitien, qui sait répondre à un programme précis, tout en gardant sa verve.
Plus loin on pouvait admirer le très beau tableau d’Altobello Melone, représentant sans certitude César Borgia (2), représentation forte et mélancolique d’un gentilhomme du début de la Renaissance, peinte avec une vigueur naturaliste et une sensibilité coloriste digne des meilleurs peintres vénitiens contemporains. L'homme, jeune, les épaules face au spectateur, regarde fixement vers sa droite, à l'extérieur du cadre. Le cou, large et musculeux, jaillit du col bas d'une chemise brodée qui dégage le haut du torse. Le regard est vif, les lèvres sont minces et la main droite du jeune homme, petite, gainée dans un gant de chevreau blanc serré au poignet par un lac doré, est crispée sur ce qui semble être la garde d'une épée. Coiffé d'un élégant béret de velours vert foncé, orné sur le front d'un floc de fils d'or, et sur le côté d'une médaille d'or qui a beaucoup intrigué les chercheurs, le personnage arbore une chevelure mi-longue, dont les pointes semblent mouillées, comme s'il avait était arrosé par l'orage qui gronde au loin.
En effet, un terrible orage « à la Giorgione » balaye le fond du tableau, derrière l'homme, de sa droite à sa gauche. Sur fond de nuées bleuâtres, les branches issues d'un tronc d'arbre mort s'inclinent sous la bourrasque qui chasse devant elle deux personnages : une femme moulée dans ses jupes plaquées à son corps par l'ondée, et son compagnon, sabre au côté, qui se protège de son mieux avec un manteau dont les pans volent à l'horizontale devant lui. À droite du tableau, un paysage étrange où des vagues se brisent sur des blocs de rocher, à la base d'une falaise surmontée par un bâtiment à la masse solide dans les intempéries a fait proposer comme interprétation "l'intelligence et le sens moral fuyant devant l'ouragan des passions".
Tiziano Vecellio dit Titien - Le Pape Alexandre VI présente Jacopo Pesaro à Saint Pierre, 1502-1510
Anvers, Musée royal des Beaux-Arts
Une autre toile d'importance terminait cette nécessaire galerie de portraits, le grand ex-voto commémorant la victoire navale, décrite à l’arrière-plan, de Jacopo Pesaro, évêque de Paphos et commandant de la marine papale, sur les Turcs en 1502. La toile du jeune Titien, saisissant Alexandre VI au crépuscule de sa vie mais encore empreint d’une autorité toute impérieuse, est chargée de symboles et très descriptive. Pourtant, une certaine impétuosité dans le vent qui agite la bannière, la position relâchée de Saint Pierre, affirment déjà la personnalité du maître vénitien, qui sait répondre à un programme précis, tout en gardant sa verve.
Après cette première salle qu'on pourrait dire didactique, le parcours égrenait tout ce qui fit "le temps" des Borgia. Sciences, avec l'évocation de Léonard de Vinci qui travailla brièvement pour le compte de César Borgia et lui offrit ses services pour ses entreprises militaires, art de la guerre avec armures et arbalètes, littérature avec un exemplaire du Prince de Machiavel (3) et politique avec le marque mortuaire de Laurent le Magnifique, évocation des problèmes religieux durant le règne d'Alexandre avec le Portrait de Jérôme Savonarole par Fra’ Bartolommeo.
L'oeuvre, saisissante, peint avec brio le moine exalté condamné par Alexandre VI. Son profil se détache avec une précision extrême sur un fond sombre, la tête couverte d'une capuche noire découpant le visage avec acuité. Le regard brillant, le nez aquilin et la lèvre inférieure très sensuelle dessinent un profil hiératique à la manière des médailles antiques, admirablement modelé. Fra Bartolomeo prit l'habit dominicain après la mort de Savonarole dont il était un ferveur suiveur et ami, ce qui laisse penser que ce portrait, quoique funéraire donc réalisé après l'exécution du moine, brûleésur la Piazza della Signoria de Florence en 1498, est fidèle.
D'autres peintures, de Cranach en particulier, évoquent aussi l'humanisme avec le très beau portrait d'Erasme consultant une lettre de Thomas More par Quentin Metsys, ou la Réforme avec ceux de Martin Luther et de sa femme
L'oeuvre, saisissante, peint avec brio le moine exalté condamné par Alexandre VI. Son profil se détache avec une précision extrême sur un fond sombre, la tête couverte d'une capuche noire découpant le visage avec acuité. Le regard brillant, le nez aquilin et la lèvre inférieure très sensuelle dessinent un profil hiératique à la manière des médailles antiques, admirablement modelé. Fra Bartolomeo prit l'habit dominicain après la mort de Savonarole dont il était un ferveur suiveur et ami, ce qui laisse penser que ce portrait, quoique funéraire donc réalisé après l'exécution du moine, brûleésur la Piazza della Signoria de Florence en 1498, est fidèle.
D'autres peintures, de Cranach en particulier, évoquent aussi l'humanisme avec le très beau portrait d'Erasme consultant une lettre de Thomas More par Quentin Metsys, ou la Réforme avec ceux de Martin Luther et de sa femme
Tête d'apôtre par Melozzo da Forli - Musée du Vatican
La suite du parcours était dédié à l' influence des Borgia sur la création artistique dans l'Italie de leur temps. Les Borgia ont aussi joué un rôle certain dans l’intensification des relations artistiques entre l’Italie et l’Espagne, contribuant ainsi à diffuser l’esthétique de la Renaissance dans la péninsule ibérique. Ainsi, une Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste du peintre émilien Paolo da San Leocadio, qui se rendit à Valence où il reçut la protection du cardinal Rodrigo Borgia. À Rome, le pontificat d’Alexandre VI voit s’allumer les dernières lueurs d’une peinture encore très liée aux premières leçons du Quattrocento, avant l’affirmation quelques années plus tard de Michel-Ange et Raphaël dans la Ville éternelle. Antoniazzo Romano domine la scène romaine de la fin du XVe siècle dans un style encore archaïsant comparé à la production dominante de Florence ou Venise : son chef-d’œuvre, L’Annonciation avec le cardinal Juan de Torquemada et trois jeunes filles pauvres, signée et datée 1500 a été déplacé à l’occasion de Santa Maria Sopra Minerva, où je l'avais vue et commentée il y a peu ! L'exposition présentait en outre de nombreuses autres oeuvres de cette période, pas toutes franchement liées aux Borgia, mais cela permettait de s'offrir un petit panorama de l'art de la fin du XV en Italie.
L'avant-dernière section présentait l’art en Italie après les Borgia et était surtout orientée vers la "reconnaissance" de deux oeuvres attribuées à Michel-Ange, ce qui ajoutait un sous-titre alléchant à l’exposition,et avait l'avantage de donner des lettres de noblesse à ces attributions. Il y avait d'abord le Crucifix acquis en 2008 par l’État italien, créant une véritable polémique, relativement proche du Crucifix de Santo Spirito à Florence largement reconnu aujourd’hui comme une œuvre du maître. Mais, malgré l'évidente beauté de l'oeuvre, j'avoue n'avoir guère été convaincue par l'étiquette, lui préférant largement celui, modestement anonyme, de Rouen !!
Attribué à Michelangelo Buonarroti dit Michel-Ange ou à Bregno, Pietà, Dernière décennie du XVe
siècle
Terre cuite - Collection privée
En revanche, la Pietà en terre cuite apparue plus récemment, méritait en effet qu'on s’y attarde. La sculpture a été achetée en 2003 par son actuel propriétaire comme anonyme du XVIIe siècle. Encore polychrome, l’œuvre est confiée trois ans durant à une restauratrice qui se charge d’enlever plusieurs couches de peinture pour accéder à la terre originelle. La sculpture nettoyée laisse clairement entrevoir une réalisation de la fin du XVe siècle, donnée dans un premier temps à Andrea Bregno, sculpteur et architecte lombard particulièrement actif dans la Rome des dernières décennies du Quattrocento. Giuliana Gardelli, qui a proposé le nom de Bregno, considèrait la terre cuite comme une possible source d’inspiration pour la célébrissime Pietà de Michel-Ange. Puis, en 2010 Roy Doliner, écrivain passionné par la Talmud, ayant remarqué de possibles caractères hébraïques sur sa terre cuite, prononça le nom de Michel-Ange. L’écrivain effectua diverses investigations, croisant à la fois recherches classiques en histoire de l’art et savoirs talmudiques (4). Sa présentation au musée Maillol, permet de se forger une opinion à défaut de confirmer ou non la paternité de Michel-Ange. L'oeuvre est indéniablement belle, et, à défaut d'être définitive, l'hypothèse de Doliner séduisante !
Photo Connaissance des Arts
La dernière salle, consacrée à la fortune tardive de l'image des Borgia, était plutôt amusante. La mouvance romantique s’attacha très tôt à Lucrèce Borgia, moins manipulatrice que victime, héroïne d’une des plus célèbres pièces de Victor Hugo créée en 1833 et inspirant la même année un opéra de Donizetti. La fascination exercée par la fille du pape Borgia touche parfois au fétichisme, puisque la Pinacoteca Ambrosiana de Milan prétend conserver depuis au moins 1685 une mèche de la chevelure de Lucrèce (qui fit grand effet à Alter quand il la vit pour la première fois à l'exposition Pietro Bembo de Padoue). Entre attirance et répulsion pour des vices réels et des frasques supposées, l’intérêt pour les Borgia ne s’est jamais démenti, dans un mélange tapageur de sang et de sexe. Après le théâtre et le cinéma, Rodrigo, Lucrèce et les autres ont eu les honneurs de deux séries télévision diffusées dès 2011, une bande dessinée en quatre tomes (2004-2010) de Jodorowsky et Manara et même un manga, Cesare de Fuyumi Soryo, sans oublier le jeu vidéo Assassin’s Creed5. Cette conclusion en forme de clin d'oeil était, à mon sens, une excellente façon de terminer le parcours.
L'exposition a été sévèrement critiquée par certains pour son côté artificiel, et, de fait, les liens pouvaient parfois sembler ténus entre les œuvres exposées et l'intention affichée de la manifestation. Pour autant, pourquoi bouder son plaisir quand une exposition permet de voir ou revoir tant de chefs d'oeuvre qui, finalement, n'ont pas besoin de prétexte pour nous passionner ? L'ensemble était admirablement présenté, comme toujours au musée Maillol et c'était finalement oeuvre utile - même si l'on a bien compris que le nom des Borgia, accolé à celui de Michel-Ange étaient là pour attirer les badauds - de présenter cette famille et son influence sur son temps autrement qu'à travers des images télévisuelles souvent très approximatives (5).
L'exposition a été sévèrement critiquée par certains pour son côté artificiel, et, de fait, les liens pouvaient parfois sembler ténus entre les œuvres exposées et l'intention affichée de la manifestation. Pour autant, pourquoi bouder son plaisir quand une exposition permet de voir ou revoir tant de chefs d'oeuvre qui, finalement, n'ont pas besoin de prétexte pour nous passionner ? L'ensemble était admirablement présenté, comme toujours au musée Maillol et c'était finalement oeuvre utile - même si l'on a bien compris que le nom des Borgia, accolé à celui de Michel-Ange étaient là pour attirer les badauds - de présenter cette famille et son influence sur son temps autrement qu'à travers des images télévisuelles souvent très approximatives (5).
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Notes :
(1) Histoire de la famille Borgia, source La tribune de l'art :
D’origine aragonaise, la famille Borja s’affirme au cours du XVe siècle, dans le contexte de la reconquista de la péninsule ibérique. Évêque de Valence à partir de 1429, Alfonso s’attire les bonnes grâces d’Alphonse V d’Aragon puis devient cardinal en 1444, moment où son nom est latinisé en Borgia et il accède à la papauté en 1455, sous le nom de Calixte III. Son règne de trois ans, outre la révision du procès de Jeanne d’Arc et une tentative avortée de croisade contre les Ottomans, sera marqué par son népotisme. Calixte III reste l’un des tous premiers papes à favoriser ostensiblement sa propre famille pour assurer une continuité dynastique, à travers non seulement son fils naturel François, mais aussi et surtout deux de ses neveux qu’il nomme cardinaux - pratique qui restera en vigueur jusqu’au XVIIe siècle.
L’un de ces neveux n’est autre que Rodrigo Borgia, qui contribuera largement à la légende noire de sa famille. Venu en Italie grâce à son oncle, Rodrigo obtient en 1456 l’archevêché de Valence et le cardinalat, non sans susciter des remous dans le milieu romain. L’ambitieux se double d’un luxurieux : en 1470, deux ans après avoir été ordonné prêtre, il entame une liaison avec Vanozza Cattanei, aristocrate romaine qui lui donnera quatre enfants, puis en 1489 avec Giulia Farnèse (sœur du futur Paul III), dont naîtra une fille. La conduite peu compatible de Rodrigo avec les règles de l’Église catholique ne l’empêche toutefois pas d’accéder, comme son oncle Alfonso, au trône de saint Pierre sous le nom d’Alexandre VI. Son pontificat, de 1492 à sa mort en 1503, sera notamment confronté aux velléités du royaume de France sur l’Italie, auxquelles le souverain pontife répondra par la création en 1495 de la Ligue de Venise ; formée par la République Sérénissime, le duché de Milan, les États pontificaux, le Saint Empire et la Couronne d’Aragon, cette alliance conduira à l’échec de Charles VIII au cours de la première des guerres d’Italie. Alexandre VI dut également affronter Savonarole, ce moine dominicain qui institua un pouvoir religieux à Florence après la chute des Médicis en 1494. Lors de prêches particulièrement virulents, le prédicateur fanatique condamnait durement la papauté, qu’il considérait comme corrompue et dépravée. Pour des raisons tenant moins à la défense de la foi qu’au réalisme politique, Alexandre VI excommunia en 1497 Savonarole puis présida l’année suivante à son arrestation et son exécution. Ces épisodes historiques ont toutefois été largement éclipsés par la réputation sulfureuse du pape, où la glauque réalité se mêle à de sombres fantasmes : les textes de l’époque, et en premier lieu celui du maître de cérémonies du Vatican Johann Burchard, font état des largesses accordées par le pape à ses enfants naturels, mais aussi d’orgies au sensualisme extrême voire de pactes avec le diable… Cette notoriété contribua à renforcer les critiques sur le train de vie des dignitaires du Vatican, qui ne fut guère plus admirable après la mort d’Alexandre VI. Certains historiens considèrent même sa papauté comme l’une des causes profondes de la Réforme.
Deux des enfants de Rodrigo et Vanozza Cattanei passeront à la postérité, entourés de la même aura ténébreuse. Lucrèce Borgia demeure certainement le membre de la famille le plus injustement déconsidéré : mariée à trois reprises (d’abord à Giovanni Sforza par son père, qui annula le mariage après avoir abandonné son alliance avec Milan, puis à Alphonse d’Aragon assassiné par un homme de main de son frère César, et enfin à Alphonse d’Este, futur duc de Ferrare), elle servit passivement les intérêts des hommes de sa famille. Loin d’avoir menée une existence immorale, Lucrèce joua certainement un rôle de premier plan dans le développement des milieux humanistes ferrarais, notamment comme protectrice de Pietro Bembo.
La violence froide et calculatrice de César Borgia semble en revanche ne pas relever du mythe. Le meurtre de son frère aîné Jean en 1497, dont il put être soupçonné, lui permit de prendre la première place auprès du pape. Couvert d’honneurs ecclésiastiques par son père, César se détourna de la carrière religieuse pour embrasser celle des armes : désigné gonfalonier de l’armée papale en 1499, César obtint l’appui de Louis XII qu’il aida à reprendre Naples, et s’empara de places importantes en Romagne et dans les Marches. Ses ambitions politiques furent largement contrariées par la disparition d’Alexandre VI : Pie III, neutre vis-à-vis des César et sa famille, ne régna qu’un mois avant l’élection de l’ennemi juré des Borgia, le cardinal Giuliano della Rovere, sous le nom de Jules II. Ce dernier prendra rapidement les villes conquises par César, qu’il englobera dans les États du pape ou rendra à ses seigneurs. Privé de ses précieux alliés, César Borgia fut livré en 1504 à l’Espagne, qui revendiquait la possession de Naples au même titre que la France. Le chef de guerre parviendra à s’évader mais une embuscade en 1507 au siège de Viana, en Navarre, lui fut fatale.
Absents au musée Maillol car probablement trop sages, les descendants Borgia ne laissèrent pas une empreinte aussi forte dans l’Histoire, alors que s’affirmaient d’autres grandes familles dans la péninsule italienne. Le cardinal Hippolyte d’Este, fils de Lucrèce Borgia et d’Alphonse d’Este, mérite d’être cité comme commanditaire de la célèbre villa et ses jardins en terrasses à Tivoli. Doit aussi être mentionné saint François Borgia, petit-fils de Jean : nommé en 1539 vice-roi de Catalogne par Charles Quint, il entra en 1546 chez les jésuites dont il devint supérieur général en 1565, pour être canonisé en 1671.
(2) Le modèle semble à l'évidence âgé de 25 ans au plus et être dans la force de sa jeunesse, et le tableau parait avoir été peint autour de 1513, alors que César Borgia, usé par une vie agitée, était mort en 1507. Mais il est possible que Melone ait voulu peindre un Portrait de César Borgia à 25 ans.
(3) Gonfalonier de la République de Florence au début du XVIe siècle, Machiavel fut amené à croiser le chemin de César Borgia, dont la personnalité froide et violente lui inspira la rédaction du Prince, en particulier le chapitre VII, Des principautés nouvelles qu’on acquiert par les armes d’autrui et par la fortune. La pensée du stratège florentin qui n'a cessé d'alimenter la réflexion de tous ceux qui gouvernèrent, fut donc liée à l'observation de la personnalité pourtant très contestée de César Borgia.
(4) Dans Il mistero velato publié en 2010, Doliner confirma son attribution à Michel-Ange en s’appuyant sur l’iconographie (l’atmosphère néoplatonicienne d’une œuvre chrétienne intégrant un amour ailé aux pieds de la Vierge), les dimensions (la largeur de la base équivalent pratiquement à une brasse florentine), les archives (divers documents anciens citent une pietà en terre cuite de Michel-Ange) et le style (le travail de l’anatomie, et le visage du Christ qualifié de sémitique par Doliner). La thèse de Doliner a depuis été défendue par des personnalités aussi éminentes que Claudio Strinati ou Mina Gregori, et la Pietà montrée plusieurs fois au public sous le nom de Michel-Ange.
(5) Témoin cet article amusant qui commence par un sondage : "Où avez-vous entendu parler des Borgia pour la première fois ? 1) Ici, dans cet article 2) Grâce à une série télé", continue sur le même ton "Pour ma part, bien que les romans et essais abondent sur le sujet depuis longtemps, c’est grâce au jeu vidéo Assassin’s Creed II que j’ai découvert l’existence de cette famille. Ma rencontre avec Rodrigo Borgia s’est donc faite en jouant !", et se termine par une petite réserve "Entre réalité et fiction, ça sera à vous de faire le tri ou de laisser libre cours à votre imaginaire. Il faut néanmoins préciser que l’exposition comblera les amateurs d’Histoire mais frustrera peut-être les amateurs des séries télé" , avouant quand même au passage que "l’exposition met en valeur un point intéressant de la vie des Borgia. Ce que ni les séries télé ni les films ne mettent en valeur, ce sont en effet les liens que cette famille entretient avec les artistes de l’époque.". Les commissaires de "Les Borgia et leur temps" ont donc fait oeuvre utile, n'en déplaise aux puristes, assez savants, comme il se doit, pour pinailler sur les détails, ce qui est de très bon ton !!! Et qui ont la dent très dure ...
Il y a décidément un monde entre les critiques d'art, soucieux d'exactitude, difficiles à satisfaire et toujours prompts à montrer leur science - "Si l’exposition s’intitule bien « Les Borgia et leur temps », il est néanmoins déplorable que l’évocation de leur contexte s’éparpille et serve à combler un certain vide intellectuel." ou plus loin "La section censée parler de l’art en Italie après les Borgia défie la cohérence intellectuelle, avec un regroupement absolument incompréhensible." - et les visiteurs lambda, pas nécessairement férus d'histoire de l'art mais ouverts, et heureux, simplement, de découvrir des choses qu'ils ne connaissent pas. Témoin cette petite conclusion à l'article pré-cité :
J’ai aimé
-les textes explicatifs resituant les Borgia dans leur contexte géographique et politique
-la salle des portraits (impressionnante !)
-découvrir des artistes italiens que je ne connaissais pas
J’ai moins aimé
-l’absence de références aux séries télé, jeux vidéo et BD
-la foule (mais c’est une excellente chose que l’exposition attire autant)
-la salle de projection (extraits de films et de la série télé de Canal +) : le son était bas et les extraits trop courts.
(2) Le modèle semble à l'évidence âgé de 25 ans au plus et être dans la force de sa jeunesse, et le tableau parait avoir été peint autour de 1513, alors que César Borgia, usé par une vie agitée, était mort en 1507. Mais il est possible que Melone ait voulu peindre un Portrait de César Borgia à 25 ans.
(3) Gonfalonier de la République de Florence au début du XVIe siècle, Machiavel fut amené à croiser le chemin de César Borgia, dont la personnalité froide et violente lui inspira la rédaction du Prince, en particulier le chapitre VII, Des principautés nouvelles qu’on acquiert par les armes d’autrui et par la fortune. La pensée du stratège florentin qui n'a cessé d'alimenter la réflexion de tous ceux qui gouvernèrent, fut donc liée à l'observation de la personnalité pourtant très contestée de César Borgia.
(4) Dans Il mistero velato publié en 2010, Doliner confirma son attribution à Michel-Ange en s’appuyant sur l’iconographie (l’atmosphère néoplatonicienne d’une œuvre chrétienne intégrant un amour ailé aux pieds de la Vierge), les dimensions (la largeur de la base équivalent pratiquement à une brasse florentine), les archives (divers documents anciens citent une pietà en terre cuite de Michel-Ange) et le style (le travail de l’anatomie, et le visage du Christ qualifié de sémitique par Doliner). La thèse de Doliner a depuis été défendue par des personnalités aussi éminentes que Claudio Strinati ou Mina Gregori, et la Pietà montrée plusieurs fois au public sous le nom de Michel-Ange.
(5) Témoin cet article amusant qui commence par un sondage : "Où avez-vous entendu parler des Borgia pour la première fois ? 1) Ici, dans cet article 2) Grâce à une série télé", continue sur le même ton "Pour ma part, bien que les romans et essais abondent sur le sujet depuis longtemps, c’est grâce au jeu vidéo Assassin’s Creed II que j’ai découvert l’existence de cette famille. Ma rencontre avec Rodrigo Borgia s’est donc faite en jouant !", et se termine par une petite réserve "Entre réalité et fiction, ça sera à vous de faire le tri ou de laisser libre cours à votre imaginaire. Il faut néanmoins préciser que l’exposition comblera les amateurs d’Histoire mais frustrera peut-être les amateurs des séries télé" , avouant quand même au passage que "l’exposition met en valeur un point intéressant de la vie des Borgia. Ce que ni les séries télé ni les films ne mettent en valeur, ce sont en effet les liens que cette famille entretient avec les artistes de l’époque.". Les commissaires de "Les Borgia et leur temps" ont donc fait oeuvre utile, n'en déplaise aux puristes, assez savants, comme il se doit, pour pinailler sur les détails, ce qui est de très bon ton !!! Et qui ont la dent très dure ...
Il y a décidément un monde entre les critiques d'art, soucieux d'exactitude, difficiles à satisfaire et toujours prompts à montrer leur science - "Si l’exposition s’intitule bien « Les Borgia et leur temps », il est néanmoins déplorable que l’évocation de leur contexte s’éparpille et serve à combler un certain vide intellectuel." ou plus loin "La section censée parler de l’art en Italie après les Borgia défie la cohérence intellectuelle, avec un regroupement absolument incompréhensible." - et les visiteurs lambda, pas nécessairement férus d'histoire de l'art mais ouverts, et heureux, simplement, de découvrir des choses qu'ils ne connaissent pas. Témoin cette petite conclusion à l'article pré-cité :
J’ai aimé
-les textes explicatifs resituant les Borgia dans leur contexte géographique et politique
-la salle des portraits (impressionnante !)
-découvrir des artistes italiens que je ne connaissais pas
J’ai moins aimé
-l’absence de références aux séries télé, jeux vidéo et BD
-la foule (mais c’est une excellente chose que l’exposition attire autant)
-la salle de projection (extraits de films et de la série télé de Canal +) : le son était bas et les extraits trop courts.
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