samedi 14 juillet 2007

AVIGNON 13 juillet 2007

12h45 VERNISSAGE
Vaclav HAVEL

Un couple, Véra et Mickaël, invite Ferdinand, leur ami dissident, au vernissage du nouveau décor de leur appartement. S'accrochant au confort matériel,le couple conseiller et censeur, explique avec acharnement les "recettes" de la réussite, de l'amour, du bonheur. Pris dans des démonstrations frénétiques, les époux sont peu à peu, au bord de la crise. Que devient l'ami dissident? "On se construit chez soi un idéal pour survivre"

Un projet intéressant, monter le triptique de Havel (nous ne ver
rons malheureusement pas Audience qui ne commence que le 17 juillet). Une petite troupe du Lot et Garonne, qui fait déguster du vin de Duras en fin de spectacle, et surtout qui prend la peine de situer le contexte et l'auteur et surtout qui respecte le texte et le contenu. La mise en scène était peut-être un peu outrée sur le côté charnel du texte, mais c'est une critique mineure. La pièce est intéressante et le propos fort bien défendu. Demain nous irons voir Pétition.

15h PHEDRE

Jean RACINE


C’est une PHÈDRE très accessible et plus humaine, sensuelle, troublante, voluptueuse, qui désire charnellement Hyppolite. Elle est déchirée et cherche une approbation, un soutien et même l’absolution. Elle se sent persécutée sans jamais prendre sa destinée en main. Elle est tout simplement humaine : fragile et forte, passionnée et pleine de culpabilité … Chaque spectateur peut se reconnaître dans la contradiction de ses sentiments.

Attention pièce à haut risque ! Bien sûr on adore, Racine, et Phèdre aussi, mais voilà, il arrive qu'on dorme à Phèdre... C'est beau les alexandrins, superbe même, mais bon, la nature humaine est ainsi faite, ça berce... Et puis les tourments moraux qui agitent Racine nous sont un peu étrangers, enfin un peu lointain... Et si on dort à Phèdre, c'est la honte, on passe pour un inculte, un ignare, un pignouf. Ben voilà, on n'a pas dormi, pas du tout... C'était impeccale, la mise en scène était classique mais inventive, sans excès, sans affèterie, c'était vivant et respectueux des vers. Si Hypolithe n'était pas terrible, la nourrice était vraiment remarquable, elle ajoutait au texte une dimension personnelle sans le dénaturer. C'était vraiment un ensemble réussi, mais quelle garce cette Phèdre, on l'avait oublié (ou mal compris !)

18H30 LES JUSTES
Albert CAMUS
Autour de l’organisation d’un attentat, les membres d’un commando se déchirent. Dans un espace épuré, ils se livrent à un combat, une danse, où le blanc et le noir se mêlent, où leurs convictions s’effondrent. Terriblement actuel, le texte d’Albert Camus résonne comme un avertissement. Quatre femmes et un homme le disent et le chantent. Ils crient leurs contradictions, leur indignation de vivre dans un monde où « la terre est faite pour les riches ». Le chœur de leurs voix s’élève comme un plaidoyer pour la fragilité humaine, comme une invitation à l’espoir.

Pas de doute, les actrices jouaient bien et si la mise en scène était parfois un peu agitée, préparer un attentat ce n'est pas de tout repos et cela ne peut pas être une pièce intimiste. L'ensemble était donc propre, au service de Camus,
mais nous avons tous deux ressenti comme une vraie erreur cette inversion des sexes. Le texte de Camus est totalement déplacé dans des bouches féminines, et c'est un vrai contre sens de le faire dire par des femmes. Les femmes subissent la violence, et la combattent, et la déplorent, les femmes sont les témoins douloureux des contradictions macsulines. Elles ne peuvent personnifier ces excès, sauf, comme l'unique personnage féminin de la pièce qui finit par s'y résoudre par amour et par fidélité. Le contre-sens nous est apparu encore plus flagrant après la pièce suivante, tellement plus adapté aux mots des femmes.

20h15 LE SILENCE DES MERES
Pietro PIZZUTI
 
Comme une tendre radiographie d’une relation mère-fille, ce texte de l’auteur-comédien-metteur en scène Pietro Pizzuti nous entraîne avec subtilité dans la mise en crise du noyau familial. Une installation cinématographique particulière permet un gros plan constant sur les émotions des trois personnages en se concentrant sur leur visage. Trois femmes, dans une chambre d’hôpital, se retrouvent pour beaucoup se parler en esquivant l’essentiel… Dans cet espace épuré et redouté, un dialogue (souvent de sourdes…) s’installe, qui balance des vérités et des clichés, un peu de mauvaise foi, pas mal d’humour et beaucoup d’amour.
La découverte et le coup de coeur du Festival. Vu un peu par hasard, parce que Michel voulait aller "chez les Belges" (c'est vrai que nous y avons vu de bonnes choses les années précédentes). Et parce que j'avais entendu quelqu'un y inviter les spectateurs d'un groupe sympa croisé à Médée. Donc pourquoi pas ? Nous en avons été enchantés, un vrai spectacle, un beau texte, émouvant et serré, une mise en scène très efficace : la projection en gros plan de l'actrice (jamais la même) couchée qui subit, souffre ou se confie était une vraie trouvaille, parfaitement adaptée au propos. Du rire, des larmes, un jeu totalement vrai, bref tout était au rendez vous pour faire du Silence des Mères une vraie belle pièce.

23h30 LA CANTATE A TROIS VOIX
Paul CLAUDEL
La nuit du solstice d'été, trois femmes s'en vont par la Nature, attendre le matin, l'arrivée du Soleil et avec lui d'entrer dans le grand Eté. Comme il se fait attendre, ces dames se font entendre, dans la plus pure chanson spirituelle, le désir absolu qui les hante, le son et le parfum de l'amour éternel qui fait se mouvoir l'Univers.
Elles ont eu un sacré mérite ces trois nanas, maquillées comme des sorcières : un texte superbe mais aride, une absence totale de trame, une heure tardive, les chaises les plus atrocement inconfortables qu'on puisse imaginer, en feraille bruyante... Et pourtant elles nous ont tenus en éveil, passionnés, émus, captivés avec ces mots mêlés dans l'excès et la demesure de nos désirs et de nos étroitesses. Elles avaient donc du talent, c'est certain. Nous avions vu et aimé la pièce à la crypte Saint Sulpice, mais, il faut bien l'avouer, pas compris grand chose. Là, c'était limpide et efficace.

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