samedi 4 août 2007

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Hier, ultime voyage à Pérignac, pour les "finitions", c'est à dire 2 pleines voitures des derniers objets (dont je me demande d'ailleurs où je vais les mettre), ce qu'on avait oublié ou ce dont on avait encore besoin comme l'aspirateur ou le rouleau de scotch.



Nous avons commencé par un déjeuner bien sympa à la Gourmandière, dehors sur la terrasse. Puis corvée finale. Et Michel s'est dévoué (faut dire que je ne lui ai guère laissé le choix) pour accueillir les acheteurs et leur donner instructions, recommandations, modes d'emploi divers et clés. Et je suis partie, vite, bien vite. Qu'est-ce que cela fait de quitter une maison dans laquelle on a passé 20 ans de vie, et un village où l'on est resté 27 ans ? Ben, ça "blouse" un peu le coeur. Même si les semaines passées à vider ont été dures, jusqu'à créer un sentiment de ras le bol et un besoin d'en finir, il reste que c'était le cadre de notre jeunesse, de celle de nos enfants, d'une portion de vie qui s'est volatilisée en nous laissant comme une vacuité à l'âme avec des nostalgies en points d'interrogation. Des peurs et des angoisses mal digérées, des bonheurs qui semblent si lointains et presqu'improbables, une autre vie, notre vie tout simplement. Et d'avoir "brassé" (comme disent les charentais) toutes les scories de ce temps révolu et que rien ne nous autorise à regretter, laisse un petit goût de définitif qui remue les tripes. Car j'ai manipulé, pièce à pièce, tous les souvenirs de ces 20 ans de "jeunes" parents, les enthousiasmes, les découvertes, les émotions nouvelles... j'ai dû jeter tant et tant de moments de vie, s'y ajoutaient l'intégralité de l'appartement de ma mère, là encore que d'images et de réminiscences, certains datant de ma propre enfance, des mots, des rires, des espoirs, tout mêlé dans une ambiance poussiéreuse et nécessairement sans pitié.
On ne peut pas tout garder, et il ne faut pas envahir ses propres enfants de cette façon, c'est inhumain pour eux de faire face à la marée d'une vie entière. Il faut donc trier, de façon drastique et efficace. J'ai croisé ainsi les rares lambeaux de la vie de mon frère et revécu avec un serrement de gorge les moments dramatiques de son décès. Trouvé sur mon chemin quelques reliefs de ma grand-mère, les livres d'italien de mon père, ses dessins d'étudiant ou ses plans de restructuration d'Esso Rep... Tout à la poubelle, ou presque... Que faire d'autre, sinon périr étouffée sous le flot des réminiscences du passé des autres et du mien ? Déjà le mien, ce sont des relents de jeunesse enfuie, de rêves inachevés et de chimères égarées. Quant à celui des autres, il m'interpelle, m'attriste et je me sens impuissante de n'avoir plus les données pour en reconstituer le puzzle. C'est cela la mort de vos proches, réaliser soudain qu'on ne s'est pas tout dit, qu'on n'a pas tout demandé et qu'un oubli définitif s'est installé, que rien ne pourra plus combler.
Hier soir, nous avons dîné avec Marc et Fanfan, cela nous a permis d'oublier un peu ce détricotage. En fait, d'ordinaire quand on déménage c'est déprimant, mais ensuite on s'installe dans une nouvelle maison et on redémarre autre chose, avec la joie habituelle des départs, des rentrées des classes où l'on est grisé par l'odeur du papier neuf et l'énergie que confèrent les bonnes résolutions. Pour moi, rien de semblable, il s'agit simplement de "résorber" Pérignac dans une maison déjà vivante et bien pleine. Ce n'est pas un moteur mais plutôt un handicap de plus.



Soirée sympa donc avec Marc et Fanfan, Gilles est ensuite passé pour le dessert, en fait on ne lui avait rien laissé, et il n'a eu qu'un tilleul (puisque, pôvres de nous, nous sommes en manque de citronnelle, à bon entendeur salut !). Vous imaginez les filles les sages soirées de vos "vieux", coucher de soleil sur la terrasse et citronnelle ou tilleul !! Bon, bien sûr, je passe sous silence le Ruinart rosé (pour votre info les filles, un champagne à se damner) que nous avons "sifflé" sans l'ombre d'une hésitation jusqu'à la dernière goutte et qui nous a rendu euphoriques toute la soirée, il fallait bien cela pour combattre le blues.

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