lundi 27 août 2007

POIGNEES D'AMOUR


Et voilà, c'est la reprise... Ce matin en allant à Saint Jean d'Angély pour retrouver mes étudiants de DECF pour d'ultimes révisions (ils passent leur examen la semaine prochaine), j'ai écouté la radio (vous allez sourire mais dans ma 205 pas de radio et je n'avais pas écouté les infos depuis des lustres) et j'étais accablée par la misère du monde. D'abord on y rappelait en boucle que c'était la rentrée, celle des enfants, des journalistes, des hommes politiques et je ne sais quoi encore. Puis s'égrenaient les mille et une calamités du jour, des tornades de feu du Péloponèse, les menaces évoquées par M. Sarkozy : terrorisme, nucléaire iranien, guerre en Irak, Proche-orient, Afrique, en passant par la gamine bouffée par son chien et la levée de précautions prévues, le répulsif pour les SDF à Argenteuil et l'agent du Trésor qui s'est versé pendant un 15 ans un salaire fictif de 4000 euros par mois... En vrac, bien sûr, et tout égrené sur le même mode, à vous faire croire que tout se vaut. On a de plus en plus de mal à retrouver une échelle de valeur dans ce fatras continu d'informations hétéroclites, et finalement la nouvelle du jour c'était les poignées d'amour de notre président.


Sur fond de scandale supposé et d'ironie non déguisée, les journaux revenaient en boucle sur les retouches effectuées par Paris Match sur une photo du chef de l'Etat en train de faire du canöe. Et de gloser, et de railler, et d'ironiser sur tous les registres sur un non-événement, mais "l'affaire" est bien révélatrice de notre mentalité décalée. On mélange tout, et à vouloir railler sans cesse, certains finissent par se prendre les pieds dans le tapis. De toute évidence, encore un des traits peu glorieux de notre époque : l'ébranlement de nos valeurs nous a précipités vers une aspiration frénétique à l'éternelle jeunesse, au point d'en perdre le bon sens. Le triomphe de l'individu se traduit par une fragilité croissante de nos repères, et la dépression nous menace davantage que l'oppression. Cela me permet de citer la phrase fétiche de Michel en ce moment "la démocratie nous libère de tout, sauf de l'obligation d'être libre, mais aussi authentique, performant, heureux (j'ajouterai mince, jeune et beau)... bref d'être un individu"*

S'attacher à commenter, fusse pour les railler, de telles balivernes, oser leur donner une place tout à fait égale aux 65 morts dans les incendies de Grèce, relève d'une légèreté sans nom, et consiste à prendre les français pour des irresponsables civiques. Cela véhicule aussi l'idée sinistre qu'un bourrelet est le signe d'une déchéance, que la magie supposée de l'informatique effacerait. Tout ce salmigondis nous donne honte d'en être parvenus à un tel degré d'infantilisme social et politique.

* extraite de Philosophie des âges de la vie de E.Deschavanne et P.H.Tavoillot chez Grasset

La devinette du jour pour mes filles : où a été prise la photo qui illustre cet article ? Certes c'est facile... Vous vous rendez compte !!! Que ne ferait votre maman pour essayer de remettre ses étudiants au travail avant l'examen... Et dire que la même sus-dite maman a toujours refusé de vous y accompagner... Pauvres fillettes...

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