Désespérant... Tout sonne faux dans ce simili vaudeville où même la satire sociale de la bourgeoisie de province qui fit la gloire de Chrabrol est en perdition. Faux-semblants, trucages, mensonge, perversion, pouvoir, l'air chabrolien est vicié. On n'y croit pas un instant tant tout est caricatural et ringard. Les notables lyonnais traînant leur ennui de partouzes en cocktails, la télé locale vibrionnant de petits minables qui se prennent pour des people, l'écrivain blasé et érotomane qui affiche avec désinvolture son manque absolu de sens moral, le fils à papa caractériel, la belle-mère filmée comme avec un eye-fish pour stigmatiser son cynisme et son hypocrisie, la charge est lourde comme une mêlée qui tourne en vrille, maladroite et ennuyeuse.
On soupire à chaque réplique convenue, on sursaute à chaque phrase récitée par de pauvres acteurs empêtrés dans leur insignifiance, et à force de tics et de minauderies on finit par frôler le grand guignol. Chabrol ne maîtrise plus rien, ni les situations,ni les personnages, ni l'ambiance, ni la vraisemblance ni le rythme. Ecrivain libertin, bourgeois dégénéré, notables véreux, "beauté" de province, tout est mal joué, sauf peut-être Berléand qui incarne son personnage cynique avec sa régularité habituelle. Ludivine, dont les critiques ont dit qu'elle sauvait le film, m'a parue improbable et peu crédible. Le titre suggère qu'elle est déchirée entre deux hommes, à mon sens elle est tout simplement la victime un peu égarée d'un vieux beau même pas attirant qui se rêve en initiateur ! Chabrol donne vaguement dans la lubricité. Les supposées turpitudes qu'il lui "enseigne " (ah le fantasme de l'initiateur sexuel avec, pour tout argument, une grisaille terne et déabusée), n'ont rien de très impressionnant à notre époque. Quant à Pierre Louys, il n'allume plus l'oeil que des vieilles badernes. Le commissaire priseur de Cognac à qui je proposais une édition rare et excellement illustrée du fameux auteur d'Aprhrodite et autre "Manuel de civilité à l'usage des petites filles en maison d'éducation", m'a dit que cela ne se vendait plus, car cela n'a plus rien d'émoutillant... Certainement pas 2000 euros comme le vilain livre broché adjugé dans le film. Les "noces rouges" sont pâles et ternes, et j'ai passé le film à m'exclamer "c'est pas vrai... oh non ! pas ça..."? En fait la bonne idée aurait été de faire de l'oncle non un fakir à scie circulaire, mais un prestidigitateur de la disparition, et il aurait même pu intervenir dès les premières minutes, cela m'aurait épargné bien des soupirs.
Pour se rattraper nous avons ensuité tenté les Cartouches gauloises. Une chronique un peu appliquée mais fort émouvante des derniers jours de l'Algérie française. Medhi Charef se veut totalement neutre, comme peut l'être l'oeil d'un enfant qui observe, terriblement lucide mais aussi dramatiquement naïf. On peut reprocher à la mise en scène d'être trop linéaire et quelque peu démonstratif. Mais personnellement j'ai bien aimé ces scènes décousues, sans véritable lien entre elles et dont le propos est essentiellement de rendre compte de l'ébahissement d'un enfant dont le monde bascule du jour au lendemain. L'ensemble est pudique, la guerre est là, mais noyée dans le quotidien comme un fait "normal" et c'est le rendu de cette norme insupportable qui est particulièrement réussi. Le gamin qui interprète Ali est lumineux, il tient le film d'un bout à l'autre posant sur les événements un regard sans haine. Et la vieille 404 embauchée pour l'occasion tient un rôle apaisant dans cette ambiance compliquée et pourtant ensoleillée.
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