Promis les filles, je vais tacher de ne pas vous faire honte, et de ne pas faire de la provoc en me la jouant provinciale qui débarque en capitale... Mais tout de même, un TVG de transhumance en début de vacances scolaires, ça vous perturbe sa michelaise ! Plein à craquer le TGV : outre les familles flanquées de bambins en vadrouille, excités comme des puces, dans un train qui "monte" du sud-ouest un jour de tournoi des 6 nations on trouve traditionnellement des troupes de supporters déjà bien allumés, qui ont à cœur d'affirmer leur appartenance ethnique. Ceux qui squattaient le wagon restaurant, béret basque, litron et boites de pâté en trophée, taillant à qui mieux leurs baguettes pour faire leurs tartines, ne dérogeaient pas à la règle. Cependant j'ai connu, dans ma jeunesse, des escouades bien plus avinées et nettement plus gênantes, tout se perd en ce bas monde, même les particularismes.
Michel arborait sa cravate historique, celle que portait Olivier Magne au match France Irlande du Tournoi de 1998... 10 ans déjà !
Plus tard, je vous ai dit que finalement la foule du SDF me semblait plus calme que celle de la gare Montparnasse à l'heure des retrouvailles et des embrassades sur le quai, départs et arrivés confondus. Mais c'était encore une façon de me rendre intéressante. Pourtant je suis toujours surprise par l'apparente facilité avec laquelle on assure en toute quiétude ou presque la circulation de 80 000 personnes qui pourraient être de potentiels trublions. J'attribue cette apparente facilité au fait que tous allaient finalement dans le même sens créant en quelque sorte les conditions idéales de la vérification d'un homme moyen, ici l'homo rugbysticus, chargé d'aller soutenir son équipe en vociférant avec le plus de cœur possible... Nous y voilà !!! c'est la faute d'Hélène cette histoire d'homme moyen, elle était plongée dans la lecture d'un certain Alphonse Quetelet, un mathématicien du XIXème qui s'est demandé si - par analogie avec les phénomènes naturels - les phénomènes sociaux ne présentaient pas les mêmes régularités, et a, en quelque sorte créé la biostatistique, voire la statistique sociale. Et rien de tel qu'un match de rugby pour vous donner le sens du grand nombre et de l'observation d'une loi supposée "normale". Même si Michel a cru bon de nous préciser que les méthodes actuelles de statistiques sont tellement fines qu'on en perd la notion de moyenne, chaque individu étant définissable par de trop nombreuses appartenances qui brouillent la donne, lorsque le stade entier se lève pour hurler des encouragements à Vincent Clerc profitant d'une percée sur la gauche pour s'envoler vers l'essai, pas de doute, l'écart-type de comportement de chacun des spectateurs est presque nul ! Et quand cette houle se reproduit 4 fois, cela devient une brillante démonstration qu'il existe encore, malgré l'individualisme forcené de notre société multiforme, un homme moyen susceptible de se manifester dans les grandes occasions.
De fait, le début du match en était une belle, de grande occasion. Magnifique et exaltante, elle nous a permis d'atteindre la mi-temps avec une confiance sereine en l'avenir. Or, en rugby comme en beaucoup d'autres circonstances, il faut se méfier d'une trop grande sérénité, et les irlandais n'avaient pas dit leur dernier mot.
Il régnait sur le SDF une ambiance très bon enfant, et s'il nous a fallu subir durant les 20 dernières minutes, la nette domination des irlandais, et trembler de tous nos membres à voir le temps s'écouler avec une lenteur exaspérante, nous avons tous apprécié le beau jeu qu'ils nous ont offert, même s'il avait pour effet immédiat de réduire de plus en plus dangereusement l'écart de points sur lequel reposaient nos espoirs de victoire. Pour le coup ce ne fut pas une fin de match morne, mais bien au contraire palpitante, voire angoissante. Sauvés par le gong !!! Le coup de sifflet final nous a assuré une victoire qui n'avait plus rien d'évident.
Pour finir la soirée dignement, un restaurant basque s'imposait, qui alignait une superbe collections de ballons au moins aussi historiques que la cravate de Michel, et dont l'atxoa ou le petit pot au chocolat d'espelette étaient en tout point au diapason. Mais surtout, le plus bel événement de la journée, c'était de vous avoir toutes les deux avec nous, formant le BBR le plus attendrissant qu'une maman ordinaire, fut-elle michelaise, puisse rêver... Vive la France !
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