dimanche 13 avril 2008

IL FAUT VIDER VENISE

Vous en souvenez-vous ? Faire des courses à Venise tient de l’exploit technique car entre les magasins de fringues de luxe, les restaurants et les boutiques de souvenirs, il n’y a pas de place pour de vulgaires commerces alimentaires ; sans doute beaucoup moins rentables. Nous sommes donc partis de bon matin vers San Bazilio, tout au bout des Zatterre car les supermarchés sont rares et celui-ci était le plus proche de chez nous. Ouvert le dimanche toute la journée, nous avons pu y faire provision de délices typiquement locaux, à base de morue ou d’oignons, quelques petits vins sympas et divers produits frais simples à préparer. Pas question de se mettre en cuisine, mais nous avions envie de profiter de notre terrasse !




La balade jusqu’à San Bazilio était fort agréable malgré un ciel gris et un petit courant d’air glacial, lui aussi typique de la ville. Au retour, un coup de vent de bonne augure (j’ai prétendu que c’était le changement de marée ce qui a bien fait rire Michel, pourtant elles comptent ici aussi les marées pour le temps) a dégagé le ciel et nous avons pu inaugurer notre terrasse. Les arancini étaient tout à fait nuls, secs et surtout sans le cœur moelleux de mozarella et piselli fondus qui fait tout leur charme… Mais quelle idée aussi d’acheter une spécialité romaine hors de son contexte ! Nous savons pourtant bien que les italiens ignorent superbement ce qui de mange de l’autre côté de leur pré, et ne jurent que par leur gastronomie strictement locale. Scupions, encornets, sardines à Venise, oui, mais le reste surtout pas !



Le temps s’étant nettement amélioré, nous avons donc décidé une promenade aléatoire où chacun à tour de rôle choisissait la direction dès qu’un croisement se présentait à nous. La tentative a vite avorté lamentablement, car nous retombions invariablement sur les hordes de touristes dominicaux étagés en accordéon sur le parcours San Marco Stazione. L’opportunité se présentant et ayant appris de nos multiples séjours en Italie qu’il faut toujours prendre ce qui se présente comme monuments ouverts et surtout pas vouloir aller en voir un, nous visitons au passage le théâtre de la Fenice, détruit par le feu en 96, et rouvert depuis en 2003, après avoir été, selon l’immuable principe vénitien, reconstruit strictement à l’identique. Autant dire qu’il est toujours aussi moche que lorsque, tous minots et vaguement impressionnés par la réputation des lieux, nous nous y étions offert un enlèvement au sérail, dont nous n’avions pas vu grand-chose à cause de l’inconfort des lieux. J’avoue avoir été atterrée en entendant l’audio-guide égrener les sommes colossales qui ont été investies dans cette reconstruction, et en imaginant 350 ouvriers et artisans s’activant avec talent et compétence pour réaliser un décor aussi laid. Il faut bien admettre qu’une reconstruction à l’identique d’un vilain 1830 ne peut pas engendrer de miracle. S’y ajoute l’inconfort d’une salle mal conçue puisqu’au parterre on n’a aucune chance de pouvoir profiter du spectacle (juste celle de se montrer !) tant les sièges sont disposés à plat les uns derrière les autres… et dans les loges, seule une chaise sur 4 permet de voir la scène, ce qui limite fortement l’intérêt des 3 autres.
Après cette visite obligée, et un mouvement d’humeur provoqué par les résultats désolants de notre jeu stupide qui nous ramenait en rond dans la foule, nous avons décidé un repli stratégique et indispensable vers Cannareggio. Santa Maria dei miracoli toujours aussi merveilleuse en équilibre sur son petit canal, puis l’hôpital San Marco et son Colleone filouté par les vénitiens : nous décidons de prendre un café sous le flanc viril de son cheval enfin restauré ! La grande halle dominicaine de Zanipolo crépitait de vie et d’applaudissements quand nous en avons franchi le portail de briques. Nous avons profité d’un sympathique concert : un orchestre de jeunes jouait avec entrain des musiques de film, donnant à cette austère basilique un air plus accueillant.

Après des tours et des détours par les fondamente nuove, la stupéfiante église des Gesuiti couverte de brocards de marbre vert et blanc qui y composent un joyeuse allégorie baroque.
Et parce que le lieu nous est cher, nous avons terminé la journée sur le campo du Ghetto Novo par un spritz aux couleurs de soleil couchant. Cet astucieux mélange de prosecco et de campari nous mit dans un état de sérénité suffisant pour supporter le retour.
Dimanche soir, les vaporetti de la ligne 1 en direction de la gare se succèdent toutes les 2 minutes. Chargés de touristes fatigués, ils s’enfoncent lourdement dans l’eau intense de la lagune : comme chaque soir, on évacue la ville et le dimanche on doit tripler la ligne 1 pour faire face au flux accru. Le pendule vénitien fonctionne toujours avec régularité, quelque soit l’état du ciel, et il nous faut bien admettre que même dans notre sens, à rebours de la gare, il y a aussi un flux intense, qui lui va vers le Lido, autre lieu de ralliement des groupes en vadrouille. Près de nous les inévitables français qui après s’être offusqués du prix de la course pour parcourir le grand canal (s’ils n’avaient pas acheté leur ticket à l’unité cela les aurait moins choqués !), discutaient ferme du lieu où ils allaient manger une pizza au moins cher, au lieu de se projeter dans la magie de l’instant. Cela nous a donné envie de rentrer dans notre petit appartement pour un dîner tranquille !

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