Il pleuvait à l'unisson quand nous avons accompagné en terre (pardon pour cette expression "crue", mais il n'y avait rien d'autre que ce moment autour de la tombe ouverte), cet après-midi, un jeune collègue décédé selon l'expression consacrée, "des suites d'une longue maladie". Huit ans de souffrances, d'espoirs brisés, de rémissions éprouvantes et de rechutes impitoyables. Huit ans de calvaire pour ses proches, ses enfants, si jeunes et si fragiles, et sa femme, héroïne antique bien malgré elle. Elle était superbe sa femme cet après-midi, noblement campée dans sa robe rouge, une rose explosant sous la pluie dans ses cheveux fous... digne, dans sa douleur domptée, crâne, dans la dernière épreuve avant la traversée du désert, belle, après tant de courage.
J'ai du mal à rendre hommage à ce jeune homme que je n'ai pas su visiter quand il était malade : une succession de maladresses et de malentendus avant sa maladie, avaient creusé entre nous une prudente neutralité, à base d'échanges a minima. On avait juste réussi à rester courtois, il me pensait sans doute méprisante, j'étais certainement sans indulgence. Puis, est arrivé ce cancer, ses épreuves, ses douleurs. Je n'ai jamais réussi à redresser la barre, pas simple de retrouver le ton en face de quelqu'un à qui vous n'êtes guère sympathique. Ce malaise réciproque m'a rendu craintive, effarouchée d'aller le voir comme par tartuferie, ou pire encore, par hypocrisie... On appelle cela, à tort car j'ai toujours trouvé cette expression stupide "le respect humain"... et puis le temps passait et le fossé est devenu impossible à combler. J'osais encore moins aller le voir par pitié. Et de réserve affectée en retenue bien intentionnée, je me suis contentée de prendre de ses nouvelles en me sentant bien lâche de ne savoir mieux faire.
Ce memento n'est pas un mea culpa tardif ou un repentir hypocrite, il me semble simplement qu'il aurait été encore plus lâche de ne pas oser lui rendre ici un dernier hommage, à lui et aux siens si cruellement éprouvés par ces années de souffrance et un avenir à reconstruire à la force de l'oubli.
Le soleil est revenu aussitôt terminé l'enterrement, et il était particulièrement doux ce soir sur la terrasse des grottes de Matata, où Michel m'a demandé (traditionnellement !) "et ton oncle, quand est-ce qu'il vient nous voir"? Tonton !!! Tu entends ??? On t'attend !!!
Ce qu'il faut en tirer c'est qu'encore une fois la vie nous prouve qu'elle ne tient qu'à un fil... alors il faut vivre et vivre à fond, sans regrets, dire aux gens qu'on aime qu'on les aime, et partager tous ces moments ensemble !
RépondreSupprimerEt il a raison Michel, il faut qu'il vienne tontonton !
essai : passe ou passe pas dédé
RépondreSupprimerpour la troisieme fois
RépondreSupprimerChère Nicole
Le décès de ce jeune papa après 8 ans de maladie
interpelle tous les lecteurs du" Petit Renaudon"
Il n'est pas certain que ton collègue aurait apprécié ta visite qui de toutes façons n'aurait pas diminué
ses souffrances; mais devant une mort aussi injuste,on ne peut que culpabiliser---
Par dessus la tristesse de ton message , j'ai souri au souvenir heureux des grottes de Matata qui me renvoie dans une autre vie avec des yeux mouilles---
BZ de tonton qui entends qu'on l'attend et qui dit merci Françoise et merci Michel