mercredi 2 juillet 2008
LES VIEUX BRISCARDS
Encore une corvée aménagée en petite virée sympa : aujourd'hui j'allais à La Rochelle pour le jury des BTS, mon dernier jury avant l'extinction des feux. Et nous avions décidé d'en profiter pour renouer avec le Festival qui nous fit tant courir quand nous étions les heureux parents de 2 toutes petites filles avides de découvertes. Ce matin, avant de partir, je revivais (allez savoir pourquoi) cette nuit épique de l'été 1998 : vous aviez passé le Brevet (oui, oui je sais, l'erreur majeure de notre parcours d'apprentis sorciers) et j'avais beau courir et recourir à l'inspection académique, aucun résultat n'était visible. La morte dans l'âme et l'inquiétude au ventre, nous avions terminé la soirée de façon un peu morose, et j'avoue avoir passé une petite nuit. Levée aux aurores, je me suis précipitée sur le premier Sud-Ouest disponible, pour y trouver vos noms !
Bref, pendant que j'allais, la roue tourne, sceller le sort de quelques étudiants dont nous décidions s'il fallait ou non les repécher, Michel est allée voir un Mike Leigh.
Nous nous sommes retrouvés au Café de la Paix, Michel complètement sonné par Naked, une sombre film visionnaire et caustique des années 93. La peinture ironique et violente de ce paumé philosophe, si elle avait su le toucher et le faire sourire n'en reste pas moins tellement sans concession qu'il était un peu chamboulé.
La petite scène qui nous attendait en sortant était juste une application modeste de violence urbaine, et s'est révélée plus drôle qu'amère. Surgi d'une boutique, un individu nous a doublés en slalomant, et a traversé la rue comme un V2, provocant un carambolage entre un péquin ahuri et une voiture de flics... Il était poursuivi par deux types gesticulant et criant qui hurlaient "il l'a battu"... Ils butèrent contre les gendarmes descendus constater les dégâts et qui, après de longs palabres sont repartis bien tranquillement sans constat, sans arrêter quiconque, un peu soulés par les hurlements des protagonistes.
Nous sommes ensuite allés voir une chronique douce amère des années 80 : Côté coeur, côté jardin de Bertrand Van Effenterre. La fille trentenaire d'un universitaire socialiste, vient voir son père en Bourgogne. Elle est fatiguée, usée par les années de lutte et de militantisme, elle doute et cherche; la gauche s'est installée au pouvoir et l'enthousiasme s'est dilué. Elle retrouve Claude, sa demi-soeur, dont tout la sépare et dont personne ne comprend ni les révoltes, ni les engouements. Autour d'elles, perdues dans ce village bourguignon, il y a l'hiver, la glace qui recouvre le canal, le froid qui durcit les feuilles. On devine que le père absent, attendu et qui ne rentre jamais, est devenu un ponte un peu fossilisé du parti, et tout se reconstruit autour de l'histoire difficile des deux sœurs. Un film totalement inconnu, un peu verbeux parfois, mais qui traite avec une certaine réussite des désillusions des militants que 81 avaient comblé d'un espoir immense. Le réalisateur était là, il avait l'air de n'avoir pas revu son film depuis belle lurette et de se demander ce qu'il était devenu en vieillissant. Il nous a aussi chaudement recommandé d'aller voir un petit moment du film de 77 heures diffusé en continu dans une quelconque chapelle et consacré à la lecture du début de "A la recherche du temps perdu". On nous y promettait des matelas, des coussins, du thé et bien sûr, des madeleines !!
Puis petit tour sur le port, en attendant Vogelfrei, un film letton qui faisait recette (le bouche à oreille !), portait tout en demies teintes d'un célibataire endurci et égoïste, aux 4 âges de sa vie, vu par 4 cinéastes. Cela nous a donné l'occasion de renouer avec les traditions du Festival, les 45 minutes de queue, les rencontres de militants du festival qui sont là depuis 73 et évoquent les souvenirs d'autres attentes, et d'autres ambiances, les salles bondées et les film doublés en 3 langues dont on ne sait jamais ce qu'ils vous réservent.Il était temps de dîner, et nous avons à l'occasion complété la trilogie Coutenceau en testant le dernier restaurant du centre, l'Entracte. Pour nous le meilleur des trois !
Après la queue règlementaire, nous avons découvert avec un réel plaisir Léonera, un film argentin assez dur mais très réussi consacré à la vie en prison d'une femme condamnée pour meurtre et qui est incarcérée dans le secteur haut en couleurs des femmes avec enfants. Un petit monde grouillant et vibrant de vie et de joies et de détresses, dont elle s'échappera finalement avec une simplicité étonnante.
Nous avions prévu de rester deux jours mais finalement nous sommes rentrés ce soir, le programme de demain ne nous inspirant guère, et les queues interminables n'ayant plus l'attrait qu'elles avaient pour nous il y a 10 ans. On change, La Rochelle ne nous fait plus le même effet car nous sommes moins privés de cinéma, nous avons sans doute perdu un peu de notre curiosité insatiable et nous sommes plus difficiles.
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