dimanche 13 juillet 2008

TOUJOURS LES BELGES !

Au fond du Collège de la Salle, après avoir parcouru l'étroite piste de course en ville, 4 bandes jaunes qui nous guident sans humour vers une toute petite salle pour une pièce très courue... Presqu'une émeute à l'entrée !
Devenu amnésique au cours d'une guerre, Gaston vit depuis 15 ans dans un hôpital psychiatrique. Sans identité, il n'a pas pu toucher sa pension de mutilé qui le met à la tête d'une véritable petite fortune. L'appât du gain pousse plusieurs familles à prétendre qu'il s'agit d'un des leurs disparu au combat...
Écrit en 1936, ce chef-d'œuvre d'Anouilh est toujours actuel.

Et pourtant, elle est interprétée par une troupe d'ados amateurs... Certains excellents, avec une vraie étoffe d'acteurs, mais forcément un ou deux sont totalement nuls. Mais CE N'EST ABSOLUMENT PAS GRAVE... et il faut aller voir ce voyageur là ! D'abord parce que c'est un Anouilh... et que cela reste une valeur sûre. Ensuite parce que le spectacle réserve une délicieuse surprise en la personne du merveilleux petit Louis-Aubry LONGERAY qui joue avec un naturel, une gouaille, une fraicheur étonnante l'oncle anglais de l'amnésique. Un gosse promis à une brillante carrière !
Au café des Carmes, nous sommes démarchés par le metteur en scène du Facteur de Néruda... catastrophé devant notre manque d'entrain pour sa pièce qui, dit-il, a fait un tabac l'an dernier. Nous lui reprochons une certaine naïveté qu'il attribue à un texte un peu déstructuré... et surtout des imprécisions de mise en scène, il incrimine la nouvelle salle à laquelle sa troupe et sa mise en scène ne sont pas encore habituées. On le sent contrarié par notre manque d'enthousiasme et on le quitte en se disant certains que tout cela va finir par se caler et que d'ici quelques jours ce sera parfait !
Ces magnifiques pièces jouées en costumes romantiques dans une atmosphère de confidences de boudoir, sont écrites à la manière d'un roman. Les personnages vivent sur scène les nuances subtiles et cruelles d'une aventure sentimentale réelle. Ce grand poète de l'amour nous offre ici, encore une fois, l'occasion de sourire devant l'inconstance des sentiments humains.Intrigues féminines, soupirs et conspirations font de cette pièce un bijou sentimental ravissant.


Trois vrais acteurs, hyper talentueux, un rythme endiablé, deux piécettes délicieusement modernes de Musset, une jolie mise en scène, bref une vraie réussite. Et pourtant moins de 15 personnes dans la salle... que le festival est injuste et que les modes sont cruelles. Cette troupe belge (ben oui ! encore) est très professionnelle, cisèle le texte au millimètre et nous livre là du vrai théâtre, joyeux et lucide. Il faudrait pourvoir leur faire de la pub, mais dans les queues le bouche à oreille n'apprécie pas les auteurs classiques, ce n'est pas de bon ton ! Dommage, on leur souhaite plus de reconnaissance.
Retour au théâtre des Doms pour un déjeuner agréable avec nos jeunes, et ensuite un spectacle coup de poing :

Bash, latterday plays

Labute Neil

Trois histoires inspirées de faits divers, écrites par le dramaturge nord-américain Neil LaBute, révèlent l'autre côté de l'image glacée du rêve américain ! Bash - qui veut dire en argot, "cogner, frapper, défoncer" - raconte sans complaisance les chemins de la violence au cœur des hommes et des femmes. Il montre, sans dénoncer, des combats entre le bien et le mal.

Il révèle, sans militantisme, l'impact sourd de certaines croyances.

Un grand moment de théâtre, une pièce contemporaine qui a réconcilié (ouf, il était temps) Michel avec la création actuelle. Un triptyque de faits divers qui nous confrontent à des meurtres de la folie ordinaire. Ce qui choque, ce qui bouleverse, au-delà de la violence de ces crimes, c'est leur proximité, leur banalité presque, le tout sous des relents d'une religiosité suffisante, qui permet de s'auto-justifier. Pas un procès en règle de l'intolérance, ou de l'obscurantisme, non, du quotidien, du presque normal, avec soudain, sans crier gare, quelque part quelque chose qui dérape. On ne comprend même pas quoi, ces trois histoires n'ont rien de glauque, leurs protagonistes sont socialement aisés, civilisés, pas marginaux pour deux sous. Ils nous ressemblent presque, et tout d'un coup tout a basculé dans leur tête. Danger, normalité ! La mise en scène est parfaite, les acteurs superbes et le thème prenant. C'est bouleversant. Un très grand moment du festival 2008.
Et comme décidément nous étions dans une journée belge, nous sommes allés voir :
Hymne à la vie - témoignée, dansée, chantée, filmée - pour conjurer un morceau de continent déchiré depuis cinquante ans. Du théâtre-documentaire qui remue les tragédies avec une générosité et un souffle revigorants.
Encore un magnifique spectacle. Tant du point de vue de sa créativité, de son utilisation efficace de toutes les techniques modernes de communication dans un état d'esprit vraiment et réellement théâtral, que du point de vue du contenu. C'est émouvant, riche et multiple, le sentiment d'avoir tout un peuple qui témoigne est fort et prenant. C'est drôle parfois, rythmé bien sûr et absolument bouleversant aussi. Cet hommage réaliste et pragmatique au peuple du Congo est tout simplement magnifique.

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