dimanche 17 août 2008

CHINE

"Dans la ville chinoise : regards sur les mutations d'un empire" avait lieu à la Cité de l'architecture et du Patrimoine, musée entièrement restructuré et inauguré il y a peu par le Président Sarkosy. Liée à l'enthousiasme provoqué par les Jeux Olympiques, elle retrace en particulier l'effervescence constructive qui a accompagné l'événement. L'exposition est articulée autour de grands thèmes : le jardin, la stèle, l'eau, le caractère écrit, la mode vestimentaire, la famille, mais aussi des grandes villes : Canton, Shanghaï, Pékin... Elle insiste sur la fascination de la grande échelle qui impose une multiplicité de lectures des phénomènes sociaux-urbanistiques de ce pays complexe. On y écoute des extraits de films, des musiques. Photos, objets, plans, documentaires, maquettes alternent pour tenter de nous familiariser avec un pays qui a du mal à se laisser décrire et dans lequel l'art de détruire est presque aussi développé que celui de construire. On y comprend comment la tradition côtoie, avec une étonnante facilité, la modernisation, et surtout on pressent l'importance d'une démographie qui rend la notion d'individualisme absurde. On y détecte enfin l'ambition démesurée de cet empire, ivre de besoin de reconnaissance, et dont les dirigeants sont d'une inventivité sans borne pour justifier et conforter son influence. J'ai été particulièrement frappée par l'idée selon laquelle il semble que les destructions massives de logements ont été commencés par des quartiers plutôt aisés et en bon état, afin "d'avancer" le plus vite possible avant que l'opinion mondiale ne s'en émeuve. L'idée était de garder pour la fin les logements insalubres, qui se révèleraient alors une excellente réponse aux inquiétudes des pays étrangers susceptibles de critiquer l'excès de ces déplacements de population. Voyez ce qu'on détruit, cela ne mérite pas d'être conservé. Une telle capacité d'orchestration de l'opinion mondiale est révélatrice de la farouche volonté qui anime ce pays.
Il était tard quand nous avons fini notre périple chinois, et un déjeuner sur la terrasse du musée, idéalement située face au champ de mars et à la Tour Eiffel avait un caractère somptueux.
Après avoir joué les badauds sur l'esplanade, regardé les danseurs de hip hop faire leurs acrobaties avec humour, ou les manifestants pour le Falun Dafa qui faisaient une séance très harmonieuse de démonstration de leurs postures de méditation. Cette tribune avait pour but de dénoncer les persécutions dont sont victimes en Chine les adeptes de ce mouvement spirituel qui inquiète beaucoup les autorités. La pratique corporelle, à base de mouvements lents et souples, permet d'atteindre une certaine paix intérieure et de pratiquer la méditation. Qualifié de secte hérétique en Chine, il semble que les pratiquants y soient soumis à des traitements pour le moins inquiétants, qui vont de l'emprisonnement à la torture en passant par l'extraction forcée d'organes vitaux à des fins de transplantation. Les dirigeants chinois affirment que le Falun Dafa est en réalité un mouvement voué au culte d'un individu peu recommandable qui s'enrichit sur le ds de la crédulité de ses adeptes, et qui utilise le prétexte de la Défense des Droits de l'Homme pour s'attirer les sympathies du monde occidental. La polémique est traditionnelle, et il est clair que ce mouvement est interdit et officiellement réprimé en Chine. La controverse porte finalement sur la gravité des sévices imposés aux dissidents et l'importance en nombre de ces derniers.Nous nous sommes ensuite dirigés vers l'Hôtel de Ville pour y profiter des dernières heures du jardin éphémère installé devant la mairie de Paris. Voir l'architecture du bâtiment se refléter dans l'eau d'un plan d'eau parsemé de plantes émergées et flottantes avait quelque chose d'apaisant et de reposant.
De là, nous sommes allés dans le quartier des Halles, et avons décidé d'aller voir un film


Encore la Chine, mais ici le sujet surtout l'incommunicabilité entre générations, la pesanteur des secrets de famille et la difficulté de s'affirmer dans une culture différente. Il ne se passe rien et pourtant tout doucement le film amène vers une découverte réciproque du père et de la fille. Elle le fuit avec ostentation et une certaine provocation alors qu'il vient l'aider parès un douloureux divorce. A travers cette fuite on comprend son mal-être aux Etats-Unis et sa farouche volonté d'oublier ses origines étrangères. Il l'attend, humblement mais fermement, et peu à peu cède, parle, se dévoile et, tout en nuances, ouvre une voie d'espoir entre eux. C'est un film tendre et lent, mais nullement ennuyeux. J'ai été très frappée par la remarque de la jeune fille qui explique à son père qu'elle peut mieux parler, s'expliquer, s'analyser en anglais qu'en chinois. Sa langue natale étant celle du silence, de la lourdeur des non-dits vécus dans son enfance, elle est incapable de l'utiliser pour parler d'elle. Par contre, l'américain, appris, lui ouvre une voie nouvelle qu'elle se sent capable d'affronter. Quoique ! Il semble que les non-dits restent le boulet qui entrave sa nouvelle relation avec le russe pour lequel elle a abandonné son mari chinois.

PS pas besoin d'expliquer aujourd'hui mon titre ! La Chine était partout en ce dimanche !

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