dimanche 10 août 2008

FANTAISIE PERIGOURDINE

Après une matinée de travail vaguement perturbée par la disparition d’un paquet de prothèse, départ pour un week-end en Périgord, organisé pour tenter de faire face avec le sourire aux contraintes formelles et inéluctables de l’hommage au « domaine » familial. Pour éviter de radoter en rond sur le côté carcan de ces visites, en déplorant pour la centième fois que votre grand-mère n’ait pas su faire de La Tache une « vraie maison de famille », où il ferait bon se retrouver dans une ambiance complice et décontractée. L’endroit est agréable pourtant, la maison est vaste, bien entretenue, et le pays fort attrayant, mais basta, il n’est plus temps de déplorer tout cela. Reste juste à réussir à aller voir Simone sans que cela soit trop pesant, n’est-ce pas Lénou ?

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, nous avons déjeuné à la Gourmandière selon la bonne tradition de début de vacances, sauf que j’ai passé le déjeuner à mener un interrogatoire serré pour tenter de reconstituer les faits et gestes de Michel et Françoise afin de résoudre le « mystère du paquet de prothèse ». Vous n’imaginez pas ce qu’obtenir des témoignages fiables et des informations pertinentes est difficile, et le métier d’inspecteur de police doit être d’une difficulté sans nom !

Puis route assez tranquille malgré un Bison Futé aux teintes sombres, mais sans doute tout le monde était-il devant cette fichue cérémonie d’ouverture ! Au manoir d’Eyrignac, un sac pique-nique empli de gourmandises interdites nous attendait pour dîner dans la roseraie. Cou d’oie farci, pâté au foie gras, enchaud avec confiture de noix, un excellent fromage de chèvre aux herbes et à l’ail, une barquette de fraises, le tout arrosé d’un petit Bergerac sympathique : on a ainsi commencé par une fort plaisante dînette, installés dans l’herbe (certains avaient même une nappe blanche !) au milieu de rosiers blancs, au soleil déclinant. Puis nous sommes allés pour le concert dans la cour du manoir. Le piano avait été installé en hauteur, sur une esplanade fleurie au-dessus d’une pièce d’eau aux nuances d’un vert profond. Le programme, construit autour du thème de la rose, faisait la part belle à des pièces classiques mais savoureuses : Chopin, Schumann, Satie, Ronsard, Victor Hugo, Baudelaire… Il était ponctué par des jeux de lumières, un lâcher de minis montgolfières qui se sont évanouies en silence dans la nuit, et des lancers de feu d’artifice parfaitement ponctués et rythmés, sans excès.

Parfois le pianiste jouait, parfois le conteur déclamait seul, d’autres fois encore les deux se mêlaient et se répondaient. Certes le long, immense et fort désespérant poème de Rilke qui a terminé la soirée nous a un peu lassés, même si les préludes de Chopin nous permettaient parfois de reprendre courage, mais dans l’ensemble c’était une excellent idée, bien orchestrée et savamment dosée, et la soirée, pique-nique dans la roseraie compris, était proprement magique. Duchable jouait sur une sorte de gimbarde Yamahesque fort décevante, mais son talent, sa virtuosité et sa sensibilité faisaient vite oublier ce malheureux détail technique. On se laissait porter par les mots et les notes, la lune ayant décidé d’être complice, pour éclairer ces moments rares d’un éclat féérique.

Samedi classique tout entier dédié à Simone et à sa maison sans souvenirs mais pourtant bien belle. Nous avons joué notre rôle avec application, donnant la réplique aux préoccupations multiples, donnant au mieux et de la façon la plus neutre possible de vos nouvelles, écoutant sans trop prendre parti, répondant sans trop nous dévoiler.

Le traditionnel restaurant de Carsac étant fermé le samedi, il fut fait une entorse bienvenue au programme habituel : nous sommes allés manger une friture de gougeons à l’hôtel du Pont qui nous a permis une après-midi somnolente et repue, tout à fait dans le ton ! Nous avons comme il se doit, dissimulé ce qui fache, sommes allés voir Maf et Dadou en cachette, n’avons nullement évoqué le Festival du Périgord Noir et pris des airs étonnés en entendant parler d’Eyrignac. Le tout assaisonné d’un malaise permanent à devoir tant mentir par omission. Nous avons eu le droit de nous échapper pour la traditionnelle promenade sur la piste cyclable jusqu’à la Dordogne, où Michel a tenté de renouer avec le lancer de caillou plat, bien déçu par ses résultats… « Quand on est bon, on peut traverser la Dordogne »… c’est vrai qu’on en était encore loin !

Dimanche dans la même veine, avec une nouvelle escapade au Peyrou, sauf qu’ayant annoncé notre intention de rentrer tôt, le déjeuner fut pris à la maison pour éviter une seconde ripaille au restaurant jusqu’à 4 heures de l’après-midi. Au retour, de nouveau le festival du Périgord Noir pour un concert Monteverdi à l’abbaye de Saint Amand de Coly, juste avant de reprendre l’autoroute ! Merveilleux instants de retrouvailles avec les immuablement sublimes "madrigaux guerriers et amoureux" du maître, Lamento della Nimfa, Combattimento di Tancredi e Clorinda, il Ballo dell’ingrate, et d’autres moins connus. Le concert étant gratuit, les organisateurs laissaient entrer et sortir les gens comme dans un hall de gare, au mépris du public et surtout des artistes. A l’entracte, les trois quarts des gens ont fui comme s’ils avaient le feu aux trousses, faut dire que Monteverdi c’est beau mais pas nécessairement facile d’accès. Je suis allée protester contre le manque de respect total à laisser le public se comporter comme devant une télé, ce qui nous a valu une deuxième partie plus paisible.

Pour finir la journée, en arrivant à près de minuit à Meschers, nous avons ingurgité, accompagnés d'une goutte de vin et d'un excellent pain de campagne, 6 cabecous dignes du meilleur affineur : le retour dans une voiture tiède ( et de ce fait, fort parfuméee !) les avait "faits" à point... et c'eût été un crime que de les mettre au frigo !

Voilà, nous sommes de fieffés chenapans, toujours bourrelés de remords d’être d’aussi mauvais enfants, mais dans un cas comme dans l’autre, nous n’avons pas volé une heure à Simone, en revanche nous avons amélioré notre déplacement, ce qui est mieux que d’y voir une corvée ennuyeuse. Cette escapade, improvisée à la dernière minute alors que Michel cherchait un festival pour toi Marie (merci ma belle, c’est grâce à cette recherche qu’il est tombé sur ces concerts) s’insérait à la minute près de part et d’autre du week-end prévu initialement. Tout le monde y a trouvé son compte, nous bien sûr, qui avons beaucoup apprécié ces spectacles et aimé retrouvé l’ambiance bon enfant du festival du Périgord Noir, et Simone, qui nous a vus de bien meilleure humeur que souvent !

1 commentaire:

  1. Alors tout est parfait! pourquoi ne pas renouveler ça l'année prochaine ??? Simone n'y voit que du feu, elle croit que vous n'y allez que pour elle, et tout le monde est content !!
    en tout cas, ça avait l'air super et très reposant...

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