samedi 27 septembre 2008

DIDON AH NON...

Didon et Enée de Purcell à l'Opéra de Bordeaux

Il y avait une éternité que nous n'étions allés à l'Opéra de Bordeaux, et alléchés par l'affiche, Purcell et Mireille Delunch, nous avions oublié le principal : Bordeaux ne SAIT pas faire du baroque. Faut dire qu'en la matière, nos références sont limite puristes, on a biberonné à William Christie et Philippe Herreweghe durant toute notre jeunesse à Saintes et ils nous ont rendu d'une haute exigence pour ce type de répertoire. Cet opéra, nous l'avons vu interprété par les deux, chaque fois dans des conditions sublimes, enlevé, travaillé, émouvant, tragique, drôle, énergique, bref toujours parfait. Or hier soir c'est un brouet malhabile et assez exaspérant qui nous a été servi. Les premiers responsables du gâchis, c'était les chœurs : lents, empotés, mal synchronisés, ils se sont révélés incapables d'attaquer un air correctement, les voix n'étaient pas unies, le tempo était anarchique et leur tenue sur scène carrément ridicule. L'orchestre était à peine convenable, mais c'est surtout la sonorité des instruments modernes qui surprend dès les premières notes. Ensuite on s'habitue un peu, mais globalement c'était laborieux, qualificatif particulièrement malvenu pour interpréter Purcell. Les seconds rôles étaient passables, voire insuffisants, et il fallait beaucoup d'indulgence pour supporter leurs maladresses. Enée avait une belle voix mais son interprétation manquait de caractère. Mireille Delunch, pour qui nous avons une grande admiration, était certes parfaite d'un point de vue technique, mais elle n'arrachait pas. Or la mort de Didon ça vous prend aux tripes, ça vous tire des larmes normalement... là c'était bien chanté, mais sans conviction. Seule Belinda, Kimy McLaren, se tirait de ce fouillis empâté avec grâce, talent et légèreté. Ceci étant, nous avons bénéficié d'une version mise en scène, et l'ensemble de cette mise en scène était belle, de très impressionnants tableaux hollandais, ou Claude Lorrain pour les scènes avec Enée. D'un point de vue statique c'était superbe : teintes, composition, cadrage, tout était d'un goût parfait. Par contre les mouvements étaient mal réglés, les chœurs, toujours eux, se révélant incapables de bouger de façon convaincante. Quant l'affectation des crânes chauves mis à toutes les sauces, hommes et femmes confondus, sorcières ou suivantes, cela m'a un peu exaspérée. Pour autant, la mise en scène avait quelque chose de séduisant qui a sauvé le spectacle du naufrage.
Il faudrait retenir la leçon et éviter de venir voir des opéras baroques à Bordeaux, ils traitent cela comme des pièces exotiques et ils éprouvent pour ce genre une certaine fascination (il y a un Monteverdi en juin prochain, et je me suis faite piéger, j'ai déjà réservé), mais une maladresse et manque de rigueur qui rendent leurs efforts pitoyables.

Dîner chez Jean Ramet place Jean Jaurés Bordeaux

La jeune hôtesse qui nous a accueillis chez Jean Ramet après le concert, nous a demandé fort aimablement si nous étions contents du spectacle, et devant notre mine déconfite, nous a promis de faire passer cette mauvaise impression par un dîner de qualité. Cet ancien macaron au Michelin se caractérise par un cadre cossu, une cuisine classique et de qualité, et un accueil d'une gentillesse, d'une attention et d'une amabilité de bon aloi, sans excès ni affectation. Un vrai plaisir ce dîner où le personnel vous entoure avec gentillesse et simplicité. La carte des vins est de qualité pour des prix très abordables, ce qui permet de se faire plaisir sans contrainte. Quant au contenu de l'assiette, il est très honorable, même s'il n'est pas d'une originalité folle. L'entrée, un feuilleté huîtres chaudes au caviar, manquait de caractère et les huîtres étaient froides ce qui n'est pas le but de l'opération. L'entre-deux plats, une tempura de ris d'agneau, était délicieux et très bien assaisonné. La spécialité de la maison, l'escalope de foie frais aux figues, est à la hauteur de sa réputation et s'harmonisait parfaitement avec le Pomerol choisi pour l'occasion. Le dessert, sans être d'une originalité folle, se laissait déguster avec plaisir. Mais surtout nous avons particulièrement apprécié le double geste commercial : Michel n'ayant pas pris de vin blanc (un petit Graves très agréable) pour cause de conduite, on lui en a offert un demi-verre pour qu'il puisse accompagner tout de même ses huîtres. A la fin, le garçon ayant oublié de nous apporter les petits fours avec les cafés, on nous les a offerts et, cerise sur le gâteau, on nous a apporté les fameux petits fours dans un papier d'alu, petit doggy bag bien agréable à emporter ! Geste sympathique et plein de naturel, qui nous a enchantés ! La charmante "maître d'hôtel" avait vraiment à cœur de terminer notre soirée en beauté!

1 commentaire:

  1. est-ce bien raisonnable tout ça pour Michel?
    ha bon, il ne m'a pas dit que vous aviez été déçus par cet opéra !
    Hier soir sur Arte, il y avait la "traviata" à la gare de Zürich, c'était très étrange et difficile de se concentrer avec tout ce monde autour, mais bon , moi je ne suis pas grande mélomane !

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