Je ne sais pas comment vous vous en sortez, mais je me sens de plus en plus submergée par le caractère compassionnel des informations alarmistes, désespérées ou dramatiques dont on nous abreuve chaque jour avec une urgence toujours renouvelée. J'ai accueilli avec l'air affligé de circonstance la mort du petit Depardieu, écouté avec un pincement au coeur les interventions tremblantes de ses parents lors de la cérémonie d'adieu (on est tous parents pas vrai, alors la perte d'un enfant ça vous fait réagir), puis j'ai vibré avec tous mes concitoyens à l'évocation de la grande figure que fut Soeur Emmanuelle et entendu avec émotion le récit de sa vie exemplaire, pleuré sur sa disparition et eu quelques pensées bienséantes sur le mérite de cette femme remarquable. Demain je serai happée par d'autres larmes, émue par d'autres vies, dans un sourd de mélange insipide où tout est à la même hauteur, où les sentiments sont calibrés à l'aune du péquin lambda pour obtenir de lui une petite vibration sur commande. Les valeurs ne sont plus hiérarchisées, et la mesure de l'importance des événements se fait à la qualité de la réaction à fleur de peau qu'on espère obtenir de l'auditeur. Et encore j'échappe à l'image, n'ayant pas la télé ! Je me sens le jouet d'une vaste organisation d'émotions gratuites, distillées avec chaque jour autant de conviction par des éditorialistes pleins de bons sentiments, et qui, en flattant le bon côté de leur public, donnent à ce dernier bonne conscience à peu de frais pour la journée. J'ai eu ce matin mon moment d'appitoiement sur Soeur Emmanuelle ou sur un malheur quelconque, je peux donc vaquer à mon quotidien sans âme et sans altruisme et me préoccuper de mon ego surdimentionné sans autre forme de procès. Et je confonds tout, je mélange les larmes réelles et celles versées sur des sujets qui finalement devraient me laisser totalement indifférente, je perds mon temps à écouter des fariboles qui me détournent de ce qui, dans ma vie, et dans celle de ceux que j'aime et auxquels je tiens vraiment, est vraiment important et que je n'ai jamais le temps de faire. Pour cause d'éparpillement affectif aigu. Provoqué par des médias qui ne me laissent jamais un instant de répit, sauf à les ignorer, ce qui est le comble.
Un petit coucou ! En ce qui me concerne, j'essaie de ne pas me "faire parasiter" par les médias quels qu'ils soient, même dans ce contexte économique. Disons que je reste optimiste quant au "pire" (car toutes ces informations sont largement orientées pour favoriser certains au détriment des autres et tout cela ne repose bien souvent que sur des suppositions, des détournements d'opinions et rien de bien objectif) et je garde le meilleur dans le souvenir de soeur Emmanuelle qui, pour moi, est l'exemple même de ce qu'un être humain est capable de donner et par là-même d'influencer son semblable en le tirant toujours plus vers le haut : c'est ça la vraie force de la vie. A bientôt des nouvelles. Bises. Laurence
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