vendredi 31 octobre 2008

OURIKA

Le temps de ce vendredi était prévu comme devant être pourri, pluvieux et gris, bref pas très engageant. Le soleil qui nous a accueilli au petit déjeuner était franc et prometteur, du coup nous avons décidé d’aller faire la vallée de l’Ourika, excursion impromptue qu’Eliette nous a organisée de main de maître avant de courir à un rendez-vous auquel elle a dû, par notre faute, arriver un peu en retard. C’est Ismaïl, le beau-frère d’Hassan, qui nous a conduits jusqu’aux cascades De Setti Fatma, après un arrêt absolument passionnant au jardin du safran.

Cette jeune entreprise dirigée par un ingénieur chimiste enthousiaste et serein, cultive les précieux bulbes sur 2 hectares, le reste de la surface étant occupé par des cultures qui assurent le repos et la reconstitution de la terre. En effet, un bulbe de crocus sativus dure 5 ans, et a une productivité en courbe de gauss : rien la première année, puis au début 5, puis 7 étamines pour diminuer à 3 en fin de cycle. Le bulbe mère s’affaiblit pendant que les bulbilles se développent, et surtout il faut changer de terrain pour assurer de nouveau une production correcte. La récolte 2008 avait commencé la veille et elle durera un petit mois. Les fleurs que nous avons vues, plantées en 2003, étaient donc à leur dernière année de production et il semble qu’elle devrait atteindre moins d’un kilo par hectare. Le gérant nous a expliqué qu’il recherchait à obtenir la norme iso 9002, car en matière de safran la tricherie est tellement répandue qu’il faut être très vigilant pour s’assurer des débouchés de qualité.

A Setti Fatma, notre guide Mohamed nous attendait pour une promenade délicieuse vers les 3 premières cascades, lieu de tourisme intensif, calme en cette saison, envahi par les marocains et surtout les marrakchis le week-end, pour farniente, pique-nique et excursions. Mohamed était d’une gentillesse et d’une attention parfaites, il nous a parlé fiérement de son « Mont Blanc » (le mont Toubkal culmine à plus de 4100m), nous a guidés sur les pierres les moins glissantes, a négocié notre thé à la dernière cascade et nous a aidés à acheter de petits tintins en tuya, finis devant nous par le sculpteur.

Au retour l’ascenseur berbère m’a permis de redescendre avec autant d’entrain qu’à la montée, sans risquer de me rompre le cou ! Nous avons appris ensuite que Mohamed a failli être emporté par une coulée de boue lors des pluies torrentielles qui se sont abattues sur la vallée au début du Ramadan, il est resté accroché deux heures à un arbre, le bras déchiré par une tôle de voiture errante, et est redescendu vers Marrakech le bras en sang pour se faire soigner dans l’hôpital le plus proche. La route portait d’ailleurs de nombreuses traces de ces intempéries et partout des travaux ralentissaient le cours de notre progression.

Après un thé à la menthe à la terrasse d’un restaurant qui surplombe la rivière (nous avons un peu semé la zizanie dans le programme traditionnel dévolu aux hôtes d’Eliette, en refusant de manger… quoique Michel ait fort salivé à l’idée d’un tagine, les agapes de la veille n’incitaient guère à la gastronomie), nous avons pris le chemin du retour, et sommes arrivés juste à temps pour mon massage.

Pour notre dernier repas, nous avons dégusté (je devrais dire englouti, tant nous lui avons fait honneur) le traditionnel couscous du vendredi, cuisiné par Khadija avec un talent nettement supérieur à celui du cuisinier du Yacout. Pas de doute, il était nettement plus savoureux que celui d’hier soir, peut-être était-ce seulement l’effet du grain moyen que je préfère de beaucoup au grain fin. Repas qui, commencé par une soupe de courgettes assez légère, se termine traditionnellement par un yaourt parfumé et léger, dessert parfait pour apaiser un estomac affolé par la somptuosité du couscous d’Khadija.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...