vendredi 21 novembre 2008

SENTIERS BATTUS

Je viens, en suivant mes écrits anciens, de retrouver ce texte, resté, je ne sais trop pourquoi, en brouillon... Il a plus d'un an, mais mon sentiment en la matière reste inchangé. Et c'est drôle, car je viens de lire dans un de mes blogs de prédilection (après Mise en Maux, bien sûr !!), TraMeZziniMag, un article intitulé "Vademecum du parfait dilettante à Venise" qui évoque un peu le même problème; sous une autre forme ! Du coup je publie ce vieux papier... Sans photo, bien sûr !

Le tourisme, la bouteille à l'encre... Nous y succombons tous, avec plus ou moins de talent, mais toujours avec la volonté de vivre quelque chose d'unique. Et pourtant... munis d'un guide dument sélectionné, nous partons à l'assaut d'horizons plus ou moins lointains, plus ou moins originaux, et vogue la galère. Le seul problème est que nous avons tous le même guide, peu ou prou les uns recopiant allègrement les autres, et que finalement nous nous retrouvons en rang serrés en train de grimper le même escalier de 720 marches vers la même vue inoubliable, et que notre émotion se trouve quelque peu altérée par l'ambiance foire du trône de l'aventure.
Certains recherchent des destinations exotiques, mais il faut bien avouer que les chars à bœufs de la Digue, chargés à craquer d'italiens gesticulants, gâchent un peu le paysage. Et pour admirer les rochers nus posés sur le sable blanc de Anse Source d'argent, il faut se lever de très bon matin, afin de quitter les lieux avant l'arrivée des chars en question. Toutes les merveilles du monde, proches ou lointaines sont répertoriées, étoilées, nous les avons tous admirées sur de splendides dépliants qui omettaient simplement d'y figurer aussi la foule qui se presse pour venir les admirer. Alors que faire ? Il y a aussi les vacances originales, du genre on traverse le désert en 4x4 pour être loin de ces foules hurlantes et fleurant bon la frite. Ou on choisit la méharée, ou encore on part en brise glace, en cargo, en croisière, en roulotte, sous des yourtes mongoles au plus profond des gorges du Tarn, accompagné de spécialistes ou d'amuseurs, ou seul avec un sac à dos... On veut à tout prix se sentir explorateur, on cherche l'exceptionnel, le rare, l'insolite. Et on le trouve, c'est sûr, il suffit pour s'en convaincre de voguer sur le net à la recherche d'idées nouvelles et inaccoutumées.
Mais il y a dans cette quête quelque chose de factice qui finit par me faire mettre en doute ce culte forcené. Chez certains, la nécessité de partir, de "faire" une destination ou l'autre, finit par virer à la manie. Certes, habitant un lieu superbe, dans un cadre calme et enchanteur, dont je n'ai nul besoin de m'évader, j'ai beau jeu de railler les tenants de l'échappée belle. C'est vrai que lorsque j'habitais Pau dans une barre d'immeubles supposée offrir la vue sur la chaine des Pyrénées et alignant surtout les antennes télés de l'immeuble qui lui faisait face, j'avais, moi aussi, envie de fuir et d'aller gouter les joies d'une campagne préservée ou de plages sauvages. N'ayant jamais eu comme horizon quotidien l'illustrissime, et ô combien répandu "métro, boulot, dodo", mon regard railleur est totalement déplacé, j'en conviens. Pourtant, je ne cesse de m'interroger sur le côté apparemment incontournable de cette recherche éperdue du bonheur en plaquettes glacées. D'autant que j'en suis moi aussi victime, j'aimerais savoir pourquoi on a tous cette impression farouche qu'il "faut" absolument partir à la découverte du vaste monde.
J'imagine que c'est un développement logique de l'idéal XVIIIème du Grand Tour, qui a permis dès le début du XIXème l'ouverture de nouvelles routes vers l'Italie et le développement du tourisme. Mais alors, on découvrait des mondes ignorés en franchissant les Alpes, et on s'instruisait au contact d'autres peuples dont on apprenait les mœurs, l'histoire et l'art. Aller en Chine ou en Namibie n'a plus pour nous d'effet de surprise, les livres, les films, les reportages nous ont déjà tout appris et au mieux, on n'est pas trop déçu par la réalité, déjà vue et revue sur de multiples supports d'information. Plus rien n'a de secret pour nous, et, en plus, nous sommes devenus blasés et exigeants. Pourtant, nous continuons à rêver de partir.
Alors parfois, il me prend le snobisme de prétendre que tout cela est factice, et de déclarer d'un ton vaguement pédant que "le tourisme c'est démodé". J'ai tort, je sais, et cette nouvelle activité économique qui fait vivre, survivre et revivre tant de régions de par le monde (dont la nôtre bien sûr qui, sans lui, n'aurait pas beaucoup de ressources) n'est pas prêt de disparaitre. Mais j'éprouve un certain agacement que je ne sais pas toujours maitriser devant le côté obsessionnel de certains voyageurs !

1 commentaire:

  1. Pauvre de nous, génération qui connaît tout et chez qui la surprise n'existe plus ; prendre l'avion pour aller à l'autre bout du monde, c'est devenu normal, et plus rien n'arrive à nous émerveiller... Tu as, raison, parfois, il faudrait simplement retrouver son regard d'enfant et aussi re-découvrir ce qui nous entoure, simplement !

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...