mardi 30 décembre 2008

VINTI DUE

Histoire d’entretenir les légendes et de cultiver nos petites traditions familiales, nous avions ce matin prévu petit gâteau rond et bougies 22 pour rappeler ces anniversaires d’antan où tu fêtais mon Hélène tes 6 ans ou tes 8 ans dans le TGV. Toujours en guettant du coin de l’œil si un contrôleur trop zélé n’allait pas nous foncer dessus en nous invectivant, ce qui n’est jamais arrivé, nous avons allumé les petites flammes que tu as soufflées avec la bonne volonté de rigueur !

A l’arrivée, « notre » appart nous attendait avec tout le confort que procure un « chez soi » à Paris, lieu idéal pour se reposer des longues heures d’errance dans les différences expos que notre statut de provinciaux en goguette nous impose de voir, sous peine de passer à côté d’événements incontournables ! Paris est noire de monde, on y parle toutes les langues de la création, enfin post Babel, et ceux qui ont le malheur de ne pas pratiquer l’italien n’ont aucune chance de pouvoir demander leur chemin à âme qui vive. Rome et Florence doivent être d’un calme plat si l’on en juge par la concentration de familles transalpines qui font grand bruit partout où elles passent.

Notre première allégeance à la culture se pensait modeste, mais c’est en fait une passionnante exposition qui retrace au musée de la Marine l’œuvre peint d’Albert Marquet. Nous aimons bien ce peintre vaguement régional : bien que né à Bordeaux et ayant grandi sur les bords du bassin d’Arcachon, il a passé sa vie à vadrouiller de bord de mer en bord de mer, en recherchant partout à rendre la mobilité de l’eau, les fugacités de l’atmosphère dans les ports et sur les rivages les plus variés. Il a sans doute gardé de son enfance girondine le plaisir des cadrages fermés de l’étendue aquatique, et ses toiles ont toujours un petit air d’ « estuarité » improvisée. Des ports de la mer du Nord à ceux des pourtours méditerranéens, des fjords de Norvège à la baie d’Alger, de la Rochelle à la Goulette, de Hambourg à Marseille, il allait, choisissait un hôtel avec vue plongeante sur l’horizon et, plaçant inévitablement la ligne de celui-ci dans le quart le plus haut du tableau, il écrivait en teintes parfois gaies, parfois grises mais toujours lumineuses, sa contemplation de l’eau et du ciel, leur mouvance, leurs nuances changeantes et discrètes. Pas de romance, pas d’emphase, ce n’est pas un peintre bavard ou démonstratif, il peint parce qu’il aime regarder… Est-ce une myopie corrigée sur le tard (il n’eut de lunettes qu’à 15 ans) qui fait de lui un observateur sans cesse émerveillé de l’eau et de ses vibrations les plus secrètes ? Toujours est-il qu’il est inlassable et qu’il ne se laisse distraire par aucune mode, aucun courant, il reste acquis à son sujet, la mer, avec simplicité et humilité. C’est un parcours vraiment intéressant que cette exposition, et que je vous recommande vivement pour découvrir un peintre modeste qui mérite cette rétrospective. Si vous y allez, jouons encore au jeu des musées de votre enfance : essayez de trouver l’intruse, elle est absolument superbe d’ailleurs !

Nous avions ensuite rendez-vous avec Hélène au Théâtre de la Porte Saint Martin pour y « déguster » notre cadeau de Noël et d’anniversaire : l’étonnant Malade Imaginaire interprété par un Michel Bouquet jubilatoire, entouré par une équipe bien au diapason de cette fable ironique sur les prétentions des Diafoirus et autres charlatans qui sévissaient au temps de Molière. La pièce nous a semblé nouvelle tant l’interprétation en était enlevée et convaincue, et Bouquet joue avec une finesse étourdissante ce personnage pourtant peu sympathique, il lui donne une véritable consistance, au-delà du comique du surface.

La soirée s’est terminée par un petit repas bien arrosé et bien appétissant au Bascou, où notre Hélène a refusé de souffler encore les bougies mais a accepté de bonne grâce le petit cadeau choisi à son intention ! Comme elle arborait une tenue en noir et blanc assortie au pendentif que lui a offert Henriette, elle a pu, sans contrevenir au bon goût, y ajouter les quelques pierres de couleurs d’un bracelet qui lui va, ma foi, très bien !

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