Entre les gens affairés et ceux qui, le nez en l’air, cherchent désespérément à déchiffrer d’innombrables panneaux aux promesses indéterminées, les aérogares me flanquent le bourdon. On y traîne son pas inégal entre escale languissante et correspondance galopante. Les équipages paradent, les roulettes cahotent et les enfants s’énervent.
Les boutiques y sont partout les mêmes étalant des produits identiquement inutiles et aguichants, une bouffe universalisée qui fleure l’insipide, et une foule grise qui semble avoir perdu le sens. Michel y balade son inépuisable enthousiasme pour tout ce qui porte « ailes », et frétille de l’objectif devant des sujets qui me laissent l’œil torve et l’inspiration en berne. Il y trouve une source inépuisable d’idées photo, reconnaissant parfois avec un sourire que « c’est quand même pas la peine de photographier n’importe quoi, sous prétexte que c’est n’importe quoi ».
Il se laisse impressionner par le kitch ambiant, me plante en riant devant une banane coupée et me dépêche de toute urgence voir les horreurs qui l’ont stupéfait, et il est bon public ! Les images vous l’aurez compris, sont de lui, la déprime m’est imputable !
Au risque de choquer, je préfère les quais de gare, ils ont une connotation voilée qu’un rayon de lumière peut illuminer, les verrières Modern Style de nombreuses stations ferroviaires nous parlent de l’enthousiasme béat que ces nouveaux lieux de rencontre ont suscité chez nos ancêtres qui les construisirent. Et au moins, sur un quai de gare, on se dit adieu, on agite bêtement la main pendant un temps qui paraît infini à certain, on s’embrasse très fort, on pleure parfois, et quand le train s’en va, on ressent toujours quelques chose : soulagement, détresse, peu importe, on vit. Mais, allez savoir pourquoi, Michel ne fait jamais de photos sur les quais de gare ! Sans doute un complexe artistique face à la référence prestigieuse des vapeurs troubles de Monet.
Pour autant, et malgré un voyage exagérément long, nous avons atteint Palermo à l’heure dite, récupéré une Lancia flambant neuve et rejoint notre chambre d’hôte sans encombre, grâce à Monsieur Tomtom. Accueil chaleureux et sympathique de Giuseppe, et pour finir la soirée, petit dîner dans un caboulot spécialisé dans les poulpes, les huîtres et les oursins, où toute la famille œuvre sans discontinuer 7 jours sur 7 autour de fourneaux fumants. Le petit vin d’Alcamo, parfumé et sans prétention, nous a assuré un endormissement rapide malgré une foire insensée sous nos fenêtres : la folie du samedi soir à Balestrate, cela vaut son pesant de sonorités tonitruantes et malséantes !
Ah la voilà de retour... d'Italie ! Mazette et Madame aurait préféré prendre le train ? Mais Madame ne serait pas encore arrivée :o) Je plaisante évidemment ! L'essentiel est que les heures qui ont suivi l'atterrissage aient été d'excellente qualité malgré le mauvais temps ai-je lu dans les billets suivants ?
RépondreSupprimerBon retour dans la blogosphère
Allons, faut pas se laisser avoir comme ça par la grisaille aéroportuaire !!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce post, il est très drôle ! En tout cas il sait tout de même te faire sourire Michel dans les aéroports, tu n'as pas du tout l'air déprimé attablée à ta moitié de banane ;-)
RépondreSupprimerah zut ! emilie, je n'ai pas pu te faire pitie donc... quelle horreur cette banane ! y avait aussi une fraise et un kiwi...
RépondreSupprimertu as raison Moun, c'est pas bien de raler comme ca et les trains italiens sont pires que les trains francais, ce qui n'est pas peu dire