ORDINAIRE

Retour à une des fonctions de ce blog, la "critique" cinéma... oh le grand mot... Et puis d'ailleurs, les filles, le film en question, Gran Torino, vous l'avez vu et aimé toutes les deux... Alors que dire de plus, sinon pour s'émerveiller du talent de cet ex acteur de série B qui fait l'unanimité avec des films, a priori soap, et a posteriori, fins, convaincus et pleins d'humanité. Non Marie, il ne faut pas confondre Clint Eastwood avec Charlston Heston qui, lui, a bien été le président de la National Rifle Association et que Michael Moore n'arrive pas à coincer dans Bowling for Columbine. Je crois que Clint est même anti-chasse, et n'a pas une passion particulière pour les armes à feu. Il ne faut pas non plus se laisser abuser par ce rôle tocard d'inspecteur Harry qui lui a collé à la peau, avec les atours inévitables du raciste, machiste, sexiste. Il dénonce assez de travers américains pour que ses convictions ne soient pas aussi simplistes et pas nécessairement suspectes : la réussite à tout prix au-delà des clivages sociaux, le star-system et le fanatisme du public, les relations familiales, la foi chrétienne, la maladie, la vieillesse et l'euthanasie, c'était dans Million Dollars Baby... La corruption de la police dans L’Échange... la pédophilie dans Mystic River... les dangers d'une justice expéditive dans Jugé coupable... J'ai adoré Gran Torino, c'est subtil, certaines dénonciations y sont portées de main de maitre, sans faux-semblants, l'évolution psychologique du personnage, pourtant improbable est amenée avec une grande souplesse. On y parle de tant de sujets graves, le racisme, la vieillesse, la solitude, la violence, l'intégration sociale, la survie de la religion catholique dans un monde où elle n'a plus sa place... que cela devrait être pesant. C'est drôle, émouvant, bien amené. Les grognements basiques de Clint rythment son évolution avec humour, ses miniques sont craquantes, et la fin, parfaite : ou comment devenir un héros avec des moyens ordinaires. Tourné avec de Hmong rarement professionnels, dans un souci d'authenticité et de clarté, le film n'a sans doute pas coûté une fortune, preuve qu'on peut faire du bon cinéma, américain de surcroit (oups !), sans super-production démesurée.

Aujourd'hui nous sommes allés à l'atelier d'Isabelle Abate et Jean-Claude Carlet à Saint Seurin d'Uzet, dont je vous ai déjà parlé dans ces pages, pour permettre à Michel de choisir lui-même son cadeau d'anniversaire. En effet, nous avions convenu que la sculpture qui lui fut officiellement offerte le 14 mars pouvait être changée, car c'est aussi un des plaisirs d'une œuvre d'art que d'avoir craqué pour elle. Et de fait, la visite de l'atelier, la découverte des œuvres en cours, la discussion avec les artistes lui ont permis de mieux s'imprégner de l'ambiance de création de ces pièces. Bien sûr le choix fut difficile et, à dire le vrai il les aurait toutes prises ces masses sombres aux reflets métalliques ! En faisant un "pré-choix" avec Madeleine sur le modèle "éclipses" nous lui avons imposé la base : il aurait eu du mal sinon à trancher entre les sages mongols, les "pierres" noires polies comme d'énormes galets, les acrobates. Il a finalement arrêté sa décision sur une éclipse nouvelle, pas tellement différente de celle que nous avions prise, un peu plus souple peut-être, plus douce aussi. Ronde sous la main, comme toutes, et lumineuse.

Pour finir la journée, nous étions invités à "goûter" chez nos voisins de la "petite maison aux volets bleus"! J'avais en fait réclamé à Luce des crêpes, car elle les fait trop bien, et elle nous régalés de galettes, de confitures et d’œufs en neige, une façon bien charmante de fêter la Chandeleur après l'heure et Pâques avant la Trinité !