lundi 11 mai 2009

CHERI, COLETTE ET ISABELLE


Cela faisait un temps infini que nous n'avions pas eu de toile, et en situation de manque, on va voir ce qui vous tombe sous la main. En l'occurence, ce fut Chéri, et honnêtement, à moins d'avoir vraiment 1h30 à perdre, évitez-le. Vous qui avez aimez Colette, sa langue riche et précise, son sens aigu de la formule efficace vous serez déçues. Vous verrez une histoire soap, qui soigne le côté reconstitution Belle Epoque, qui accentue un romantisme de pacotille au détriment d'une étude de mœurs énergique. C'est distingué, un peu maniéré, une sorte d'apologie du plaisir, plaisante certes, mais répétitive et finalement ennuyeuse. Stephen Frears s'est éclaté sur la justesse et la joliesse des costumes, il a soigneusement vidé les lieux de toute trace moderne quand il fait revivre le grand hôtel de Biarritz ou la place Vendôme. Rupert Friend est fade à souhait, Michelle Pfeiffer belle au-delà du possible et le milieu des semis mondaines idéalisé à outrance.
Mais de l'impudeur tranquille de Colette, de son insolente liberté, de son sens badin de la provocation, il ne reste rien. Le film est trop conventionnel pour exprimer son effronterie et sa vision de la vie. J'ai relu "La fin de Chéri" (impossible de mettre la main sur "Chéri) pour constater que Frears fait dans l'artificiel et le conventionnel. Il affadit notre bourguignonne gourmande, s'offrant en outre des raccourcis simplificateurs frustrants, il résume en particulier le malaise de Chéri au retour de la Grande Guerre en une phrase convenue et plate.
Rolla de Gervex
Pour vous traduire en terme picturaux l'erreur d'interprétation de Frears, il a fait d'une toile impressionniste un Gervex... il me semble d'ailleurs (était-ce là ou dans un autre film) avoir entrevu Rolla ! C'est donc, effectivement, superbe, mais pas dans le ton. Et heureusement que cela ne dure qu'une heure et demi, sinon c'était l'ennui assuré.

Le lendemain, il y avait à Meschers un festival de Salsa, et moi j'avais envie d'aller au concert du port me trémousser en cadence sur des rythmes chauds. Vous connaissez votre papa, les filles, et son manque d'enthousiasme valait mieux qu'une forte opposition. J'ai donc accepté en maugréant, de me laisser traîner voir Huppert, géniale disait la critique, semblable à elle-même disais-je en renâclant. Je trouvais qu'avec le Barrage contre le Pacifique on avait donné, et la perspective de la voir traîner son spleen avec élégance me soulait un peu.
J'avais tort, Villa Amalia, d'après le roman de Pascal Quignard que je n'ai pas lu, nous a vraiment plu. Malgré un passage à vide quand l'errance de l'héroïne devient maniaque et qu'on se demande où Benoît Jacquot est en train de s'enliser, le film est vraiment réussi. Bien mené, joué au cordeau par notre spécialiste nationale du mal-être de bon aloi, mis en scène avec un fort souci de réalisme et de rythme. Huppert joue du piano, court, nage, elle n'a voulu laisser place à aucune doublure. Elle parle même un italien tout à fait honorable. Et ce sont vraiment ses cheveux qu'on coupe dans la scène pivot où se met en place son rêve de fuite. La redécouverte de soi, d'une certaine liberté, l'abandon des stéréotypes que la vie vous a imposés, le dépassement des terreurs enfantines qui nous ouvre un avenir plus conscient, tout cela est traduit avec beaucoup de talent par le couple Jacquot Huppert, visiblement à fond dans leur sujet. Et, cerise sur le gâteau, la musique est tout simplement au diapason.

8 commentaires:

  1. Bonsoir,
    J'ai coché passionnant parce que n'étant pas cinéphile, je ne pourrai ni infirmer ni confirmer !

    Je préfère néanmoins laisser un petit mot anodin pour marquer ma présence sur ton billet toujours clairement exprimé !

    Bonne fin de soirée

    ps : la vérification des mots est plus que vulgaire :o) co..e.

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  2. Dommage pour la salsa... enfin bon, c'est toujours sympa d'aller voir un bon film ;)

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  3. C'est une bonne idée de commenter les films que tu as vus et aimés ou pas. J'en prends note en cas de sortie prochaine.
    Toi qui semble apprécier l'Italie et l'italien, as-tu vu "Le déjeuner du 15 août". C'est un film très simple (en VO sous-titrée). Les acteurs ne sont pas des professionnels pour al plupart. C'est une tranche de vie touchante. J'ai beaucoup aimé.

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  4. Elle est diabolique cette machine à fabriquer les mots
    Pas cinéphile mais n'as-tu pas envie, parfois, de t'offrir une bonne toile ?

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  5. Tu imagines papa acceptant de m'accompagner à la salsa ? Certes nous avons, à une époque, appris à danser le charleston ou je ne sais plus trop quoi ensemble, mais ce genre de miracle n'arrive qu'une fois !

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  6. Oxygène, je commente mes films parce que les filles, qui elles habitent Paris, ont la chance de pouvoir choisir leurs films. Ici, on en a 2 par semaine, ils sont bons ou mauvais, et basta ! Ainsi, quand on a aimé, ou détesté, on fait partager notre expérience... afin qu'éventuellement elles y aillent aussi.
    Pour le déjeuner du 15 août, je l'ai aussi beaucoup aimé, enfin je l'ai trouvé touchant et émouvant, malgré ses petits moyens ou à cause de ces petits moyens... j'avais fait un post, mais je ne crois âs que les filles soient allées le voir
    http://lepetitrenaudon.blogspot.com/2009/03/arroser-les-cailloux.html

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  7. Pas cinéphile mais n'as-tu pas envie, parfois, de t'offrir une bonne toile ?Euh non, le dernier film que j'ai vu, (j'avais accompagné ma fille aînée qui ne voulait pas y aller seule) c'est Talons aiguilles :o) J'ai été émue certes ! Je pense que c'est dans cette sorte de circonstance que je pourrais y retourner ! :o)
    Dernièrement, j'ai vu "bienvenue chez les ch'tis" sur un home cinéma, la famille était pliée en deux et moi, je cherchais plus à savoir ce qui les faisait rire ! En un mot, je crois, je suis piètre public :o)

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  8. Talons Aiguilles, un grand moment !
    Quant aux chtis je t'avoue ne pas avoir eu le courage d'y aller, craignant qu'il ne m'arrive ce qui t'est, justement, arrivé !

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