Jeudi en allant faire une course en ville, l'affiche m'a arrêtée... Le premier salon d'Art Contemporain au village de la plage à Royan... Superbe affiche, des noms inconnus de moi, et juste 3 jours. Il fallait donc impérativement y aller ce week-end.
Michel, aussi enthousiasmé que moi par cette manifestation où nous avons passé plus de 3 heures passionnantes, m'a avoué ensuite m'avoir suivie un peu à contre-coeur, vraiment pour me faire plaisir. Et persuadé que nous allions voir un amas de trucs bizarres, qui n'auraient d'Art que l'étiquette trompeuse et un salmigondis de mots qui s'enflent pour donner le change.
Et ce fut captivant. Nous avons rencontré des gens attachants, vu des oeuvres de très belle qualité et découvert de réels talents. Le mieux est de vous présenter quelques toiles et leurs auteurs
Le premier en entrant était l'invité d'honneur, Norbert Pagé. De grandes toiles aux immensités blanches, pas simple à reproduire en photo, des avalanches, des tempêtes de neige. J'ai choisi un diptyque, vague conquérante et contemplative.
Véronique Richard travaille en bronze aux patines subtiles. Elle s'est spécialisée dans des sujets sensuels et élégants de femmes aux courbes voluptueuses, mais j'avoue que j'ai eu une réticence, un peu trop "commercial" pour moi ces sujets "qui plaisent"... Vous les verrez sur son site mais j'ai préféré vous présenter une œuvre qui a plus de caractère, ce minotaure beaucoup plus inspiré.
Louis Harel est un ancien médecin anesthésiste qui est devenu peintre professionnel en 1992. Il travaille avec des craies de peinture à l'huile Sennelier, qui lui permettent des granulations de la matière donnant à son travail sur les couleurs brutes des contours indécis. Ces heurts s'opposent avec une réelle réussite aux glacis de teintes mêlées dont il fait ses fonds. J'ai personnellement beaucoup aimé ses toiles.
Son ami d'atelier Poncaral est aussi un peintre récent. Il était industriel et s'est consacré à l'art en 1990. Il s'est installé chez Julien Gracq où se trouvait son atelier. C'est d'ailleurs Julien Gracq qui l'a aidé dans sa recherche de pseudo d'artiste. Il faut dire que je n'ai pu m'empêcher de l'interroger sur ce nom... qui a bien sûr été inspiré par le héros d'Albéric Cahuet, Pontcarral, dont les exploits de colonel d'Empire faisaient rêver l'amoureux des chevaux qu'il était. Le héros de ce discret écrivain de Brives a été soufflé à l'écrivain, comme vous vous en rappelez peut-être, par l'ancêtre de Michel, Delfaud, pas vraiment colonel d'ailleurs ! Notre peintre cavalier nous disait aimer aussi le film que Jean Delannoy en a tiré en 1942.
Son souci est la recherche d'un style et d'une technique qui le démarquent des autres. Alors il travaille sur les vernis. Sa base : un vernis incolore, type vernis de meuble. Ses outils : le tampon, le pinceau et le racloir. Il colore ses vernis, avec des essences de bois, mais aussi avec d'autres teintes (il nous a cité le sirop de menthe !) et les passe en couches successives et opacifiantes. Après séchage complet, il fait sauter des plages de surface jusqu'à obtention d'effets attendus ou inattendus ! Ses toiles ont du caractère et du lyrisme ! Son style nous a fait pensé à Zao Wou Ki, ce merveilleux peintre chinois dont nous avions un jour découvert l’œuvre à Aix en Provence.
Les deux peintres se sont unis avec un sculpteur pour créer à Challain la Potherie un centre d'Art Open Eyes, où ils exposent leurs œuvres et nous ont convaincus d'aller les voir lors de notre prochaine virée vers Angers (cela devrait être pour cet automne car on pensait aller voir dans cette ville une expo reconstituant les manuscrits du Roy René). Ils nous ont recommandé aussi un restaurant étoilé qui risque de rendre cette future escapade très sympathique !
Et ce fut captivant. Nous avons rencontré des gens attachants, vu des oeuvres de très belle qualité et découvert de réels talents. Le mieux est de vous présenter quelques toiles et leurs auteurs
Le premier en entrant était l'invité d'honneur, Norbert Pagé. De grandes toiles aux immensités blanches, pas simple à reproduire en photo, des avalanches, des tempêtes de neige. J'ai choisi un diptyque, vague conquérante et contemplative.
Véronique Richard travaille en bronze aux patines subtiles. Elle s'est spécialisée dans des sujets sensuels et élégants de femmes aux courbes voluptueuses, mais j'avoue que j'ai eu une réticence, un peu trop "commercial" pour moi ces sujets "qui plaisent"... Vous les verrez sur son site mais j'ai préféré vous présenter une œuvre qui a plus de caractère, ce minotaure beaucoup plus inspiré.
Louis Harel est un ancien médecin anesthésiste qui est devenu peintre professionnel en 1992. Il travaille avec des craies de peinture à l'huile Sennelier, qui lui permettent des granulations de la matière donnant à son travail sur les couleurs brutes des contours indécis. Ces heurts s'opposent avec une réelle réussite aux glacis de teintes mêlées dont il fait ses fonds. J'ai personnellement beaucoup aimé ses toiles.
Son ami d'atelier Poncaral est aussi un peintre récent. Il était industriel et s'est consacré à l'art en 1990. Il s'est installé chez Julien Gracq où se trouvait son atelier. C'est d'ailleurs Julien Gracq qui l'a aidé dans sa recherche de pseudo d'artiste. Il faut dire que je n'ai pu m'empêcher de l'interroger sur ce nom... qui a bien sûr été inspiré par le héros d'Albéric Cahuet, Pontcarral, dont les exploits de colonel d'Empire faisaient rêver l'amoureux des chevaux qu'il était. Le héros de ce discret écrivain de Brives a été soufflé à l'écrivain, comme vous vous en rappelez peut-être, par l'ancêtre de Michel, Delfaud, pas vraiment colonel d'ailleurs ! Notre peintre cavalier nous disait aimer aussi le film que Jean Delannoy en a tiré en 1942.
Son souci est la recherche d'un style et d'une technique qui le démarquent des autres. Alors il travaille sur les vernis. Sa base : un vernis incolore, type vernis de meuble. Ses outils : le tampon, le pinceau et le racloir. Il colore ses vernis, avec des essences de bois, mais aussi avec d'autres teintes (il nous a cité le sirop de menthe !) et les passe en couches successives et opacifiantes. Après séchage complet, il fait sauter des plages de surface jusqu'à obtention d'effets attendus ou inattendus ! Ses toiles ont du caractère et du lyrisme ! Son style nous a fait pensé à Zao Wou Ki, ce merveilleux peintre chinois dont nous avions un jour découvert l’œuvre à Aix en Provence.
Les deux peintres se sont unis avec un sculpteur pour créer à Challain la Potherie un centre d'Art Open Eyes, où ils exposent leurs œuvres et nous ont convaincus d'aller les voir lors de notre prochaine virée vers Angers (cela devrait être pour cet automne car on pensait aller voir dans cette ville une expo reconstituant les manuscrits du Roy René). Ils nous ont recommandé aussi un restaurant étoilé qui risque de rendre cette future escapade très sympathique !
Artin - Mémoire déchirée
Artin - Chercher l'essentielArtin - Invocation
Artin - Chercher l'essentielArtin - Invocation
Quand nous sommes arrivés devant le stand d'Artin, j'ai senti Michel se braquer. Il faut dire que le discours syncrétiste et un peu illuminé de l'artiste, cette fois-ci un ancien informaticien d'IBM reconverti dans la peinture ésotérique, avait tout pour lui donner des boutons. Mais il faut avouer qu'après avoir visionné un petit film bien fait qui montrait le travail en atelier, il a été séduit lui aussi par ses toiles enduites de matière épaisse, structurée, gravée, malmenée, puis peintes sur ces reliefs improbables. L'écriture symbolique, les mots-clés guidant le spectateur dans la compréhension de l'oeuvre, le foisonnement des symboles construisent des oeuvres qui se révèlent très attachantes. Et, en plus de leur mysticisme énigmatique, fort esthétiques.
Michel Allard était, lui aussi, dans l'informatique avant de se consacrer à la peinture. Ses toiles, toutes de dimension identique, sont impressionnantes : elles foisonnent de vie, de détails et de transparences incroyables. Il travaille à l'acrylique sur papier, peint une dizaine de couches et retire au fur et à mesure de la matière picturale pour créer son motif. Malheureusement tant sur son site que sur mes photos, le petit format ne rend pas très bien l'esprit de ses toiles. C'est lui qui nous a confié que le plus beau compliment qu'il eut reçu lui fut donné un jour par une institutrice : elle lui déclara que c'était la première fois qu'emmenant ses élèves dans une exposition, ceux-ci regardaient vraiment les œuvres. Il faut dire qu'on a envie de s'y plonger dans ses méandres colorés.
... à suivre !
C'est vrai que certaines de ces ouvres sont très esthétiques, et ça a du être une bonne surprise sachant ce qu'est parfois l'art contemporain...
RépondreSupprimerCependant, j'ai parfois l'impression que l'art aujourd'hui, pour avoir le droit d'être reconnu comme tel, doit être abstrait, "expressionniste" ou tapageur... je trouve que malgré le talent de ces artistes, c'est un peu réducteur : on ne demande plus à un peintre de savoir dessiner, mais juste de jeter ses émotions sur la toile, et c'est un peu dommage.
Merci Michelaise pour cette très belle visite :)
RépondreSupprimerTu as raison Koka, c'est réducteur de jeter ses émotions sur la toile et surtout, ce faisant, de se parer de mots, de se souler de pédantes explications, et de sa vautrer dans un émotionnel trop souvent fait d'artifices. Pourtant les gens que nous avons rencontrés étaient différents : simples dans leur approche, ne cherchant pas des titres ronflants ou des explications a posteriori, ils parlaient plaisir de la matière, travail sur la technique et les couleurs, besoin d'explorer leur domaine avec toujours un œil neuf et créatif. Ce qui faisait le charme de cette longue visite c'étaient ces rencontres. Avec des gens vraiment passionnés et qui avaient choisi l'abstrait parce que pour eux, le figuratif est trop bien servi à l'heure actuelle par la photo ! ça se défend n'est-ce pas Chic !
RépondreSupprimerTous avaient plus ou moins fait du figuratif avant et l'avaient abandonné faute sans doute d'y trouver un espace où se démarquer.
Il y a effectivement du talent dans les tableaux que tu nous montres: notre oeil se laisse volontiers prendre à ces effets colorés...
RépondreSupprimerSans nier son intérêt, il me semble pourtant que l'art contemporain est souvent limité...
Limité à des impressions, des émotions, des "moments fugitifs" jetés sur la toile...
On y cherche désespérément une vision globale, une vision cohérente, construite, du monde qui nous entoure...
En ce sens, je le perçois comme le pur reflet de la situation intérieure dans laquelle nous nous trouvons, à notre époque.
Ne sommes-nous pas souvent perdus", ballottés par nos émotions, nos impressions, nos sentiments fugitifs...sans attache solide au réel, au Tout...dans un univers kaléidoscopique, qui nous offre une succession de "taches colorées", de "petits plaisirs éphémères", vite apparus, vite disparus...dans un univers virtuel, abstrait, parcellaire, dissocié, qui nous éloigne de notre réalité, de notre profondeur ?
Ton analyse est impressionnante de justesse et de sobriété Licorne. Et elle rejoint les réserves exprimées par Koka !
RépondreSupprimerNous fonctionnons en effet de plus en plus sur l'impression, sur l'émotionnel et l'art abstrait flatte ce travers de notre temps. C'est pour se donner contenance (et nous donner bonne conscience) que les artistes actuels se sentent obligés d'accompagner leurs œuvres d'un salmigondis sociologico-psychologique, qui est souvent très creux, ou très pédant, et en fait révélateur de la superficialité des fugaces sensations que nous procurent ces toiles colorées.
On est sensible à l'esthétique, une esthétique formelle et ce sont souvent des œuvres décoratives plus que spirituelles.
Pour autant, ce qui nous a séduits c'est bien la rencontre avec des gens passionnés et leur approche très "technique", avec un souci d'obtenir de la matière (sous différentes formes) un rendu qui les caractérise. Qui trahisse leur "patte". Il nous a semblé qu'ils étaient modestes dans leur approche mais acharnés dans leur recherche. Cela donnait à leur travail un aspect attachant !
Bonsoir Michelaise. Lorsque j'ai vu que ton article était consacré à la peinture contemporaine, j'ai eu un peu peur... Peur de ne pas comprendre... Je suis en effet parfois un peu réticente devant des à-plats de couleurs qui ne me parlent pas et qui semblent jetés sur la toile juste pour faire plaisir. Je trouve qu'il y a parfois une certaine forme de snobisme à s'extasier devant une toile totalement blanche ou légèrement barbouillée. Pardon à ceux qui aiment, moi, j'ai vraiment du mal à y voir de l'art.
RépondreSupprimerMais j'avoue que lorsque j'ai vu tes photos de tableaux, j'ai été séduite par certaines toiles. Celles de Louis Harel me touchent particulièrement. Couleurs, formes... je ne sais pas exprimer comme tu le fais ce que je ressens car je suis incapable d'utiliser des mots corrects et appropriés. Mon choix (tout comme pour la musique) n'est qu'instinctif.
Je suis admirative en lisant tes articles de découvrir en toi une telle érudition. Es-tu ou as-tu été journaliste ou critique d'art ?
En tout cas je te remercie de faire partager aux naïfs et aux non-connaisseurs, comme moi, de telles visites. C'est bien agréable de se cultiver un peu.
Je ne vais pas lire tes autres articles ce soir. Je suis en retard, mais cette fois, je sens une attaque du sommeil. A très bientôt ! Bises !