JARDIN BIO

Bon c’est décidé je vais faire du chiffre… c’est vrai ça, il est trop discret mon blog*. Et j’ai remarqué que dès qu’on parle de fleurs ou de cuisine, on a un succès fou ! Le compteur flambe et les commentaires enthousiastes se multiplient. Alors ce soir je vais parler de notre jardin.

Aïe ! je vous vois sourire les filles… d'un air entendu qui plus est ! Car vous savez combien nous n’avons pas la main verte, n’étant surtout pas doués pour le jardinage. Un mélange de paresse et d’incapacité, d’impatience et d’incompétence : s’il nous arrive de faire quelques tentatives jardinières, elles tournent vite court, faute de suite dans les idées. Donc, on fait entretenir vaille que vaille notre lopin et après avoir fait chiffrer par un paysagiste le réaménagement de notre pente vers l’estuaire, on en est toujours au point zéro de l’aménagement. Faut dire que le drôle nous prévoyait une main d’œuvre équivalente à 4 mois de salaire, charges sociales comprises. Ce qui, pour quelques cailloux couvrant moins de 500 mètres carrés, prouve que l’art des jardins est un art difficile.

Tous les soirs donc, nous admirons notre friche avec une fierté grandissante. Les graminées qui l’ont envahie sont superbes, au point que celles en vente dans les jardineries nous paraissent insignifiantes. Notre voisine, dont le jardin bien manucuré est fréquemment dévasté par un fils trop zélé qui parcourt le quartier en éparpillant devant chaque maison ses nombreux sacs de déchets végétaux (on n’a droit qu’à 3 par quinzaine et les consciencieux éboueurs ne font jamais d’exception), se désespère des conséquences germinatives prévisibles de ce joyeux désordre. Toujours est-il que, fort de la lecture d’un article dénonçant le fauchage des bords de route et la tonte des jardins, véritable « holocauste » (je n’invente pas, c’est bien le mot utilisé par le journaliste) de la faune miticole ou simplement agricole, Michel a décrété que nous devions lutter contre ce dépeuplement sauvage et garder nos chenilles et nos insectes. J’ai donc été priée d’annuler le prochain nettoyage, ce qui nous permet de voir mûrir nos graminées et de contempler chaque jour leur doux balancement dans la brise du soir. Michel a rajouté sentencieusement que d’ailleurs nous étions très « tendance »… certain qu’après la mode des jardins à la française, à l’italienne ou à l’anglaise, la prochaine fureur serait pour les jardins biologiques. Pas à base de purin d’ortie, décoctions de simples ou autres fariboles tout juste bonnes à permettre aux industriels réactifs de créer et de vendre de nouveaux produits sensément naturels mais bel et bien fabriqués en usine. Non non, de vrais espaces ensauvagés où croitront, comme dans nos herbes, le papillon, la libellule et le puceron. J’ai bien senti Marie que tu n’étais guère convaincue par l’esthétique de notre domaine, le côté novateur de notre démarche te semblant (à juste titre je crains) un prétexte foireux pour justifier notre inaptitude ! Pourtant notre plaisir, quand nous regardons les hautes tiges ondoyer dans la brise vespérale, envahies de papillons multicolores, n’est pas feint : nous trouvons vraiment cela aussi bucolique que la description bien conventionnelle que je viens de vous servir !

* Note : bien sûr c'est une blague, je ferai d'autant moins du chiffre que ce sont les vacances et mes adorables (mais rares) lecteurs sont partis !!! C'est vraiment un petit billet d'humour sur nos rapports parfois houleux et complexes à la chose jardinée ! Et vous montrer de vraies fleurs toutes élégantes n'aurait qu'un intérêt limité : on en trouve des tripotées bien plus belles que les miennes à longueurs de blogs ! Des graminées, en revanche... !