samedi 18 juillet 2009

A L'AN PROCHAIN


C'est toujours un drôle de moment que le dernier jour au Festival... le champ des possibles se réduit d'heure en heure, on a fixé les dernières réservations, on boucle les bagages, on retient sa chambre pour l'année suivante... et soudain toutes les pièces qu'on aurait pu voir s'agitent devant vous en vous faisant vibrer de regrets de devoir partir, car finalement il y a tant et tant de spectacles qu'on a ratés ! Et surtout, il ne faut pas rater la sortie, car finir sur un nanar c'est atroce.
Pour autant, notre dernière journée a été particulièrement réussie. Nous avons réorganisé le programme pour aller visiter l'exposition sur l'héritage artistique de Simone Martini au musée du Petit Palais. Grâce à des prêts du musée de Sienne (vous avez dû constater pas mal de "trous" aux cimaises de ce dernier ma pauvre Hélène la semaine dernière !) nous avons pu suivre sur 5 sections magnifiquement présentées l'oeuvre du maître, puis celle de ses élèves et suiveurs et enfin les traces de son influence picturale et stylistique dans la peinture siennoise jusqu'à l'aube de la Renaissance. Beaucoup d'oeuvres de petit format, aux accents presque miniaturistes, et un parcours didactique très intéressant.



La désopilante aventure d’un contrebassiste tout nu dans une rivière. Le sourire amer et tendre de Tchekhov, sur une musique de Borodine. Avec l’Ensemble Carpe Diem direction Jean Pierre Arnaud, sur scène.
Un concert extraordinaire. Une histoire saugrenue, burlesque et tragique. Du jamais-vu, du jamais-entendu! D.Duthuit-Le Figaroscope

Une fantaisie russe, où Tchekhov rencontre Borodine au fil d’un concert-marionnettes drôle et surprenant. Zurban-A.Cochard
Tu nous l'avais recommandé, Hélène, et vraiment nous avons adoré. Cette petite nouvelle de Tchekov joué par des marionettes sans fil se déroulait sur fond de musique de Borodine, un trio d'instruments à vent accompagnant l'histoire. En coulisse une contrebasse ponctue les épisodes en imprimant à l'ensemble un tempo grave. C'était délicieux, les instrumentistes étaient talentueux, les marionnetistes habiles et drôles, la mise en scène inventive et joyeuse. J'aurais aimé être programmateur de centre culturel, de ceux qui hantent (et encombrent !!) les files d'attente des salles avignonaises pour y faire leur "marché" de saison, pour acheter ce joli spectacle susceptible de plaire à tous.


Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte " en brillant l'argenterie " ce qu'elle vit de sa place de bonne. Elle est profondément humaine, son langage est cocasse - ça souffre pas une langouste, c'est habitué vous pouvez y couper la tête ça dira pas un mot - Et de plus, elle chante. Elle a vu grandir Ariane et suit l'évolution de sa passion pour Solal tout en livrant ses réflexions sur la société.
L'écriture d'Albert Cohen se prête au théâtre : le soliloque est aussi une adresse à sa soeur, à Ariane, au monde, donc à nous, spectateurs.

La Maison du Chat Bleu développe en Charente-Maritime des activités culturelles. Elle est soutenue par la Région Poitou-Charentes, le Pays des Vals de Saintonge et le Conseil Général
Encore une réussite : l'actrice qui joue Mariette, jouait avec un naturel, une faconde et surtout une émotion sans pareille. Le montage en saynètes d'épisodes choisis de Belle du Seigneur était impeccable. La bonne Mariette et ses réflexions pleines de verve, son amour sans faille d'Ariane, son dévouement, son bon sens paysan et sa tendresse maternelle tracent un fil conducteur dans l'histoire de Cohen, comme un sourire plein de nostalgie. L'actrice lit aux points stratégiques quelques extraits très brefs du roman, juste ce qu'il faut pour nous dire Cohen dans toute sa splendeur. Le reste du temps, elle astique l'argenterie, balaye, ravaude et parle d'une voix aux accents terriens marqués mais au timbre clair. Très crédible. Encore un spectacle que j'aurais bien mis dans mon panier !

Ensuite nous avons renoncé au Visniec malgré le charme indéniable du titre (La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour), afin de déjeuner au Caf'Thiers, ex bar de l'OM, toujours aussi sympa (pas de doute, les rugbymen c'est mieux que les footeux) et auquel nous n'avions pas rendu notre visite annuelle, et ensuite aller voir l'expo.



La Tempête est une pièce mystérieuse, une aventure fantastique. Son caractère baroque ouvre grand les portes de l'imaginaire pour une mise en scène délirante et débridée. Le jeu masqué et très gestuel des comédiens renforce la dimension surnaturelle de la pièce. Des créatures étranges apparaissent et disparaissent. Les naufragés, entre rêves et illusions, affrontent la magie et les dangers d'une "île" pleine de bruits et d'airs mélodieux.
Nous ne prenions pas grand risque avec ce dernier spectacle, tu nous l'avais garanti et c'était une superbe façon de terminer notre séjour. La mise en scène est époustouflante, l'actrice-acrobate qui interprète sans coup faillir Miranda et Ariel est virevoltante, légère, jolie, et surtout hyper douée. En plus elle joue très bien. Le reste est à l'avenant, précis, adapté au texte, inventif et très esthétique. En un mot c'est magique et enlevé, un spectacle total et vraiment merveilleux. On en oublie la diction désastreuse de Prospero qui avale la moitié de ses répliques dans une bouillie verbale qui devait au départ être un genre qu'il se donnait mais qui est devenu une manie d'acteur.
Avant de partir, nous avons fait dégusté quelques spécialités du Sénégal au Fabrik Théâtre, le cocktail de fruits au gingembre était plus doux que l'autre jour, le mafé et le poulet yassa délicieux. Le cuisinier nous expliquait comment naquit sa vocation lors d'un rassemblement scout national où, petit éclaireur courageux, il s'était porté volontaire pour tenir la cantine de sa troupe. Ayant à sa disposition quelques ingrédients, et aucune expérience (il avait 8 ou 9 ans) il décida de laisser parler son bon sens. Après un premier jour passable, il commença à faire de si bons plats que ceux des autres troupes voulaient tous venir manger avec eux. Les chefs pragmatiques décidèrent de lui permettre d'inviter chaque jour deux gamins des autres groupes, pour permettre à tous de profiter de ses talents. Un endroit qu'il faut marquer dans tes tablettes, Hélène, et où il faudra revenir manger l'année prochaine !

Si ces lignes étaient lues par quelques festivaliers et donnaient à d'aucuns envie d'aller voir certains de ces spectacles que nous avons découverts, aimés, adoré, partager ces moments de talent et de professionnalisme, écouter ces textes, apprécier ces mises en scène, je serais contente d'avoir, à ma façon, participé au grand jeu du bouche à oreille... C'est plus informatif que les infos échangées à la va-vite dans les files d'attente, car sur le nombre de pièces décrites, on peut se faire une idée de nos goûts et donc savoir si nos "conseils" correspondent à ce que l'on cherche ! A ceux qui me liront peut-être dans ce sens, bon Festival !

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'ai lu tous tes comptes-rendus et je me dis qu'il est bien dommage que je n'ai pas cette curiosité pour le théâtre ! Ce doit être très "jouissif" pour celles et ceux quand arrive ce festival tant attendu d'une année sur l'autre.

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  2. Tu es adorable Moun d'avoir tout lu... oui tu as raison cela devient une vraie partie de plaisir cette quête de la perle rare, ces recherches de moments intenses... cela rend difficile ensuite car il y a tant de possibles à Avignon qu'ensuite une bête petite pièce, ça fait bizarre. Une joie pour nous d'autant plus précieuse qu'Hélène la partage avec nous, et avec la même passion !!

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  3. PS trop marrante ta petite image... avatar c'est ça !! ça te donne un petit air coquin...

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  4. béatrice décoratrice, à Lausanne.19 juillet 2009 à 23:27

    Ce morceau de bravoure théâtrale est toujours intéressant de le voir par différents metteurs en scène, et, par différents décorateurs.
    Béatrice, décoratrice de Lausanne.

    http://beatrice-De.blogspot.com

    comment faites-vous pour obtenir que les sites proposés soient directement accessible en un clic.

    Vous pouvez éventuellement me répondre directement sur mon blog. Merci.

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