Ah mais, qui dit stage, dit lieu de stage ! Je vous rassure, déjà que l'affaire paraissait un peu folle, pas question de partir à l'autre bout de la France pour trouver, à grands frais, ce qu'on a finalement à sa porte. Et à notre porte, c'est à dire à Meschers, nous avons un lieu alternatif qui offre à un vaste public venant parfois de loin (si vous voyiez les immatriculations, ancien régime, un vrai festival !), une variété d'activités visant à l'épanouissement personnel, dans le cadre d'un projet qui existe maintenant depuis plus de trente ans et qui a défrayé la chronique villageoise par son côté vaguement sulfureux !
Parlons du lieu d'abord, "entre mer et forêt" est une immense propriété, vallonnée, joliment plantée d'essences variées et totalement insoupçonnable de l'extérieur. Pour nous qui faisons plusieurs fois par semaine de longues marches à pied dans la forêt et autour de ce lieu clos, cela a été une sacrée surprise de découvrir toutes ces installations, petit lac avec son île, chemins qui s'égaient en tous sens, aires de jeu et de détente variés, bref 13 hectares de paix et de sérénité, tout un monde agréable et pittoresque que le modeste portail d'entrée ne laisse absolument rien soupçonner.
Le concept ensuite, qui s'appelait autrefois "Espace du possible", rebaptisé "Jardiner ses possibles" : il a fait et fait encore jaser dans les chaumières avoisinantes.
L’Espace du possible est né en 1977 d’une utopie sociale et individuelle. Le rêve d’Yves Donnars, alors étudiant en psychosociologie et gestion : par la mise en application des dynamiques de groupe, potentiel créatif de tout un chacun, recherche d’authenticité dans les relations à l’autre, partage joyeux d’une " liberté réfléchie ", il décide de fonder un lieu alternatif dans cette immense propriété qu'il vient d'hériter. Chaque pensionnaire est invité à concevoir son séjour selon son propre rythme. Mais attention, l’espacien n’est pas un consommateur passif. Passionné par une technique, il peut s’improviser animateur d’atelier. " On n’est pas au Club Med. Ici, le demandeur devient proposant ", précise Yves Donnars, qui croit très fort aux échanges de savoirs, au déclic créatif du vulgus quidam. Le camping alternatif est ainsi devenu un vivier de formateurs en herbe. Comment être sûr, alors, de la qualité et du sérieux d’un animateur ? " On a un public d’initiés, et les nouvelles vont très vite… Si un atelier paraît fumeux, il ne tient pas deux jours ", assure une espacienne de longue date. Mais comme il est dit qu’ici tout est possible, on ne s’étonnera pas de dénicher un stage de " massage et écriture ", ou un atelier de " fabrication d’un piège à rêves, objet traditionnel indien ". Sans compter le "service hebdomadaire" qui demande à tous de participer à l'entretien des lieux en faisant 4 heures de services divers. Pourtant ici pas de vendeurs de gris-gris, ni de poseurs spirituels. Le chiqué et le vernis semblent bannis et on privilégie une certaine authenticité. C'est le royaume de l'écoute, pour preuve les "grandes oreilles", bénévoles attentifs suspceptibles de donner des informations de base ou de recevoir les coups de blues. C'est aussi le royaume du toucher. L'espace est célèbre pour ses cours de massages qui sont, sans aucun doute, à l'origine des soupçons qui pèsent encore sur lui. Mais il vaut aussi pour l'incroyable panoplie de formations en tous genres, de l'initiation à la vidéo, en passant par le modelage, la technique du croquis, les activités théâtrales ou sportives, tous les modes d'expression possible, individuels ou collectifs, bref une offre totalement hallucinantes de stages en tous genres, offert durant toutes les vacances scolaires et même en demie-saison.
A la fin de l’été 1998, l’Espace du possible se retrouve malgré lui sous les feux médiatiques. Dans Les Particules élémentaires (Flammarion 1998), l’écrivain Michel Houellebecq, habitué du lieu, fait une description cynique et amère de ce camping alternatif. Choqués par sa peinture – " ex-gauchistes flippées, probablement séropositives " (p. 129) et autre " pouffiasse karmique " (p. 136) –, les espaciens attaquent le romancier en justice. " On était surtout indignés qu’il ait passé une semaine ici quelques jours seulement avant la publication de son roman. " Finalement, le livre échappe à la saisie et l’Espace y est rebaptisé "Lieu du changement". Aujourd’hui, Yves Donnars souhaite ne plus parler de l’affaire Houellebecq, précisant qu’"un écrivain qui traite les femmes de bouches-à-pipe exprime surtout ses propres peurs archaïques de la femme dévoratrice, ce qui existe sans doute dans l’inconscient de bien des hommes". Ceux qui, ayant lu à la lettre Michel Houellebecq, viennent chercher ici une sorte de fête sexuelle sont déçus. On n’est pas au Cap d’Agde. Si la rumeur " Il vaut mieux être célibataire à l’Espace " persiste, c’est en souvenir d’une époque héroïque : à la fin des années 70, on célébrait la catharsis émotionnelle en groupe et on s’abreuvait des écrits de Reich, invitant chacun à atteindre l’orgasme. Pierre Grimberg, formateur en Sensitive Gestalt massage, reconnaît ne pas être revenu ici pendant une dizaine d’années en raison de l’exaltation ambiante. " C’était un peu angoissant, toutes ces demandes explicites. " Aujourd’hui, en ce domaine, tout n’est plus possible.
Une charte interne a limité les activités les plus expérimentales et on insiste beaucoup sur la nécessité d'apporter un t shirt et une serviette aux séances de massage. Et si l'espace est, et reste, le lieu de vacances idéal pour les personnes seules, en ce mois d'octobre 2009, il est surtout ouvert aux couples, souhaités majoritaires pour l'activité qu'on y découvre.
Car vous imaginez que je n'ai pas convaincu alter ego d'investir cette plateforme genre MJC des années 70, qui sent la transgression légère, le flirt post-lycéen et l’attrait du fruit défendu pour soixante-huitards ayant oublié depuis longtemps leur guerre pour l’amour libre, pour venir faire de la méditation transcendantale ou de la communication non violente !
Re PS c'est clair que si vous cherchez sur le site de l'association, vous devriez trouver le thème de ce fameux stage, pas fumeux du tout !!!
Je crois que l'idée principale qui me trottait dans la tête était la bonne... C'est quand tu as parlé de "démarche qui est vraiment à l'opposé de sa légendaire décontraction" que j'ai pensé à cette activité assez droite et raide (en tout cas dans les clichés). Je n'en dis pas plus pour laisser le suspens...
RépondreSupprimerLe cadre a l'air magnifique.
Je ne connaissais pas du tout cet endroit.
J'ai tenté, mais j'étais loin, n'est-ce pas... alors comme ça on s'encanaille ? ;)
RépondreSupprimerJe ne veux pas regarder le site pour l'instant. Je préfère encore essayer de deviner. Aurais-tu entraîné ton mari à la pratique de la natation synchronisée ? A moins qu'il ne s'agisse de bodybuilding...? Mais pas besoin d'être en couple pour ça... J'y suis ! Vous faites de l'antipodisme... Il faut être 2, ça fait travailler les muscles et c'est un peu, pour ne pas dire totalement fou... Bon c'est pas ça, bien sûr... Mais alors... Qu'est ce que c'est que ça que c'est.....???
RépondreSupprimerTu m'étonnes ! Je comprends la réticence de l'alter ego... Après lecture du texte. ;-)
RépondreSupprimerBonne nuit Michelaise. (sourire)
Mais, Michelaise, j'ai connu cet espace du possible, il y a bien longtemps et ton texte est une délectation...
RépondreSupprimerOui, l'espace du possible...ou rien n'est impossible.
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
Ah qu'il est beau l'amour d'alter-ego,vrai,pur,car si c'est ce à quoi je pense,MOI je n'aurais pas pris une semaine de vacances pour ça!!!
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