J'ai découvert l'auteure avec "La grand-mère de Jade", un roman au titre qui m'a attirée en souvenir du délicieux "Jade et les sacrés mystères de la vie", élégant conte philosophique pour enfants qui est paru en 1991 et sur lequel je m'étais précipitée pour vous l'offrir... 18 ans déjà !
La Jade de Frédérique Deghelt n'a aucun lien avec l'héroïne de François Garagnon, à part une fraicheur d'âme et un élan pour la vie et ses tournures les plus secrètes, et j'ai énormément aimé ce roman allégorique.
Comme c'est souvent le cas quand je découvre un auteur, j'ai voulu lire d'autres livres de Madame Deghelt. Après un premier roman édité chez Sauret en 1995, un grand silence. Et depuis 2007, coup sur coup, 3 livres chez Actes Sud, le premier dont le titre à lui seul est comme un beau poème "Je porte un enfant et dans mes yeux l'étreinte sublime qui l'a conçu", en 2008 "La vie d'une autre" et cette année cette histoire de grand-mère qui trompait son mari avec des romans, une juste et forte histoire d'impossible auquel on a parfois besoin de croire.
J'ai trouvé sans problème "la vie d'une autre" à la bibliothèque de Meschers, car Alice, la bibliothécaire a craqué comme moi pour Frédérique Deghelt et elle vient de commander les autres.
Je l'ai lu comme le premier, en le savourant pour en profiter pleinement, mais avec avidité car j'avais envie de savoir, de mieux connaître ses personnages, de progresser dans ces intrigues quotidiennes et pourtant si extraordinaires. Et moi qui, assez banalement je l'avoue, entretiens au temps qui passe un rapport ambigu, j'ai été éblouie par cette histoire de mémoire qui tranche, et trie, et reconstruit.
On peut reprocher à F. Deghelt un style trop simple, parfois à la limite de la facilité d'écriture, disons sans la moindre affectation littéraire. Et si vous êtes difficile sur ce point, ses livres ne vous enthousiasmeront guère.
Mais j'ai personnellement accroché sur ses histoires, proches du conte et du parcours initiatique. Je me suis livrée sans retenue au mystère de l'oubli, celui qui nous fait censurer nos échecs et nos peurs, à effacer nos terreurs et nos doutes pour repartir, celui qui nous pousse à désapprendre nos faux pas et nos faiblesses, celui qui nous fait rayer d'un trait de mémoire les événements dont nous pressentons que nous n'arriverons pas à nous relever.
Cet oubli dont on pourrait penser, avec purisme, qu'il n'est qu'hypocrisie ou négligence volontaire, plutôt que d'affronter les difficultés. Et qui, pourtant, demande parfois un long travail d'anesthésie pour ne pas entacher l'avenir des lourdeurs du présent. Cet oubli qui parfois vous tombe sur le coin de la mémoire, sans crier gare et faisant son travail de rémission et de grâce à votre insu, salvateur et, paradoxalement, constructeur.
Tant il est vrai que de vivre dans la rancune, le rabâchage et la ratiocination, la remise en route des mêmes rouages pour ré-enclencher les mêmes souffrances, n'est pas source d'épanouissement ni de plénitude, et provoque une régression affective qui finit par tuer la sensibilité. On se raccroche aux erreurs, aux blessures et aux ratages, on y trouve prétexte et justification, et rien n'est plus lourd à porter que la rancoeur.
J'avais beaucoup aimé Mamoune La Grand Mère de Jade,que ses filles voulaient "placer"en maison de retraite.
RépondreSupprimerLe récit à deux voies,certes simple mais aussi poétique,
La visite de Denise,un grand moment!!!
La fin peut sembler un peu fleur bleue ,mais je garde en mémoire surtout l'amour de la lecture.
Merci Michelaise de ce retour en arrière,je vais sans plus tarder me mettre en quête de La vie d'une autre
S'il y a bien une notion qui m'est obscure c'est bien la "la facilité d'écriture"
RépondreSupprimerPour moi et depuis toujours l'écriture c'est effort et douleur.
Fred, "on" a reproché à F.Deghelt d'écrire sans prétention littéraire, avec des formules un peu "toutes faites", des clichés paraît-il... je dis bien "on", les bons apôtres d'une littérature savante, ou du moins sophistiquée... Quant à moi, j'aime bien son style qui s'adapte à son propos.
RépondreSupprimerAloïs, j'ai trouvé que ces livres valaient particulièrement par leur contenu humain, surtout l'histoire de Mamoune, en effet... "La vie d'une autre" m'a vraiment interpelée, l'oubli comme preuve d'amour, l'oubli comme facteur de rédemption...
Merci pour la critique de ce livre qui paraît ressembler à une "leçon de vie".
RépondreSupprimerAnne
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerMoi, je ne fais que prendre des notes concernat les tiennes en des domaines si intésément variés et si teressants...dans mon petit carnet qui va devenir trop petit.
En ton site, il y a plein de chemins de traverses et toi, tu les empruntes avec une belle délicatesse...Et je sens si souvent l'intellectuelle exigeante et sensible.
Donc merci beaucoup d'accepter que je sois un profiteur...
Je te remercie beaucoup aussi de tes mots sur mon blog, mais je crois que tu n'as pas pu comprendre pourquoi le rideau se ferme....
Mauvaise présentation de ma part. Et c'est un si petit détail...
Bon dimanche
BIsous.
Un livre qui parle apparemment de mémoire, voilà qui devrait me plaire ! (et un de plus sur la pile des "à lire" ;))
RépondreSupprimerC'est cata cata la pile des "à lire", elle menace sans cesse de s'effrondrer car elle ressemble à la Tour Eiffel !
RépondreSupprimerHubert, je retourne de ce pas relire ton billet car si j'ai tout compris de travers, fo ke je me penche sur le sujet du rideau rouge !! Je suis trop flattée de remplir ton petit carnet Herbert !!
oui, Anne, vous avez raison, une leçon de vie, comme on aime en lire à certains moments de vie...
En cliquant par hasard dans les pages de ton blog, mon oeil a été attiré vers la couverture de jade ou les mystères de la vie que j'avais aussi ofert à ma cadette... et j'ai été toute surprise de tomber sur la "critique"de la grand-mère de Jade! qu'est ce que j'ai aimé ce livre! et je ne savais pas qu'on reprochait à l'auteur sont stylke simple , moi je trouve tous ses écrits plutôt bien écrits, le dernier, "la nonne et le brigand" que Françoise a d'ailleurs beaucoup aimé(et correspondu avec l'auteur sur le livre !) , j'ai trouvé moi que c'était une écriture plutôt puissante et inspirée ?! il faut absolument que je lise "je porte un enfant..."
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