samedi 13 février 2010

PERSONNE...


Les bulles de savon que cet enfant
s'amuse à tirer d'un chalumeau
sont dans leur translucidité toute une philosophie.
Claires, inutiles et transitoires comme la Nature,
amies de yeux comme les choses,
elles sont ce qu'elles sont,
avec une précision rondelette et aérienne,
et nul, pas même l'enfant qui les abandonne,
ne prétend qu'elles sont plus qu'elles ne paraissent.

Certaines se voient à peine dans l'air lumineux.
Elles sont comme la brise qui passe et qui touche à peine les fleurs
et dont savons qu'elle passe, simplement
parce que quelque chose en nous s'allège
et accepte tout plus nettement.

Poème XXV du Gardeur de troupeaux d'Alberto Caeiro

Certaines d'entre vous, nombreuses, ont plusieurs blogs, et j'en ai moi-même entamé trois... "Fan de Loup", l'histoire de la folle aventure d'éducation à la maison de nos 2 filles... "l'instruction est obligatoire, pas l'école" !! blog perdu dans les mailles de la toile que je suis moi-même incapable de retrouver, et finalement resté à l'état d'ébauche... "Le Petit ReNaudon, l'authentique", qui ambitionnait de publier notre journal à 8 mains du temps où nous faisions un vrai tirage papier, envoyé fidèlement à une vingtaine de lecteurs, et dont je voulais vous offrir les filles, un remake internet ! Le lien, végète sur le côté droit de "Bon sens et déraison", le seul que je parvienne à tenir de façon satisfaisante et régulière. Un jour sans doute, je relancerai tout cela !! Surtout Fan de Loup, histoire vécue, écrite aussi, et qui mérite d'être contée.
Et voilà qu'une autre idée m'est venue l'autre jour, alors qu'Alter rentrait tout fier de Royan avec un petit cadeau pour moi, un Lévi-Strauss réclamé il y a peu sur ce blog, et un autre cadeau pour nous car à partager tant c'est beau : "Le Gardeur de troupeaux" d'Alberto Caeiro... J'ai tout de suite eu envie de publier un poème par jour, accompagné d'une photo judicieusement choisie et d'une réaction personnelle, brève. L'idée est belle, mais cela se ferait au détriment de mon boulot (et déjà que les fonctionnaires sont mal aimés, mal évalués et réputés tire au flan, vous imaginez le travail !!), au détriment aussi de "Bon sens et déraison" que je tiens à entretenir vivant pour vous, les filles ! Cela pourrait être aussi pour plus tard, sauf qu'entre temps j'aurai d'autres idées !! Et c'est tant mieux...
Fernando Pessoa, son nom en portugais signifie personne, une personne, nous l'avons découvert en 2008, au Festival d'Avignon : le coup de foudre ! La pièce était savante, difficile à suivre, mais admirable et captivante, et à peine sortis, nous nous sommes précipités sur les infos existantes pour mieux comprendre ce phénomène littéraire absolu et incroyable qu'est Pessoa. Difficile de faire bref sur cet écrivain portugais dont je vous offre simplement une description rapide, puisée sur Wikipédia :
Prolifique et protéiforme, Pessoa est un auteur majeur de la littérature de langue portugaise et de la littérature mondiale (il est traduit dans un grand nombre de langues, des langues européennes au chinois). Il crée une œuvre poétique multiple et complexe sous différents hétéronymes en sus de son propre nom : Alberto Caeiro, qui incarne la nature et la sagesse païenne ; Ricardo Reis, l'épicurisme à la manière d'Horace ; Alvaro de Campos, le « modernisme » et la désillusion ; et Bernardo Soares, auteur du Livre de l'intranquillité, considéré par lui comme son semi-hétéronyme, plus proche de l'auteur orthonyme. Il signe aussi quelques textes en prose sous son propre nom, comme Le Banquier anarchiste. L'hétéronymie deviendra sa façon d'être. De multiples autres hétéronymes auront des fonctions diverses, de l'astrologie à l'auteur de rébus. Il reste que les grands hétéronymes littéraires auront une telle force, seront à l'origine d'une si unique création littéraire que l'auteur leur trouvera même à chacun une biographie justifiant leurs différences. Fernando Pessoa deviendra "le cas Pessoa" pour grand nombre d'intellectuels, de critiques, de littérateurs, de simples lecteurs.
Concernant Le Gardeur de troupeaux, Pessoa raconte qu'un jour de mars 1814 il s'approcha d'une commode haute et, prenant un papier " je me mis à écrire, débout, comme je le fais toutes les fois que je le puis. Et j'écrivis trente et quelques poésies, en une espèce d'extase dont je ne saurais définir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie, et jamais je ne pourrai en connaître de semblable... Et ce qui suivit fut l'apparition en moi de quelqu'un à qui je ne tardai pas à donner le nom d'Alberto Caeiro... mon maître". Le plus étonnant pour l'auteur est que, libéré de sa propre inexistence en tant que Caeiro, il prit ensuite un autre papier où il écrivit d'affilée également, une suite de poèmes La Pluie Oblique, sous le nom de Pessoa.
Le Gardeur de troupeaux est un homme qui vit aux champs, un sage sensuel, détaché de la vanité du monde, et dont le regard oscille sans cesse entre stupeur et émerveillement. Un délice à déguster seul ou à deux, car cela se prête merveilleusement à la lecture à haute voix, et dont je vous offre un poème choisi... C'est parce que ce choix a été très difficile que je rêvais un blog Caeiro !! Le choix s'est fait en hommage à Koka, sur une photo prise par Mandarine... C'est frustrant de ne vous en offrir qu'un, mais je suis certaine que vous aurez envie de le découvrir en entier !!


Quelques liens pour mieux apprécier cet auteur :
L'article de Bibliomonde sur Pessoa avec tous les ouvrages de lui référencés sur Bibliomonde, liste à droite
Pessoa, sa vie, son œuvre par Inês Oseki, dans la République des lettres

19 commentaires:

  1. Quel dommage que tu n'aies pas publié ce billet un ou deux jours plus tôt.
    Tu aurais pu te rendre 11 rue de Médicis chez eux
    http://www.jose-corti.fr/
    et découvrir
    http://www.jose-corti.fr/auteursiberiques/pessoa.html
    C'est grâce à Bertrand Fillaudeau et son parcours atypique qui dirige maintenant ces éditions que j'ai découvert Pessoa.
    Bertrand Fillaudeau qui n'est autre que le frère du plus proche collaborateur du gentilhomme!!!!

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  2. Quel dommage de parler d'un auteur aussi immense qu'inclassable en se référant à la culture Wikipédia : comme "digest", c'est plutôt... indigeste...

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  3. Allons bon Aloïs, le billet était en prêt à paraitre... dommage en effet !
    Mona, je suis désolée de n'être qu'une pauvre wikipédienne indisgeste... mais tout le monde n'a pas forcément les moyens intellectuels de faire un article original, digeste et inédit sur Pessoa. D'autant que, cela vous aura sans doute échappé, mon blog ne se veut JAMAIS didactique. J'écris des billets qui ont pour prétexte tel événement, tel livre, tel film, et j'en profite pour traiter des sujets divers.
    Je vous envie beaucoup d'avoir tellement de culture que vous puissiez vous permettre sans rougir d'émettre des censures aussi drastiques ! Et regrette pour vous cette intransigeance qui vous oblige à des jugements tranchés et assassins !!!

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  4. Et j'en profite pour saluer au passage ton beau-frère Aloïs qui, lui, réellement très cultivé, ne se serait pas forcément permis un post aussi désobligeant, j'en suis certaine !!!

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  5. Mais dis moi Michelaise,tu ne vas quand même pas te justifier????
    Je me suis payé le luxe toute peste que je suis d'aller lire le profil d'une certaine personne!!!!!!
    Très amusant................

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  6. Ouhlala! il y a de l'eau dans le gaz... peut-être de la neige. L'hiver est vraiment trop long!
    Calme et sérénité en cette période de Saint Valentin.
    Personnellement je n'ai jamais lu Pessoa,on ne m'en voudra pas je l'espère, je lis d'autres choses que vous ne connaissez peut-être pas, chacun ses trucs et puis la culture c'est aussi celle que l'on se fabrique au contact des uns et des autres. C'est tellement personnel n'est ce pas? Et c'est ainsi que grâce à Michelaise je vais aller le lire ce bouquin.

    Soyons compréhensif les uns envers les autres!

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  7. J'aime beaucoup l'idée de cet auteur si prolifique qu'il peut se permettre d'écrire sous de multiples pseudos... Quel talent ! La légèreté du texte sur les bulles est si douce et réaliste que j'ai vu ces bulles se déplacer autour de moi avant d'éclater...
    Juste un petit mot hors sujet pour te dire que j'ai bien pensé à toi pendant le match France/Irlande essayant de te reconnaître sur l'écran au milieu du champ de trèfles irlandais... ;-)
    Je te souhaite maintenant un très bon dimanche !

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  8. Je pensais que bloguer supposait un peu de recul, et surtout un peu d'humour... Je ne disais pas que c'était votre billet qui était indigeste, mais les références Wikipédia qui sont souvent truffées d'erreurs... Bref... Mille excuses si vous vous êtes sentie blessée et ayez senti le besoin de m'agresser sur une intention que je n'avais pas... celle d'étaler ma culture (si j'en avais, je ne la servirai pas sur un commentaire de blog)... Bon, peut-être que je suis tombée sur un blog privé, je vois des messages personnels... Vraiment désolée...

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  9. Je ne me permettrais pas d'entrer dans votre débat, je me pose simplement une question : ^^ Comment faites vous pour alimenter vos blogs avec autant d'assiduité, en conjuguant votre vie familiale et professionnelle ? Personnellement je n'y parviens pas.

    Tant pis...je me lance. Je n'ai pas la prétention d'être une intello, toutefois je trouve Wikipédia très pratique et pas si nul que certains(es) le prétendent. Un avis qui n'engage que moi.

    Sinon... Il reste les bibliothèques. Il m'arrive d'y faire un tour. ;-)

    Bises Michelaise, merci pour tes sujets, je trouve que tu les traites avec beaucoup de recherche et d'application.

    Continue.

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  10. Michelaise, je vous remercie pour ce poème que je découvre et que je trouve sublime. Je serais ravie d'en lire d'autres. Que vous décidiez de leur réserver un blog particulier, soit, mais n'interrompez pas, s'il vous plaît, vos publications sur "Bon sens et déraison". Même si elles sont réservées en priorité à votre famille, les autres lecteurs ont beaucoup de plaisir à les lire.
    Bonne Saint Valentin à vous et à Alter!
    Anne

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  11. Bonjour, Michelaise.
    Je suis si content de retrouver Pessoa de cette façon-là, inattendue et originale, qoui qu'il ec soit.
    La stupeur et l'émerveillement...
    Ne s'étonne-t-on as toujours du merveilleux ?
    Comme la bulle de savon...c'est tout simple.
    Merci beaucoup.
    Bon dimanche.
    Je t'embrasse.

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  12. Ce billet était chaleureux comme le sont tous les autres.
    J'aime vous lire même si je ne laisse pas souvent de commentaires.
    Merci Michelaise.

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  13. Elle ressemble beaucoup à son papa la p'tite ;)

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  14. Merci Michelaise pour ce billet, cette douce photo et son harmonie poétique, c'est une très bonne idée, l'occasion de scanner aussi au fur et à mesure les photos anciennes tu sais en les photographiant ça va plus vite !
    Bises.

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  15. Merci pour cet article Michelaise. Jusqu'à présent "Pessoa" était pour moi uniquement un enrênement pour faire travailler les chevaux... lol
    http://www.le-site-cheval.com/materiel/enrenement3.php

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  16. Merci Michelaise pour ton article, qui j'en suis sûre permettra à certains de tes lecteurs des découvertes. Personne n'a jamais dit qu'un de nos "articles" (ou messages, ou billets) devait faire la synthèse d'un sujet, tel une Encyclopedia Universalis repensée chaque matin...
    Il nous donne des idées ; à nous, grandes personnes que nous sommes, de creuser plus loin le sujet,si le coeur nous en dit.
    Il aurait été plus constructif de nous donner une référence. Wikipédia, qui après tout est une encyclopédie en construction, dont les articles sont souvent écrits par des passionnés du sujet, donne d'ailleurs des liens pour aller plus loin.

    Je vois que tu réagis aussi mal que moi aux critiques, ça me rassure (sur moi-même !) ;-)) C'est heureusement fort rare dans le domaine des blogs, et c'est bien comme ça parce qu'"On n'est pas là pour se faire eng...".
    Bonne journée à toi et à tes lecteurs.

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  17. Une telle abondance de commentaires, cela mérite un article à soi tout seul, pour vous répondre, au mieux, à tous ! le récit du séjour à Paris attendra un peu... au risque de faire comme lors du dernier séjour, de zapper Paris ! Mais serait-ce si grave ? Koka y était et Mandarine est sur les pistes enneigées donc pas trop branchée sur Bon Sens et Déraison !

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  18. Mais quelle histoire !! bon moi je ne connaissais pas Pessoa ... comment aurais-je pu le connaître?? y'a tant de choses que je ne connais pas et que tu me fais découvrir ! et puis désolée Mona mais dans ce blogue, on échange alors libre à vous de dire que vous ne pensez pas comme ça et donner votre avis ! je ne pense pas que la Michelaise vous veuille !
    Je n'avais pas pris le temps de lire cet article, car en plus j'aime bien lire les commentaires des un et des autres , les amis de mes amis ne sont-ils pas mes amis ?
    Mana ce blog n'est pas un blog de culture mais un blog d'amitiés plein d'humour!

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  19. Rien de grave Françoise DeA, la portugaise de nom !!! Mona ne pensait pas à mal, elle a simplement une passion pour Pessoa et a voulu le dire, à sa façon, maladroite... j'aurais préféré s'il y avait erreur dans mon texte, qu'elle me le signale, simplement et gentiment, sans faire d'humour (j'avoue ne pas avoir compris en quoi sa remarque aurait dû me faire rire ?)...

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