Un film pour enfants qui fait le plaisir des adultes : Fantastic Mr Fox est une animation de grande qualité, même si les scènes rapides et vues de loin sont un peu saccadées. Si vous aimez les chiffres " 4000 accessoires, 500 marionnettes et 150 décors (dont certains mesurant plus de 10m de long) ont été nécessaires pour réaliser le film. 5229 plans et 621 450 photos ont été enregistrés, et tous les jours 120 gigaoctets de données étaient générés (18,5 téraoctets de données ont été conservés au final)". Le film a été, à l'ancienne, réalisé en vues fixes, prises tout simplement avec un Nikon D3 !! Le genre a fait ses preuves et les "puppets" au coeur tendre et à la psychologie généreuse nous égrènent de façon très plausible les thèmes de la différence qu'il faut admettre, voire valoriser, des promesses qu'on ne sait pas tenir parce que le naturel reprend le dessus, de la solidarité qui permet d'être plus forts, des rivalités qu'il faut apprendre à dépasser... Les yeux sont volontairement toujours ouverts pour donner plus d'intensité aux personnages et à leurs sentiments, et ces yeux sont tellement réalistes qu'on a l'impression que ce sont de vrais ! Derrière la cagoule de bandit subsistent toutes les diversités et aussi les fragilités. L'auto-critique de Mr Fox, héroïque et vaniteux, qui avoue qu'il a besoin d'être reconnu, admiré, et qu'il passera sa vie à vouloir faire des exploits superflus et dangereux simplement pour affirmer sa personnalité, quoiqu'il en coûte à lui-même et aux siens, est un moment émouvant qui nous parle de nous et de nos vulnérabilités. Les voix d'Isabelle Huppert et de Matthieu Amalric dans la version française sont au diapason, c'est délicieusement joué et pour une fois, il n'est pas gênant de ne pas voir la version originale car les mouvements de "bouche" des animaux ne sont pas en contradiction avec les sons ! Ce film est un petit bijou d'humour et de tendresse qu'il faut s'offrir un soir de blues pour se remonter le moral.
La deuxième toile du week-end était un de ces films qui vous font trouver le cinéma enthousiasmant : Disgrâce, est un film sombre mais réellement envoûtant. Le talent et la présence particulièrement charismatique de John Malkovitch y sont pour quelque chose. Mais le scénario est puissant et les toiles de thèmes entrecroisés qui donnent à réfléchir l'enrichissent considérablement. Je n'avais pas envie d'y aller, fatiguée, le moral dans les chaussettes, je n'avais pas le courage d'affronter les scènes de viol annoncées et la violence incontournable de l'histoire. J'aurais eu tort et si la violence est là, suggérée plus qu'imposée, par les bruits des sirènes au Cap, par les rumeurs inquiétantes omniprésentes dans le Kalahari, les viols sont suggérés et l'on évite la composante voyeuriste indissociable de ces moments difficiles à filmer. Le film est noir, on est loin d'Invictus et de sa vision optimiste de l'avenir de l'Afrique du Sud. Ici la culture de chacun s'impose, sans morale, sans repère et le propos est dérangeant. Le romantisme dévoyé du professeur blanc se heurte sans retour à l'intransigeance puritaine de son milieu et aux réactions intraitables de ses victimes. Il va se réfugier dans la ferme isolée de sa fille, homosexuelle, qui se pose en vivant reproche à son idéal de Casanova sur le retour. Et là, la violence le rattrape et le met face à ses contradictions et à la vanité de son nihilisme. Le viol de sa fille, c'est plus une histoire d'hommes qui asservissent les femmes que de noirs contre les blancs. Le film est long, mais cela ne se ressent guère, et même s'il semble se terminer en queue de poisson, la fin est logique : pas d'espoir à court terme dans ce monde où le seul rayon d'espoir pourrait être la naissance d'un enfant, mais personne ne se hasarde à le penser, tant la désespérance triomphe. Un film peu diffusé, il n'est pas vraiment "politiquement correct", et la presse est loin d'être louangeuse, ce qu'il est incroyablement injuste. Il faut à tout prix le voir en VO tant la voix de Malkovitch participe à la réussite générale de l'ambiance pesante et pitoyable de cette tranche de vie. L'acteur impulse un rythme et une profondeur à cette adaptation du roman de Coetzee qui décrit sans concession l'après-apartheid et que je me propose de lire prochainement. Comme d'habitude rien ne dit que ceux qui ont déjà lu le livre apprécieront avec autant d'acuité le film de Steve Jacobs.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe ne suis pas cinéphile comme tu le sais et pourtant, je lis souvent avec "délice" tes critiques !
Tu me donnes envie de lire ce roman de Coetzee, que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerOn en reparle !
Merci Moun, cela me fait plaisir car je sais qu'il y a peu de cinéphiles dans mes lecteurs et j'écris surtout pour Mandarine et Koka (Aloïs ayant, en la matière une place à part !!)
RépondreSupprimerNorma, je suis en train de le commander...
Tu le sais Michelaise quand il fait beau j'ai du mal à entrer dans les salles obscures,pour peu que des permanences pour cause d'élection me punissent,et alors j'ai un retard fou!!!
RépondreSupprimerEt là ce n'est rien de le dire.
Mais je vais me rattraper ils nous annoncent de la pluie pour la fin de semaine prochaine.
Mother,toujours pas en vue à St Georges?
Finalement c'est toujours lui qui remonte à la surface dernièrement
Non Aloïs j'enrage, aucun des films que tu recommandais ne montre le bout de son nez... à quoi cela me sert-il, dans ces conditions d'avoir une informatrice attitrée à Paris ????
RépondreSupprimerAh très joli ce nouveau bandeau :)
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