jeudi 1 avril 2010

COMMIS VOYAGEUR


C’était encore une de nos interventions volontaristes, persuadés qu’il fallait à tout prix vous faire tout découvrir. Nous étions partis avec vous au Festival d’Angers et après un Othello d’une rare beauté, nous vous avions imposé la Mort d’un Commis Voyageur, réalisant un peu tard durant le spectacle que le contenu affectif de la pièce était sans doute trop dur pour deux petites filles.

Mort d’un commis voyageur est le portrait sans concession de l’Amérique triomphante de l’après-guerre et de son credo matérialiste, accompagné de grandes vertus cardinales : l’apparence, l’argent, l’efficacité. Un autre thème fort y est celui de la cellule familiale : l’épouse est, à la fois, effacée et terriblement présente et l’amour du père pour ses fils semble central dans les événements qui se succèdent. On pointe aussi une réflexion sur le temps qui passe, les moeurs qui évoluent et la difficulté à s’adapter à ces évolutions, une sorte de dénonciation d’un « marche ou crève» très contemporain. Tous ces thèmes sociétaux sont finalement terriblement d’actualité et on est toujours aussi ému en assistant à cette lente déchirure, à cet effondrement dramatique d’un homme dont toute la vie, basée sur des valeurs fausses, s’effondre quand il pourrait enfin en profiter.
Au centre de la scène, un immense linge blanc recouvre une forme imprécise qui se révèlera une carcasse de voiture au lever du rideau. La carcasse cabossée, amochée comme Loman, l'anto-héros de la pièce, restera plantée là, pièce maitresse de ce jeu de massacre qu'est la vie de ce malheureux. Cette mise en scène d’une sobriété dépouillée était finalement terriblement efficace. Jouée avec beaucoup de justesse et de talent par des acteurs parfaitement dans le ton, elle nous a vraiment enthousiasmés et nous avons renoué avec Miller avec un plaisir intact. C'était au TNBA et le spectacle nous a vraiment plu.

4 commentaires:

  1. Je me rappelle juste avoir adoré et avoir pleuré, pleuré, sans pouvoir m'arrêter.
    Et je crois qu'il faisait froid et que nous étions sur des gradins très inconfortables, avec des chaises en plastique.
    Un souvenir flou mais beaucoup d'émotions !
    J'ai d'ailleurs offert à Klux le film avec Dustin Hoffman. J'espère que nous ne serons pas déçus...

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  2. Cette pièce n'est-elle pas déprimante Michelaise ? Le sujet me paraît un peu défaitiste même s'il semble empreint de beaucoup de réalisme...
    Je te souhaite un très bon week-end à venir et de joyeuses Pâques !

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  3. En effet, les thèmes que tu décris sont toujours d'actualité...

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  4. Oxy, Mandarine répond à ta question !! C'est terriblement déprimant !!
    Et, comme dit ta fille, trop d'actualité...
    Mandarine, quels affreux inconscients nous étions... Le film avec Dustin est, à mon sens, remarquable, quoique fort différent de la version vue l'autre jour... Le bonus, si vous l'avez, qui explique comment l'acteur se fondait dans le rôle, est fort intéressant

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