Durant notre week-end bordelais, nous avions programmé de profiter de la nuit des musées, mais au pied du mur, notre naturel sauvage a repris le dessus. A la perspective d'affronter des salles noires de monde, au motif que l'entrée est gratuite (elle l'est d'ailleurs toujours !!) et que la télé a parlé de l'événement, alors que d'ordinaire les musées bordelais sont d'un calme parfait, nous nous sommes carrément dégonflés. L'un de nous a proposé une toile et l'autre a acquiescé avec empressement.
Bordeaux possède un ensemble art et essai Utopia, installé dans l'ancienne église Saint Simon, place Camille Julian. Les salles ont un charme spécial avec leur air de couvent restauré et requinqué à la sauce militante et anar anticléricale (comme dirait Lulu !!). Toujours est-il que, pour une bordelaise, la place Camille Julian c'est une évidence... quoique... avant de partir Alter a voulu vérifier sur le plan et nous avons cru voir qu'elle se situait au bout de la rue des Trois Conils qui croise la rue Sainte Catherine.
Nous voilà donc partis d'un bon pas vers la rue des Trois Conils, Alter ayant décidé que conil et goupil, même combat, il chantonnait allègrement sur ce thème animalier. Je lui avais appris la veille que le goupil a changé de nom après la publication du roman de Renart, et a peu à peu perdu son nom d'origine au profit de celui du héros de l'oeuvre en question, le "t" se changeant en "d" par la suite. Je ne sais pourquoi cela le réjouissait particulièrement, mais il était hilare.
Arrivés aux 3/4 de la rue Sainte Catherine, qui mesure tout de même 1km3 de long, j'ai émis l'hypothèse que nous avions raté la rue des lapins... Petite discussion animée, et retour à la case départ. Au Grand Théatre, n'ayant rien croisé, nous repartons en sens inverse, cette fois-ci jusqu'au bout, place de la Victoire. Toujours rien... l'heure tournait... nous remontons, penauds, pensant abandonner le cinéma. En désespoir de cause (et parce qu'il me semblait que c'était par là), nous décidons de prendre la rue du Loup... à défaut de goupil, n'est-ce pas, cela faisait un prédateur convenable du Conil... Quand soudain, sur la gauche, nous voyons la rue du Serpolet... et là, je dois bien l'avouer, mon homme qui n'a pas le moindre sens de l'orientation et réussit à me perdre même dans ma ville natale, a eu un coup de génie : "Mais c'est évident, les conils mangent du serpolet"... et là, miracle, l'Utopia s'est ouvert devant nous sans autre forme de procès ! Il était de temps de nous effondrer dans nos fauteuils, nous avions parcouru presque 5kms au pas de charge !!
Quant au film, me direz-vous ? C'était The Ghost Writer... le dernier Polanski est un thriller à la mise en scène irréprochable et qui nous embarque dans un suspense parfaitement réglé, avec photos compromettantes, piste révélée par le GPS d'une voiture de location, poursuite sur un ferry, refuge dans un motel miteux. Il y a un sacré métier dans cette construction qui raille les politiciens et leurs administrations, et dénonce l'amoralité de ces milieux incertains où l'opportunisme permet de faire feu de tout bois. L'ambiance est délicieusement inquiétante, sans être terrifiante, l'atmosphère est lourde, l'inquiétude sourd par tous les pores de cette histoire, perdue d'avance par un looser sympathique mais naïf. C'est superbement filmé, intelligent comme un polar de John le Carré et en sortant, on met quelques instants à se détendre, en regardant les gens qu'on croise d'un air suspicieux ! La maison dans laquelle de nombreuses scènes sont filmées, est proprement stupéfiante, une architecture audacieuse ouverte sur l'Océan, qui déroule ses colères et ses grisailles comme d'immenses tableaux abstraits dans toutes les pièces.
Une véritable course au trésor pour arriver jusqu'au cinéma ! 5km à pied c'est bon pour la santé!!!J'irai voir ce film rien que pour la maison, est-ce grave???
RépondreSupprimerTiens toi aussi tu connais le pas de charge!!
RépondreSupprimerBien sympa ce billet bestiaire
Donc si il pleut je peux aller m'enfermer
Déjà ta photo donne envie
Dans Bordeaux la Bourgeoise, j'aime beaucoup l'Utopia, tu vises juste ;-),la Place Julian ses bistrots et sa jeunesse. La rue Sainte Catherine si en plus tu t'arrêtes devant les devantures, tu doubles le kilométrage !
RépondreSupprimerSeule, je me perdrais sans doute toujours dans cette belle et sage ville, car je m'y laisse guider chaque fois, au bras d'une de mes filles ou de ma belle-soeur. Pour ma part j'ai un grand sens de la désorientation,ça doit être mon coté ni Dieu ni maître, manque de repères ;-)
Je retiens l'idée de film, mais ici il faudra déjà attendre la version DVD !
Bises !
Sympatique, l'itinéraire animalier, mais il fallait y penser, quand même, à suivre la chaîne alimentaire !!
RépondreSupprimerMais non Enitram ce n'est pas grave, au contraire, j'espère que cette architecture très ocntemporaine mais finalement fort sage, te plaira !
RépondreSupprimerAloïs, je souhaite fort qu'il ne pleuve pas, tant pis pour le film, tu verras le DVD comme Lulu !!! Quant au pas de charge, c'est mon pas quotidien... sauf en we ou en vacances, là je cagouille !!!
Lulu, tu viens donc souvent à Bordeaux, faut qu'on se voit un jour, pas vrai ??? ou alors la prochaine fois que je vais à Poitiers... bientôt malheureusement car ce seront des corrections mais qui sait ??
Koka, très marqué par ses cours de biologie ton papa, et finalement ça sert, tu vois !!!
Eh bien ! vous voilà prêts pour les TREC (technique de randonnée équestre de compétition), ce que vous avez fait ressemble bien à l'épreuve du POR (parcours d'orientation et de régularité) !
RépondreSupprimerOui, oui, moi je suis d'accord pour qu'on se rencontre !
RépondreSupprimerBordeaux, j'y vais moins souvent depuis que deux de mes filles n'y sont plus étudiantes, mais j'y garde ma belle-soeur, mon beau-frère et quelques neveux.
Poitiers j'y suis assez souvent, c'est la ville, parce que Chatellerault, pour une parisienne, c'est pas tout à fait une ville, déjà que Poitiers, bref...
Donc si tu es sur Poitiers et que tu as 5 minutes entre deux mauvaises notes, fais moi signe, on se prend un p'tit café !
Ouaou... Astheval, je savais qu'on ferait quelque chose de nous, un jour !! POR j'en rêve !!!! oups...
RépondreSupprimerLulu, promis, je te fais signe ce sera fin juin ! Quant aux mauvaises notes, si tu savais... et pourtant le rêve de tout prof normalement constitué c'est de mettre 20/20 à tout le monde, ne serait-ce que parce que ça va plus vite !