mardi 11 mai 2010

CONSUMERISME ET VERSATILITE

On évolue... pour le bon vin, cela s'appelle se bonifier, pour les enfants cela s'appelle mûrir, pour les fromages c'est l'affinage... Un bon petit plat, c'est du mijotage... et nous ? cela dépend du point de vue... On hésite entre radotage et sagesse... ente gâtisme et philisophie... entre mâturité et sénescence... Mais pas de doute, on progresse à la force de l'expérience et des avatars de la vie. Le billet sur la vaisselle ayant connu une certaine fortune, j'ai remarqué qu'Ikéa déclenchait les passions... alors comme, malgré mes dénégations vertueuses, j'aime bien les réactions, fussent-elles contraires, je remets cela...

J'avais, il y a presque 3 ans, écrit un article sur le sujet : IKEA SPIRIT. Remorquée dans ces lieux de débauche consumériste par un ami célibataire qui avait, je crois, besoin de mon soutien moral pour ses choix, j'avais traîné les pieds et terminé mon article en craignant, malgré toutes mes réticences, d'y retourner sous peu. J'ai, depuis, perdu de vue l'ami en question, qui a dû juger que je vieillissais mal (pour illustrer de façon plus précise mon entrée en matière !). Et je ne suis pas retournée chez Ikea. Après avoir longuement fait des listes de meubles de cuisine pour y ranger la fameuse vaisselle de belle-maman, comme quand j'étais petite je faisais les listes d'achats présumés sur le catalogue de Manufrance (la Manu comme on disait... il faut dire que maman était stéphanoise et avait avec la Manu un rapport presqu'affectif !), j'ai demandé à mon ébéniste préféré de remettre en état "l'armoire du grand-père". Et oui, malgré ma méfiance attavique pour tout ce qui est "perpétuation obligée des souvenirs familiaux", je suis attachée à l'armoire du grand-père, et grand bien m'en a pris car le résultat est sans doute nettement plus réussi que l'ikeamania.

Non, je ne me fais pas plus angélique que je ne suis, j'ai commis le forfait Ikea plus souvent qu'à mon tour : de la cuisine de votre studio, les filles, à l'aménagement du cabinet de votre papa (c'était tout de même moins cher que les meubles "professionnels", source inépuisable d'enrichissement sans cause des fabricants de matériel dentaire) en passant par l'inévitable rayonnage hyper commode et super déglingué, qu'un jour vous serez sans doute ravies de remonter dans quelque arrière cuisine malgré son label peu affriolant, j'ai acheté suédois moi aussi. Que celui qui n'a jamais péché me lance la première pierre. Pourtant j'avais de solides réserves et une sérieuse aversion pour la marque jaune et bleue. J'ai pesté depuis, avec la mauvaise foi des consommateurs appâtés, contre le manque de solidité des meubles achetés, qui m'en ont pourtant donné largement pour mon argent.


Mais je ne pense pas être prête à récidiver : Ikea correpond à certains besoins précis, il ne faut pas diabioliser le phénomène. Pas plus qu'il ne faut le porter aux nues. Il faut, comme en toutes choses, raison garder et rester réaliste. Dans certaines circonstances, on est ravi de trouver la marque suédoise pour des équipements "rapides" dont on sait qu'ils auront une durée de vie limitée et qu'on sera ravi, quand il faudra changer, de ne pas les avoir surpayés. Ikea rend de grands services aux jeunes, ne serait-ce qu'en leur économisant les frais de transports des vieilleries usagées que leurs parents ne manquent pas de leur proposer, avec la fierté absolue qui s'attache à l'armoire du grand-père !!! Ikea (ou d'autres d'ailleurs !) permet de changer, de jeter sans remords, de se laisser aller à ses fantaisies ou de se meubler de façon moderne quand on a des moyens limités. Cela correspond, qu'on le veuille ou non, à une tendance irréversible de notre monde contemporain, qui aime changer et qui démode tout à la vitesse de l'éclair. Mais le phénomène n'a rien de nouveau, regarder comment le Louis XVI a démodé le Louix XV, en jouant de la droite là où les parents avaient aimé la rocaille. Et le Charles X, qui a mis à l'honneur les bois clairs et la légèreté des formes, après la pesanteur acajou des meubles Empire. Nos enfant ne seront ni les premiers ni les derniers à jeter les buffets de grand-mère, pour la plus grande joie des brocanteurs et collectionneurs en tous genre. Cela va simplement un peu plus vite qu'autrefois, et ainsi, ils nous ont déjà ressorti le design des années 60, revu et corrigé à la sauce contemporaine, que ce soit en ameublement ou dans le domaine vestimentaire ! Certains hôtels branchés meublent leurs couloirs et leurs chambres de reliques récupérées à prix d'or et dont nos parents s'étaient débarrassés avec bonheur dans les années 80, après les avoir adorées une vingtaine d'années auparvant.


Ainsi va la mode, et Ikea n'y changera rien. On est versatile, on réagit contre les excès d'une époque par les exagérations d'une autre. On aime actuellement un style dépouillé qui se rebiffe contre le post modernisme de la fin du XXème siècle. Tout va plus vite pour assurer au monde des affaires une source constante de flux financiers engendrés par nos achats compulsifs. Pourtant, les alternances de baroque-classissisme sont une constante des arts décoratifs et une boucle logique de la sensibilité humaine. Il me semble simplement que les possibles sont plus vastes qu'autrefois, et que les rigidités sociales sont remplacées par d'autres rigidités dont on peut, peut-être, se libérer plus facilement et qu'on est plus à même, car mieux informés, plus cultivés, plus ouverts, de se forger hardiment ses propres convictions. A condition d'échapper au diktat des médias, ce qui demande une forte dose de... maturité ?? d'âge ?? de sagesse ! Ben voyons !!!!

8 commentaires:

  1. BRAVO ! j'approuve le propos que je partage sur Ikéa et le consumérisme ambiant...Quant à Manufrance ... que de souvenirs au simple énoncé de ce nom, nous avions ce catalogue à la maison et j'étais toujours fourrée dedans, le lisant inlassablement encore et encore, de là me vient sans doute un goût immodéré pour les outils tous les outils, quels qu'ils soient... je l'ai réalisé récemment en me demandant d'où pouvait bien me venir cette attraction étonnante alors que je n'ai pas grandi dans un environnement de bricoleurs... et je me suis souvenu de ce catalogue qui avait accompagné mon enfance...

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  2. Bravo pour cet excellent billet, j'acquiesce.

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  3. Moi, je suis une "Ikéa fan", je crois que 50% de la maison sont "Ikéaisés", il faut dire que je n'aime pas trop les meubles en général, la vaisselle en particulier.

    J'aime bien les espaces dépouillés, un peu "zen" sans être froids, qui mettent bien en évidence les couleurs des tableaux sur les murs... et les meubles Ikéa conviennent parfaitement à ce style.
    Quant à leur solidité, effectivement, à revoir...

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  4. Beinvenue Catherine, ravie de savoir que je n'étais pas la seule à compulser fiévreusement le catalogue de Manufrance... moins portée sur les outils que vous (mon père était un bricoleur invétéré et les outils, il y en avait partout) je fantasmais sur le matériel de camping... moi qui n'ai jamais mis un orteil sous une tente (pardon Lulu !!!)
    Miss Lemon votre approbation me va droit au coeur ! Bienvenue aussi
    Norma, le gros avantage d'Ikea c'est que cela te permet aujourd'hui de "faire zen" et dans 10 ans, quand le mode aura changé, de faire autre chose... il n'y a plus de contrainte : soit les meubles de papi, soit Ikea, avec toute la gamme des possibles ! Nous avons de la chance !!

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  5. suis d accord avec MISS LEMON quel magnifique billet

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  6. Je n'accepte pas, ainsi que ma maman me l'a appris, les compliments anonymes !!! mais enfin, un compliment restant un compliment, merci !!!!

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  7. J'ai découvert Ikéa depuis que je suis en Bretagne, ma fille m'y emmenant surtout pour changer la déco de la maison, j'aime changer d'objets, de bougies, de luminaires, etc... J'y vais moins maintenant mais si j'ai une petite chose à acheter, je pense maintenant Ikéa.

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  8. Michelaise, il n'est jamais trop tard pour un p'tit WE sous la canadienne !
    Avec ma marmaille et ma collection de garçonnières, je vais droit au But, des meubles ikea ou assimilés j'en ai quelques uns, increvables, dont on ne réussit pas à se débarasser et qui passent d'appart en appart : Môman i't'en reste des étagères noires (celles qui se montent en deux temps trois mouvements avec des tubes en plastique, une horreur), non elles sont déjà chez Louise, mais Félix devrait en ramener....
    Il faudra que je pense à les brûler un de ces jours les étagères noires, avant qu'elles ne finissent au musée des arts déco qui me donne toujours envie de remplir la remorque pour un p'tit dépôt chez Emmaüs !

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