La citadelle de Bourg, un cadre de rêve pour un nouveau festival de qualité : Artissimo
Les fourches caudines de l’étrange lucarne sont incontournables mais il est toujours surprenant pour le non-pratiquant d’en constater les effets. Un nouveau festival s’est créé cette année à Bourg sur Gironde, plus connue jusqu’à présent hors de nos frontières régionales pour le breuvage qui s’élabore aux alentours que pour ses aspirations culturelles. Artissimo a pour ambition de réparer cette injustice et se propose de décliner tous les arts, de la peinture à l’artisanat, en passant par, noblesse oblige, la musique. Nous avons donc choisi de venir y écouter François René Duchâble, nos références restent classiques, qui, depuis qu’il a jeté son piano dans le lac d’Annecy s’est reconverti dans les spectacles multivalents construits autour du piano : on y parle, on y joue, on y jongle, on y égrène des feux d’artifice pour la plus grande joie d’un public mélangé de mélomanes et de curieux. Nous l’avions déjà entendu deux fois, accompagné de son complice Alain Carré, aux Jardins d’Eyrignac, dans le cadre du Festival du Périgord Noir. Et si l’an dernier nous nous sommes juré de n’y point retourner, c’était pour une raison technique qui, à cause d’un micro mal réglé, avait mis la soprano dans une situation indigne.
Le Castel de Camillac, accueil parfait, vue magnifique et cadre enchanteur ! A recommander...
Quitte à venir écouter les compères en soirée, et ayant fait halte dans une chambre d’hôte vraiment délicieuse, le Castel de Camillac, nous avons pris l’autre concert du jour, un duel de pianiste opposant François René et un certain Zygel. Et oui, je vous l’ai déjà dit, nous n’avons pas la télé, donc un improvisateur pourquoi pas ? Et voilà qu’il parait que ce monsieur, au demeurant fort doué, est une vedette médiatique, qui sévit sur les ondes non seulement radiophoniques, mais aussi, sous forme d’une émission de vulgarisation de bonne audience, télévisuelles. D’où deux concerts, pris d’assaut en milieu d’après-midi, par des foules acquises aux démonstrations, au demeurant fort habiles, du duo en question. La magie de l’étrange lucarne, c’est de vous remplir à craquer une salle de concert, dans un lieu improbable, au motif que le héros est « passé à la télé ». M’enfin, on ne va pas cracher dans la soupe, et ce brouet là était, sans conteste, fort bon ! Il s’agissait plus d’un dialogue que d’un duel et le rendu musical était d’excellente qualité.
D’autant plus passionnant que les artistes jouaient sur une collection de pianos anciens, une bonne partie venant d’ailleurs de chez Gérard, le domaine musical de Pétignac étant de toutes les fêtes du clavier. Un Erard de 1828, modifié par le facteur lui-même en 1849 pour en stabiliser le son, le Erard de Pétignac, très velouté et délicieux à jouer (dixit Alter), un Schantz étonnant qui possède 5 pédales dont la fameuse pédale turque, qui a permis à Zygel de nous offrir une improvisation presqu’orchestrale. Au programme, une rhapsodie de Liszt, interrompue par le trublion de service, un début de partition inachevée de Mozart complétée par ses soins, les 3 dernières lignes écrites par Wagner, développées et enjolivées à souhait, et quelques études de Chopin, rendues délicieusement dissonantes par des incursions jazzy pleines d'humour.
Pas de doute le duo s’entend bien et leur numéro est parfaitement au point, pour la plus grande joie des badauds et au service de la musique en toute honnêteté intellectuelle. Duchâble ne se commet pas avec un gougnafier, fut-il une vedette des ondes, et le résultat était vraiment réjouissant.
Il faut dire que les ateliers de Zygel sont remarquables.
RépondreSupprimerIl est ce que l'on appelle un vulgarisateur et si les gens viennent c'est parce qu'ils ont soif d'apprendre et d'entendre une musique qui leur paraît être réservée à une élite pratiquant pour rester tranquille et avec elle même le jargon de spécialistes.
J-F Zygel les décomplexe et rend accessible un langage musical porteur d'émotions universelles.
C'est un Frédéric Lodéon, un Jean-Claude Casadesus , nous avons besoin de ces pédagogues cultivés passionnés et passionnants.
Bonne fin de soirée et merci de partager aussi votre écoute de ces moments de musique.
Miss Lemon.
Eh bien moi, je l'aime bien Jean-François Zygel ! je pourrais dire de lui ce que j'écrivais il y a quelques jours à propos de "Arts Magazine"... C'est de la vulgarisation sans doute mais... de bonne qualité il me semble. Et s'il peut faire comprendre aux profanes (dont je suis, ô combien) quelques rudiments de musique, j'en redemande.
RépondreSupprimerJe suis contente que des connaisseurs comme vous ne me donnent pas tout à fait tort ;-))
Je suis de l'avis de Miss Lemon,j'ai un jour par hasard assisté à une de ses émissions et j'ai été bluffée.
RépondreSupprimerIl me donnerait presque envie de regarder la télévision.
Il est aussi pianiste ne l'oublions pas.
Je ne rajouterai rien car Miss Lemon a très bien résumé le personnage,c'est tout à fait ce que j'avais ressenti
Je ne connais pas non plus ce Zygel mais ton article donne envie de le découvrir.
RépondreSupprimerAlors Astheval, pour le découvrir, c'est simple, tu trouveras son émission sur tout bon programme télé. N'ayant pas passé en mon temps le contrôle de lecture organisé par l'Armée Française, je ne sais pas trop lire ce genre d'hebdomadaire, mais toi qui es jeune, tu devrais t'en sortir. Et pour de vrai, crois en les spécialistes (Odile et Aloïs), c'est de la vulgarisation au sens noble du terme. En effet Zygel est, avant tout, pianiste. Et s'il a, dans un domaine où il est difficile de percer car la concurrence est rude, trouvé une méthode pour se faire connaître c'est tout à fait tant mieux. Tant mieux pour lui, mais surtout pour la musique, qui a bien besoin de gens comme lui, simples mais pédagogiques, cultivés et sincères, pour continuer à vivre.
RépondreSupprimerA propos du fait qu'il est, avant tout, pianiste : nous avons assisté à un moment stupéfiant avec les études de Chopin : Duchâble, qui jouait la musique écrite par Chopin, n'avait pas la partitiion. Et Zygel, qui improvisait, le faisait en lisant la partition ! C'est à cela qu'on mesure la qualité de ses interventions !
Comme Astheval, je ne connaissais pas non plus ce Zygel mais je vais suivre tes conseils, je vais regarder Télérama (entre autre).
RépondreSupprimerJe suis un peu à l'ouest comme dirait ma fille aînée, à la lecture de ton billet... je m'y connais si peu, mais j'apprécie ton écriture...une façon comme une autre de se cultiver !
RépondreSupprimerEvelyne, tu es très cultivée, mais la musique, comme les autres arts, cela demande justement des répères. Sinon, on se sent en dehors. C'est le mérite des vulgarisateurs de qualité d'en permettre le premier accès, et de donner envie d'aller plus loin.
RépondreSupprimerPour celles et ceux qui n'ont pas la télé, il faut signaler que les "Leçons de musique" de Zygel existent en DVD.
RépondreSupprimerJe raconterai un jour, peut-être, comment un prof de musique de lycée (classique) m'avait dégoûtée de la musique, et comment un autre professeur m'avait réconciliée avec elle.
Merci à toi Michelaise, de permettre ces échanges.
Je ne suis pas une spécialiste du tout.
RépondreSupprimerC'est par hasard qu'un soir j'ai vu une de ses émissions chez ma mère toujours scotchée devant son écran,et moi qui ne regarde jamais la télévision j'ai découvert ce qu'il faisait et comme je l'ai dit j'ai été bluffée,je suis même restée jusqu'au bout,il décortiquait je ne sais plus quelle oeuvre.
Ce qui a permis à Maman de me dire d'un petit ton aigrelet"tu vois qu'il y a aussi des émissions intéressantes à la télévision"
Eh bien oui c'était intéressant
Marrant ce que tu dis Aloïs, quand on a le malheur de dire qu'on n'a pas envie d'avoir la télé, chose qu'en principe, quand on est à découvert on cache pour éviter les polémiques ou, pire, d'avoir l'air de la ramener, on a toujours droit à cet air pincé "tu vois qu'il y a aussi des émissions intéressantes à la télévision".
RépondreSupprimerMais quant à la télé, je reconnais son utilité dans de nombreux cas, pour certaines émissions très formatrices pour les enfants (j'en ai enregistré des tonnes du temps où je leur faisais la calsse), pour les personnes seules et âgées, immobilisées chez elles. Je suis par exemple actuellement bien ennuyée que belle-maman n'ait "même pas" envie de regarder la télé.