mardi 17 août 2010

ASTERIX EN POITOU

Article dédié à "l'amie de Ségolène", j'ai cité Cildemer qui nous a bien fait rire !!

Finalement, nous y sommes retournés. Avouez que donner Norma (l’histoire de cette prêtresse gauloise éprise d’un proconsul romain qui pousse tour à tour ses compatriotes à la paix puis à la guerre contre l’envahisseur romain en fonction de ses états amoureux) dans un amphithéâtre gallo romain, cela fait classe. Les cris des chœurs qui veulent chasser l’occupant résonnent dans cette enceinte comme autant de bulles gossinyiennes de la plus belle eau ! Quant aux costumes des figurants, Uderzo n’y aurait rien trouvé à redire.

Le site de Sanxay, surnommé en son temps le « Vichy de la Gaule », fut découvert par un jésuite au milieu du XIXème. On y mit à jour, outre l’amphithéâtre, un sanctuaire, un temple et des thermes. Situé à l’époque gauloise, comme aujourd’hui, en pleine campagne, à l’écart de toute agglomération importante, l’ensemble intrigue les archéologues par son caractère majestueux. Près du théâtre susceptible d’accueillir dans ses gradins plus de 6 500 personnes, le temple, qui n’est finalement que la romanisation d’un lieu de culte celtique, déploie son parvis sur une dimension inattendue en un tel lieu et fait penser que les dieux vénérés ici étaient de première importance.

Le brillant sicilien Bellini avait une trentaine d’années quand il composa Norma (et 34 lorsqu’il mourut, ce qui est bon pour la légende, un peu moins pour l’épanouissement personnel), et si Berlioz le traitait volontiers de « petit polisson », tous ses contemporains, Wagner y compris, saluent la richesse de son expression mélodique et la tendresse mélancolique de son inspiration. Certes, alors que les voix et les cordes ont la part belle dans ses compositions, il traite les vents avec une certaine platitude, ce qui gâche parfois un peu les envolées précédentes. Mais son registre est, pour qui aime le bel canto, d’une émouvante éloquence.



L’air emblématique de l’œuvre, Casta Diva, porté aux sommets par Maria Callas (une fois n'est pas coutume, je vous propose quelques minutes de You Tube), reste un immense moment. Et pour un soprano, l'affaire reste à haut risque. Sophie Munteanu, quelque soit son métier, devait être nerveuse et durant l'ouverture, on l'entendait vocaliser en coulisses, enfin sous la tente (gauloise bien sûr) qui tenait lieu de salle d'accueil aux artistes. Elle a été superbe, modulant ce moment merveilleux avec souplesse et sensualité et une personnalité très marquée. La roumaine « tenait » la scène avec panache, le rôle est lourd, virtuose, long et, en plein air, demande une énergie impressionnante. Elle s’acquittait très agréablement de la tache, égrénant avec délicatesse ses arias et sachant respecter ses partenaires en cas de duo ou de trio.

Le rôle d’Adalgisa, pas vraiment secondaire, était servi avec talent et une élégante puissance par Géraldine Chauvet… On se plaint toujours que l’école française ne produise pas, dans le domaine lyrique, de grandes voix, qu’il faille aller chercher des roumaines et autres étrangères pour servir le répertoire du bel canto. Ici on peut faire cocorico et saluer cette jeune voix, belle, ample, juste et fort intelligente dans l’interprétation.

Le troisième grand rôle, celui du romain Pollione, était tenu par un brésilien dont la voix portait peu (il aurait été plus à son aise dans un théâtre fermé) et manquait de souplesse et de délié. Rien de catastrophique cependant, mais on était loin de l’aisance de ses partenaires. S’ajoutait à cela un jeu d’une raideur peu commune. Oh, certes, le livret est assez ingrat pour ce bellâtre sûr de lui, qui s‘éprenant d’une jeune vierge toute pimpante, décide ex abrupto et sans autre forme de procès qu’il ne veut plus de Norma, mère de ses enfants et forcément moins fraiche. Il le lui dit sans ambages et ajoute ainsi au vice d’être l’occupant, celui d’être le vil séducteur de service. La mise en scène de l’œuvre est forcément assez statique, et Pollione n’y a pas le meilleur rôle.

La basse enfin, Wojtek Smilek, bien timbré, ne déméritait pas, loin de là, dans cette distribution équilibrée et bien adaptée aux exigences du plein air. Le chef Didier Lucchesi, un marseillais de 40 ans enroulé dans son écharpe noire pour contrer les vents coulis, impulsait à l’orchestre et aux chœurs des soirées lyriques de Sanxay une sensibilité très latine, vraiment italienne, tout en nuances, tirant parti au mieux de tous ses interprètes et servant avec clarté la partition de Bellini. L’ensemble justifiait donc largement les efforts que nous avons dû déployer pour venir assister à cette soirée lyrique !

12 commentaires:

  1. Un beau spectacle qu'il ne fallait pas rater dans ce site grandiose!
    Ah cette diva, merci de nous avoir joint cette vidéo...
    Tiens pour l'info si tu ne le sais déjà, Raphaël Pichon et l'ensemble Pygmalion viendront à Bordeaux pour vous présenter 'les messes brèves" de Bach. A bon entendeur...
    A bientôt

    RépondreSupprimer
  2. Contente de lire que vous avez finalement profité de ce spectacle et que cela valait le détour !

    RépondreSupprimer
  3. Un tel théâtre antique mérite bien cet effort.
    Il y a longtemps que j'ai envie d'aller flâner au Pays Mélusin avec ou sans Norma
    Qui sait peut-être l'an prochain...

    RépondreSupprimer
  4. Coucou ! Je "m'instructionne" sur ce site en découvrant Sanxay et sa musique...Norma. Grand classique d'Orange ou Vérone. Quand j'étais à Paris je passais régulièrement, en traversant le Père Lachaise, devant sa tombe ou plutôt son mausolée.
    Suis allé jeter un oeil sur Cildemer. Charmant (ou charmante). Mais rien compris à son histoire de gitans. Ici dans le coin où j'habite c'est la guerre entre ceux-ci et les Roms c'est à dire les nouveaux émigrés roumains. Mais tout peut être pardonné aux amis de Ségo: ils sont bien trop innocents...sourire...

    RépondreSupprimer
  5. Votre persévérance semble avoir été récompensée. J'en suis heureuse pour vous.
    Anne

    RépondreSupprimer
  6. Marine, Pygmalion, les messes brèves de Bach je cherche l'info !!! oui un opéra dans un site gallo romain c'est à ne pas rater, même si l'accoustique ... m'enfin !!
    oui astheval cela valait le détour ! voire 2 détours !
    aloïs le pays mélusin, vvvvoui, pourquoi pas ? le nom est joli mais la saintonge est bien plus belle ! oups !!! le site de sanxay est remarquable cependant !

    RépondreSupprimer
  7. VVVVoui Roberto son mausolée car j'ai cru comprendre que les gens de catane (catanais ??) ont récupéré ses cendres et que ce qui rest à Lachaise est son premier tombeau
    marrante l'histoire de cildemer, mais j'ai pas vu son histoire de gitans... dans un premier temps j'ai cru que vous parliez de "mes" gitans, ceux dont je parle dans mon article sur Fontdouce, et avec lesquels on transportait en bramant des cantiques une statue de la Vierge Marie sur un brancard quand mes filles étaient petites !! ça au moins, c'était sympa !! un peu en panne d'internet je n'ai pas trop lu les blogs amis !

    RépondreSupprimer
  8. Anne finalement ce n'est pas si loin que cela pour vous Sanxay... oups !! mais peut-être que l'opéra ne vous tente pas plus que cela ...

    RépondreSupprimer
  9. Oui mais Michelaise Sanxay est aussi en pays Melusin

    http://www.cc-paysmelusin.fr/Sanxay.html

    J'aime cette expression peut-être parce que j'avais une grand tante que j'aimais beaucoup qui s'appelait Mélusine

    RépondreSupprimer
  10. Et maintenant Astérix chez Mc Do !
    Il paraît qu'Uderzo aurait vendu à la chaîne de fast-foods le droit d'utiliser nos héros gaulois pour sa pub !

    Bellini: oui, ce n'est plus qu'un mausolée au Père Lachaise

    Les gitans: ici ils sont souvent sédentarisés et vivent (entre autres) de petits boulots, de travaux saisonniers (cerises par exemple) mais surtout de récup' de ferrailles et autres matériaux. Et c'est sur ce "créneau" où ils ont leurs habitudes et bénéficient d'une certaine bienveillance (récup' en déchetterie par ex) qu'ils ont vus arriver les Roms et leurs méthodes de razzias musclées paraît-il. D'où des bagarres parfois sanglantes avec ces derniers. Mais ces Roumains cherchent aussi quelque salut en fuyant leur pays où ils sont parfois persécutés. Rien n'est simple !

    Pour revenir à la musique êtes-vous vous même musiciennes ?

    RépondreSupprimer
  11. Roberto, c'est vrai que les gitans sont des gens fiers et, en tout cas ceux que j'ai connus, droits... mais en effet rien n'est simple et tout change, si vite !!!
    Pas musicienne, malheureusement, c'est Alter, ma moitié, dit Alter Ego, qui joue du piano... quant à moi, parfois, je joue à 4 mains avec lui, niveau "la berceuse" premier mouvement de dolly de Fauré... ou autres piécettes dans mes cordes !!

    Aloïs, c'est vrai que visiter le pays mélusin peut sembler sonner clair, mais il ne me semble pas d'une richesse extrême, remarque c'est stupide comme remarque, y a des belles choses à voir partout... c'est juste que, pas encore retraités, on est soumis à une certaine obligation de "rentabilité", le temps nous manque alors faut viser "riche" !!! M'enfin pourquoi pas mélusine !!!

    RépondreSupprimer
  12. ....Je me demande si nos ancêtres finalement ne sont pas Romains ;)) ou alors encore un très bon cocktail

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL

3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Enfin cliquer sur Publier

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et d'avance, MERCI !!!!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...