mardi 31 août 2010

OPEN EYES

Lors de notre périple en Anjou avec Koka, nous avons voulu visiter l'atelier de 2 artistes découverts au salon d'art contemporain de Royan l'an dernier. Ils nous avaient laissé leur adresse et, excellents promoteurs de leur région,  l'envie de faire un détour pour voir in situ leur travail.
Challain La Potherie, c'est un mininuscule village angevin, un peu désert, mais qui vous accueille par un joli lac, autour duquel on a envie de faire une longue promenade. Puis, surgit d'on ne sait où, un château du plus pur style Disney Land, mais en vrai, en dur... Imposante bâtisse néo-gothique, construite dans un tuffeau immaculé pour la famille de La Rochefoucault par René Hodé sur des plans de Louis Visconti, le château égrène une suite impressionnante de toits pointus qui le piquetent comme autant de points d'exclamation. Depuis 2002 il appartient à un américain aisé, monsieur Nicholson, qui le rénove avec un soin jaloux. Il y séjourne avec son épouse environ 3 mois par an et entretient méticuleusement la douve en eau, l'ensemble du parc autour du château, avec son mur de clôture, les façades et les toitures du château d'eau dit "tour de Montplaisir", la glacière, les fabriques du parc, les ruines artificielles, les façades et les toitures de la ferme dite "La Basse-Cour", le clos du potager et les logements de jardiniers du jardin potager. Un ensemble monumental qui vaut finalement le détour, fut-il XIXème !

Nos deux peintres sont installés dans l'ancien presbytère et leur atelier galerie, qui reçoit parfois la visite de Madame Nicholson, en voisine, ravie de l'ambiance du lieu, est un endroit chaleureux et fort accueillant. Poncaral est intarrissable sur les anecdotes mettant en scène la "châtelaine" yankee !


Open Eyes se présente comme une galerie-atelier, et présente en permanence des oeuvres de Louis Harel et de Poncaral.
 
Harel travaille par larges aplats, avec des pastels à l'huile et sa culture en histoire de l'art, particulièrement l'Italie de la Renaissance, donne à ses oeuvres une profondeur palpable. Son style, plus doux que celui d'Harel, évolue et, aussi étrange que cela puisse paraître car ils ont vraiment des registres différents, finit par prendre des accents proche de ceux de son ami.
Poncaral, dont j'avais déjà raconté le parcours, joue avec les vernis et, les colorant avec divers adjuvants assez vifs, il les superpose en strates transparentes, abstraites et très lumineuses.

Poncaral, durant longtemps, a logé chez Julien Gracq, rue du Grenier à Sel, qui lui a d'ailleurs trouvé son pseudo de peintre. Allusion je rappelle au Pontcarral de Ludovic Cahuet. La prmière réunion d'artistes à laquelle ont participé Harel et Poncaral, s'appelait d'ailleurs le GRAC (Groupement Recherche Art Contemporain) et se réclamait ouvertement de l'écrivain. "La mise en relation de la lecture de ses œuvres avec le questionnement qu’induit toute création artistique, a probablement fécondé, sans qu’on sache toujours ni comment ni sous quelle forme, les recherches plastiques des membres du groupe".

Puis Julien Gracq vieillissant, il a décidé de trouver un autre espace pour s'installer. Visitant ce presbytère pour lequel la mairie de Challain cherchait un locataire, il a vu ce qu'on pouvait en faire et a décidé avec Louis Harel d'en faire leur quartier général. Ils ont retapé le lieu, et en ont fait une maison accueillante, lumineuse, ouverte, où ils exposent leurs dernières créations et celles d'un ami sculpteur : Louis Laubignat. Derrière, un immense jardin leur offre espace et légumes : Poncaral est très fier de "son" potager qu'il nous a envoyés visiter illico ! Ils font aussi vivre le lieu : petits concerts privés, conférences d'histoire de l'art, salons qui accueillent les gens du village pour prendre le frais et papoter un peu, et même, juste avant que nous y passions, un pique-nique vintage autour du lac du village, imposant manifestation qui avait attiré plus de 500 personnes dans le plus pur style des rassemblements de voitures anciennes.
Open Eyes continue à se réclamer de l'esprit de Gracq et envisage de participer à des expositions lectures, qui mettront en parallèle des citations de l'écrivain avec des oeuvres construites autour de ses mots.
“ Dans l’absence de tout repère visible, je sentais monter en moi cette atonie légère et progressive du sens de l’orientation et de la distance qui nous immobilise avant tout indice.”
Oui, je sais, vous n'avez pas vraiment de raison de faire le voyage... mais si un jour vous passez par l'Anjou, faites comme nous, faites le détour : vous découvrirez un lieu charmeur, très hospitalier, on s'y installe volontiers pour discuter avec Poncaral, qui habite sur place. Il n'est ni baba cool, ni pédant, ni prétentieux. Il aime sa maison, son art, son village et la halte est délicieuse. Pas besoin d'aimer l'art contemportain pour s'y sentir à l'aise. Et qui sait, peut-être regarderez-vous ensuite l'abstraction lyrique d'un autre oeil !!!

14 commentaires:

  1. A voir tes photos j'ai l'impression que les oeuvres sont très bien mises en valeur sur les murs blanc de cette maison!
    Je préfère celles de Harel!

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  2. Oh mais c'est vrai j'avais un billet art contemporain sur le feu pour toi.
    Allez je vais attendre que ta box fonctionne

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  3. J'aime assez ces oeuvres. Mais une fois de plus se pose le problème de la vente en galerie: trop cher (leur part est généralement comprise entre 60 et 70 % du prix de vente) pour des artistes de talent certes mais qui n'ont pas vraiment de "côte". Il est vrai que ces boutiques ne vendent pas forcément une toile par jour...
    Le château est tout beau, comme dans les contes de fées...Si vous voulez dormir dans un endroit presque aussi joli essayez le Vacanciel de La Sauldre (Sologne) Taper sur Google "la sauldre vacanciel" pour trouver des photos. Il appartient à la Mutuelle des Douanes et on peut dormir dans le château, hors saison, pour moins de 60 €. Je retiens, pour mon prochain déplacement en Bretagne, même s'il y a un crochet à faire, le nom de ce coin d'Anjou qu'ets Challain La Potherie.

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  4. ALors justement, Roberto, ici pas de galerie ni de galériste... ce sont nos deux peintres (et le sculpteur, à ne pas oublier car il a un joli talent, même s'il peut sembler plus conventionnel) qui commercialisent eux-mêmes leurs oeuvres... et justement, ils ne cherchent ni la cote, et encore moins ne jouent à la faire gonfler artificiellement. Ils sont honnêtes, vraiment, et c'est pour cela que c'est passionnant d'aller les voir, de parler avec eux... Ils n'ont pas la grosse tête, ne se prennent pas au sérieux, et ont absolument le désir de faire vivre leur centre, atelier, lieu de rencontre etc... Merci pour l'adresse en Sologne, cela a le mérité d'être "tiré de derrière les fagots"... Je vous assure Roberto que, si vous passez par Challain, vous sympathiserez avec nos deux peintres.
    Enitram, j'arrive pas à savoir lequel je préfère, ils sont différents et finalement complémentaires. Et j'ai très envie d'avoir une peinture de chacun d'eux.
    Ma pôôôôvre Françoise, je sais que je mets ta patience à rude épreuve avec nos tentatives d'abstraction lyrique, mais que veux-tu, on tente de comprendre comment, pourquoi et pourquoi pas... Quant à ma box, j'en ai encore pour un bon moment à en être privée !!!

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  5. Oui, ils ont du talent. Mais s'ils vendent directement ils sont trop chers pour moi (ex 3000 € et 3200 € un 100X100). Je sais bien que c'est négociable mais pour ces prix là on a d'autres artistes confirmés, "côtés" avec donc la possibilité de récupérer un peu d'argent si l'on est un jour dans le besoin et que l'on doit se séparer de meubles et tableaux. Pour ce qui est des galeries, dans mon coin elles pullulent et d'ailleurs se portent presque toutes mal. C'est une des conséquences de la crise, de la baisse du dollar et de l'effet, très négatif sauf pour l'immobilier, du TGV. La pénurie d'offre d'art contemporain en Anjou peut par contre assurer le succès des rares galeristes et artistes présents qui peuvent donc tirer, en matière de prix notamment, leur épingle du jeu.

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  6. Roberto, je suis BLUFFEE... comment connaissez vous leurs prix avec autant de précision ???
    Oui, vous avez raison, ils n'ont pas "construit" leur cote donc on n'est pas sûr de retrouver la mise... mais... MAIS je vous avoue que les cotes gonflées, ça me gonfle sur le principe. Au point de payer pour voir ! Mais bon, je n'ai pas encore payé je l'avoue !
    Par exemple, quand "on" m'explique, (on = les galéristes) que Wang Yan Cheng (que j'aime beaucoup, et Alter plus encore que moi) gère bien sa carrière, en se "plaçant" à l'opéra de Pékin ou, mieux chez quelque banquier chinois qui, c'est évident, fera tout pour éviter que sa cote baisse, lui faisant perdre alors l'investissement, je comprends que c'est plus sûr. Mais, quelque part, ça me semble tellement mercantile que ça me hérisse un peu. Bon, ces pudeurs ne sont sans doute pas de mise. Faut dire, puisque vous avez l'air au fait des prix, que ceux de Cheng sont déjà terriblement prohibitifs et 100 000 euros, quand on passe par une galerie, c'est HARD ! même si ce jeune homme aux dents longues, par son habileté à gérer sa carrière me promet une espérance de gain. Je ne dois pas être joueuse !!

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  7. Mi: je vous "bleuffe" à peu de frais: les prix sont indiqués sur le site de la galerie...Quand au talentueux Cheng il est dans des eaux où je ne vais pas. Amateur d'art, je suis un chineur invétéré et la maison (au désespoir de mon épouse) est pleine de tableaux, dont la plupart sont au grenier...Il suffit d'un peu de flair et de patience et on se retrouve avec de jolis oeuvres pour pas cher du tout (attention pour les plus côtés aux faux et copies). Souvent les galeries sont pleines de curieux, de badauds. Beaucoup passent, très peu achètent. C'est bien beau de dire "j'aime beaucoup ce que vous faites" (pour parodier la pièce à succès). L'artiste aimerait surtout que l'on lui achète ce qui est accroché. Mais là, souvent, le prix est dissuasif...Mais après tout quoi de plus subjectif en matière d'art qu'un prix de vente ? Rob.

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  8. Non ,t'es prof!!
    Tu n'es pas joueuse!
    Bon d'abord tu m'appelles Aloïs s'il te plaît cela t'es réservé.
    Bon je plaisante mais ta box ils se fichent un peu du monde non?
    Et moi je fais quoi avec mon article d'art contemporain?
    Et puis je compte sur toi pour la côte,je ne sais combien vaut le point et ce qui sera pris en compte mais.....

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  9. POur faire écho à vos dernières phrases Michelaise, je crois , oui qu'une rencontre peut permettre de voir les choses d'un autre oeil, et en tout cas avec le point de vue de l'artiste qui explicite son oeuvre, or en matière d'art contemporain, quelquefois, c'est intéressant de comprendre...je ne suis pas du tout portée sur l'art contemporain, mais une telle rencontre ,oui, pourrait m'aider...visiblement vous avez bien fait d'aller à la rencontre de ces artistes...

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  10. Aurai aimé la visiter, certainement.

    Je note pour une prochaine visite en Anjou.

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  11. Oui Oui Aloïs, je t'appelle ainsi, mais j'ai peur que les z'autres me copient !!! j'adore cette exclusivité
    Bon je me suis offert 1 giga avec ma clé 3G alors je suis plus à l'aise. Là, j'ai résilié chez SFR et je recommence chez Orange, donc 15 jours, mais au point où j'en suis !!
    La côte, la cote ??? tu viens de voir ??? cela n'a pas de prix !

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  12. Euh Roberto, madame michelaise est un peut sottiche (ségomiche !!!)... vous me faites rire... ma maman, décédée, courrait les salles de ventes et autres lieux de brocante, au point de me dégouter à vie de la chine... elle m'a laissé une collection de tableaux 19ème, entassés dans un sous-sol et qui me laisse perplexe dès que je veux en mettre un sur mes murs !!!

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  13. Ah oui, Catherine, la rencontre change tout, et pourtant ils ne font pas de prosélytisme, et la ramènent encore moins, mais la sympathe, l'échange, bref cela fait voir leurs toiles d'un autre oeil
    Oui Alba, cela vaut le détour, justement pour la rencontre

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  14. Bonjour, Michelaise.

    Le trio de choc m'a beaucoup plu...Je l'ai, en quelque sorte, écouté avec plaisir...Il est si beau.
    Et je me félicite qu'i y ait un cadrage national...Parce que, grâce à lui...Il y a ce billet tout en richesse et finesse d'appréciation.
    Tu as fait un choix évidemment judicieux des photos.
    Merci beaucoup.
    Et bonne rentrée.
    Je t'embrasse.

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