Bologne, première ville universitaire d'Europe, a construit au XVIème siècle un palais afin de réunir en un lieu unique les différentes écoles disséminées depuis le XIème siècle dans divers quartiers de la ville. Le projet visait aussi, dans ces années de Contre Réforme, à exercer un plus grand contrôle sur l'enseignement dispensé. Le palais de l'Archiginnasio fut donc le siège de l'université de la ville jusqu'en 1803. On y admire, le long des murs, des galeries, des voûtes et des escaliers, un riche décor héraldique consacré aux différents professeurs et étudiants célèbres s'étant illustrés en ces murs. La tradition de faire dessiner son propre écu, réservé aux recteurs, conseillers, professeurs et étudiants jouant un rôle de représentation au sein des organismes de l'université, disparut en 1796 avec l'arrivée des troupes révolutionnaires.
Nous avons admiré de nombreux incunables, la politique d'achat de la bibliothèque municipale ayant été particulièrement active à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Mais l'endroit le plus remarquable reste le théâtre anatomique : bien que considérablement détruit durant la dernière guerre mondiale, il a été restauré grâce aux morceaux précieusement récupérés après la catastrophe, et se présente comme un amphithéâtre, tout de bois revêtu, ceint des statues des plus célèbres médecins de l'histoire, et dominé par une chaire portée par deux écorchés de bois, impressionnants de réalisme. Au centre, la table de dissection de marbre blanc rappelle qu'à Bologne on disséqua des cadavres dès 1315, exercice de la plus haute importance pour l'évolution de la médecine. Cette salle, qui permettait de présenter de tels exercices en public selon un rituel très codifié, est bien sûr nettement postérieure à cette époque.
La ville grouille d'étudiants et les rues sont bordées d'immenses librairies qui justifient à elles seules le surnom de Dotta de la ville. J'y ai même visité une importante librairie pour enfants, d'une richesse vraiment exceptionnelle. Normal, dans la ville qui devient à l'occasion de sa foire du livre de jeunesse, la capitale de la littérature enfantine ! La bibliothèque bruissait de monde, et au coeur de la Piazza Maggiore on pénètre dans un immense bâtiment, l'URBAN CENTER. A la fois médiathèque, librairie, bibliothèque de consultationet de prêt, c'est une sorte d'agora intellectuelle fréquentée par des gens de tous âges. On y vient lire les journaux, emprunter livres, films, disques, consulter internet, travailler, discuter, bref un centre de vie de l'esprit d'une étonnante vitalité. L'accès est totalement libre, l'aménagement confortable, comme une grande place couverte sur laquelle donnent deux étages de galeries offrant toutes sortes de services. Tous les documents sont en libre accès et il y règne un grand calme, malgré la foule.
Plus loin, le couvent de San Giovani in Monte, ancienne prison désaffectée, a été racheté par l'université pour y installer la faculté d'histoire médiévale et celle d'archéologie. Les étudiants vaquent dans le superbe cloître du Terribilia (1543/48), franchissent des portails aux linteaux sompteux, se rendent dans leurs salles de cours par des escaliers d'une élégance et d'un raffinement extrêmes, ce "terrible" Morandi maniant avec une virtuosité peu commune l'art de la pierre et des coupoles.
Bologne multiplie ainsi les lieux de culture, et a ouvert récemment un musée de la musique installé dans le palais Sanguinetti. Donné à la ville par la signora Sanguinetti en 1986, cet édifice a été admirablement restauré et accueille, outre le musée, une bibliothèque spécialisée, un espace événements, des ateliers pédagogiques et des points multimédias. Là encore, les visiteurs, utilisateurs, badauds sont nombreux et le lieu n'a rien de statique ou de schlérosé. Visite prévue pour bientôt, entre deux gelati et trois panini... Bologne mérite son titre de ville abritant le plus fort pourcentage de diplômés du pays.
Plus loin, le couvent de San Giovani in Monte, ancienne prison désaffectée, a été racheté par l'université pour y installer la faculté d'histoire médiévale et celle d'archéologie. Les étudiants vaquent dans le superbe cloître du Terribilia (1543/48), franchissent des portails aux linteaux sompteux, se rendent dans leurs salles de cours par des escaliers d'une élégance et d'un raffinement extrêmes, ce "terrible" Morandi maniant avec une virtuosité peu commune l'art de la pierre et des coupoles.
Bologne multiplie ainsi les lieux de culture, et a ouvert récemment un musée de la musique installé dans le palais Sanguinetti. Donné à la ville par la signora Sanguinetti en 1986, cet édifice a été admirablement restauré et accueille, outre le musée, une bibliothèque spécialisée, un espace événements, des ateliers pédagogiques et des points multimédias. Là encore, les visiteurs, utilisateurs, badauds sont nombreux et le lieu n'a rien de statique ou de schlérosé. Visite prévue pour bientôt, entre deux gelati et trois panini... Bologne mérite son titre de ville abritant le plus fort pourcentage de diplômés du pays.
.merci pour la visite et la culture
RépondreSupprimerMerci Michelaise pour ce partage, tu me donnes plus que jamais envie de connaitre Bologne. Moi qui ne suis pas du tout voyageuse dans l'âme , j'ai un faible pour l'Italie et l'idée d'un séjour là bas me chatouille agréablement l'esprit... Une ville bouillonnante intellectuellement et depuis si longtemps , c'est vraiment remarquable...
RépondreSupprimerCela me rappelle Pavie, qui a aussi une université prestigieuse, et où l'on trouve cette même ambiance de ville étudiante...
RépondreSupprimerIl y avait l'air d'avoir une belle lumière quand tu y étais. Nous sommes passés le flambeau et je vois que nous avons fréquenté les mêmes lieux. Le musée international de la musique est en effet un endroit extraordinaire, qui abrite des peintures et des portraits de musiciens absolument uniques. On découvre Mozart à 15 ans, Farinelli dans un portrait d'apparat, Vivaldi et bien d'autres. Et on se plaît à caresser le buste de Maria Malibran que Cecilia Bartoli a touché!!!
RépondreSupprimerGF c'est EXACTEMENT comme tu le dis, la visite du musée de la musique est absolument étonnante, l'immense culture musicale de Padre Martini ayant donné à la ville une exceptionnelle collection de souvenirs, de portraits, de partitions, toutes plus passionnantes les unes que les autres. J'avoue avoir éprouvé pour certains instruments, certains partitions, certains livres une émotion rare.
RépondreSupprimerQuant à la bataille pour les gelaterie, c'est bien, comme cela on a plein d'adresses. Mais GF, tu verras, quand tu reviendras il faudra essayer la cremeria sur la piazza Cavour, elle est "stupenda".
Catherine, il faut craquer dès que tu en as l'occasion, en plus tu as la chance d'être pas loin toi, au moins !!!
Norma, comme dit Alter, il règne en Italie un je ne sais quoi dans l'air qui rend ces instants uniques !!! à consommer sans modération.
Nous y avons séjourné quelques jours en hiver, un merveilleux souvenir.
RépondreSupprimerNous étions à l'hôtel de l'Horloge.
Très central et bien pratique parce que l'hiver est très froid dans cette région !
Je me souviens d'un délicieux marchand de glace : Gelatauro, glacier mais aussi spécialiste de mosaïques !
Bon séjour.
Encore un article riche d'informations... Je suis impressionnée par les statues de bois... et j'imagine volontiers que leur réalisme puisse être troublant.
RépondreSupprimerMerci Michelaise pour cette intéressante découverte de Bologne !
réalisme troublant oxy, mais nettement moins repoussant que les écorchés en cire !!! le bois atténue un peu l'impression...
RépondreSupprimerAllons bon, Evelyne, si TOI aussi tu t'y mets, comment allons nous pouvoir quitter Bologne avec le nombre incoryable de "bonnes adresses" de gelaterie que nous avons maintenant !!! cela va finir en fuite éperdue pour résister à toutes ces tentations !!! merci du tuyau...