TU JETTES OU TU GARDES ???

La question m'est venue à propos d'Aloïs. Elle prend, vous le savez pour admirer ses photos sur son blog charmeur, des quantités de photos numériques et, comme tout un chacun, et même si les photos numériques ont résolu le problème de l'encombrement des tiroirs, elle doit se trouver à la tête d'un capital pixel impressionnant. Je me demandais, dans un de ces moments où je me livre à d'intenses réflexions existencielles, ce qu'elle en faisait !! C'est un de mes sujets de filouterie avec Mandarine : ma manie de tout garder en matière de photos lui parait excessive, au motif que " ce sont des souvenirs" ... " et puis, tu sais, on peut utiliser toute photo même ratée, en fond, en partie, bref, on ne sait jamais"... Elle prône le nettoyage par le vide, le tri et la conservation des seuls clichés corrects et utilisables.

J'ai, quant à moi, une forte propension à accumuler les mégas voire les gigas octets, à trembler sans cesse de les perdre et, parfois, à y chercher frénétiquement un cliché ancien dont j'ai gardé le souvenir mais pas la trace. Car, il faut bien l'avouer, on a beau ranger, en dossiers, sous-dossiers et autres cartons virtuels, allez remettre la main sur cette photo de lilas que vous avez prise en 2001 à Blaye... était-ce à Blaye ou à Sarlat ? Va savoir, peut-être à Bruges en 2002 finalement. Et vous voilà partie à feuilleter des photos anciennes, sans succès et à devoir finir par vous rabattre sur Google, vous tapez "lilas" et vous avez tout ce que vous voulez !! Oui mais, le sourire ému de Mandarine le jour où vous lui avez offert son premier "vrai" appareil photo ou le gros câlin de Koka sur l'épaule de son papa béat de bonheur, cela ne se trouve pas grâce à Google et il faut garder ces moments de tendresse. Bien sûr, votre ordi ressemble à un coffre-fort d'émotions, et il y a fort à parier que si vous faites comme moi, vous multipliez les disques durs externes pour éviter de tout voir disparaitre par la magie parfois ensorcelée de dame informatique (non, je n'ai pas accusé Lulu, promis).

Et pour le reste ??? Tu jettes ou tu gardes... car pour le reste, empatouillée par des parents qui avaient la collectionite et des tonnes d'objets hérités de tous ceux qui m'ont lachement abandonnée sur cette terre, je jette. Je trouve cela cathartique et me livre parfois joyeusement à la joie incomparable du sac poubelle. Mais reconnaissons-le, cela n'empêche nullement le trop-plein. Je rêve épisodiquement de cellules de moine, de dénuement franciscain et de dépouillement zen. Car je croule comme tout le monde sous les objets, souvenirs et vieilleries qui peuvent toujours servir, et auxquelles on tient, on ne sait par quel attachement dévoyé, et le superflu qu'il faudrait éliminer. Et quand il s'est agi de jeter mes vilaines assiettes pour les remplacer par ma nouvelle acquistion - j'ai craqué pour un vert celadon du meilleur effet - il me faut bien avouer que je me suis contentée de les empiler dans un coin, pour au moins pratiquer une étape, primordiale, dans l'art de jeter : l'étape "garage". Si, d'ici quelques années, cela n'a jamais reservi, il faudra alors se résoudre au franchissement suprême : la déchetterie !