TIVOLI AU XVIIIème

Il en est des expositions comme des livres ou des films : certaines sont réussies, d'autres ratées ! Tout dépend du talent du commissaire et de ses acolytes. Nous avons ainsi eu très envie d'aller voir "Archi et Bd, la ville dessinée", à la Cité de de l'Architecture et du Patrimoine. Le thème nous semblait porteur et les façons de le décliner multiples autant qu'ouvertes. Nous en sommes ressortis fort déçus, accablés par une impression de fouillis, de songe creux et l'absence d'une thématique claire. L'idée d'exposer des planches originales brouille la visite, elles sont justaposées sans véritable idée directrice, pas forcément toujours lisibles, les néons clignotants n'apportant rien à l'affaire. Mais surtout il y est plus question de BD que d'architecture, et la scénographie, répétitive, est ennuyeuse voire fatigante. Une manifestation trop ambitieuse, qui voulait traiter trop de choses et finalement n'en traite aucune de façon convaincante. La critique est, comme il se doit, dythirambique, mais nous sommes restés sur notre faim : nous avions pourtant de réelles attentes en allant voir cette expo, car le sujet de la ville dans la bande dessinée est très riche !

A l'opposé, nous avons trouvé très réussie une exposition modeste, qui se centre sur un thème limité, limpide, et a priori pas particulièrement affriolant, Variations sur un paysage au XVIIIème siècle, Tivoli. Une cinquantaine de variations sur le sujet relatent avec précision la mode qui saisit les peintres dès le XVIIème pour le travail sur le terrain, inspirés par ces ruines suggestives, qu'ils interprètent chacun à leur façon. Certains avec une précision encyclopédique, d'autres en le manipulant au gré de leur imagination, d'autres enfin en l'idéalisant. On y suit les influences flamandes ou italiennes, l'empreinte toute particulière de l'école française, on y voir évoluer le paysage et le façon de le représenter en fonction des époques. Une conduite forcée apparait, pour dévier les eaux qui sapent les fondations romaines, une église est détruite, des colonnes sont remontées, bref, le site vit et change sous nos yeux.

C'est une jolie mobilisation de toiles venant le plus souvent de musées provinciaux, qui, prises séparément sont de "petites" peintures mais qui, réunies, forment une progression tout à fait intéressante. Le catalogue enfin, admirablement documenté, ne se contente pas de présenter en détail chaque oeuvre du parcours. Il approfondit la fortune du thème en rencensant toutes les "folies" XIXème ou XXème qui ont reproduit l'ambiance tivolienne aux quatre coins d'Europe, et s'enrichit de témoignages d'écrivains, d'architectes ou d'historiens sur le célèbre "temple de la Sybille" qui fascina nos ancêtres.

Tout cela peut, en outre, vous donner envie de retourner ou d'aller découvrir le paysage in situ et de vous offrir, qui sait, un petit détour par Rome un de ces jours prochains !! Bref une bien agréable exposition qui dure jusqu'au 20 février 2011 au Musée Cognacq Jay, que l'on revisitera au passage avec bonheur, d'autant qu'on y admire dans toute sa splendeur retrouvée, une peinture de jeunesse de Rembrandt récemment restaurée. L'ânesse de Balaam a révélé, grâce à la suppression de vernis jaunâtres qui en contrariaient la lisibilité, les importantes promesses que ce jeune homme de 20 ans possédait déjà dans les doigts !