Jeu de l'intrus numéro 1 : un de ces 4 "autoportraits" d'Ensor n'en est justement pas un ...
Ensor était très à la mode lorsque j’étais jeune. Son côté provocant, sa touche d’amertume et de critique sociale implicite devait plaire aux soixante-huitards pas encore attardés que nous étions en ce temps-là. Mais j’avoue que lorsqu’Alter m’a annoncé l’exposition Ensor de Bruxelles, j’ai tordu le nez et nous y sommes allés plus par « conscience professionnelle » que par réel penchant pour ce peintre.
Jeu de l'intrus numéro 2 : Ensor, vu par lui-même et par d'autres... oui mais !! un de ces portraits n'est pas celui d'Ensor mais de son père.
Certes, cela reste le peintre des masques multicolores et vaguement inquiétants, avec parfois le sentiment qu’il en fait trop pour attirer l’attention. Comme une recette qui lui aurait assuré la célébrité. Cette méfiance tombe lors de la visite « d’Ensor démasqué ». Ses organisateurs ont eu l'intelligence de ne pas la limiter à cette facette du peintre. Elle emmène le visiteur dans le processus créatif de l'artiste, depuis les premiers pas de sa carrière, paysagiste presque impressionniste, jusqu’aux ultimes toiles peintes à plus de 80 ans. Avec 140 dessins présentés pour 60 tableaux, l'exposition met résolument l'accent sur sa façon de travailler, de créer et de mettre en lumière.
Dans un premier temps, celle-ci montre qu'Ensor était un vrai peintre réaliste. Excellent dessinateur, ses croquis copies de… ou dans le genre de… montrent une aisance certaine. Il réalise des paysages épurés, sans concession et qui rendent parfaitement le côté ingrat des horizons nordiques. Cela tient des peintres de Barbizon et un peu des impressionnistes.
Jeu de l'intrus numéro 3 : un de ces 4 portraits n'est pas celui de son ami Flinch...
Ses portraits sont acérés, assez brillants. Il croque souvent et avec acuité sa sœur Mitche, et son ami Willy Finch, toiles qui montrent la maturation de l’artiste, la recherche d'une juste position des mains, de la finition d'un détail ou la recherche du meilleur angle. Le portrait de sa mère morte réalisé sur le lit de mort de cette dernière, est, à cet égard, le plus frappant, mais pas nécessairement le plus prometteur.
La mangeuse d’huîtres m’a semblée plus intéressante !
Mais ce sont ses natures mortes et peintures d’intérieur qui m’ont le plus accrochée : il y déploie un sens de la lumière qui donne un relief intimiste et vibrant à ces scènes qui, pour moi, sont le genre dans lequel il excelle. L’exposition se termine d’ailleurs par deux scènes d’intérieur qui, laissant de côté les arguments faciles du peintre des masques, reviennent à une expression virtuose et nettement plus émouvante de l’ambiance de ces pièces intimes.
Ensuite, on s'intéresse de plus près au volet le plus original et le plus novateur de l'œuvre d'Ensor : ses fameux tableaux grotesques et ses masques. On apprend que ses parents tenaient une boutique de souvenirs, coquillages et masques de Carnaval dans la « bonne » ville d’Ostende et qu’il a grandi au milieu de souvenirs balnéaires d’un goût douteux, qui lui ont donné un penchant pour les couleurs vives et ces objets insolites qu’il vendait aux touristes de passage.
Au début, ses toiles sont simplement anecdotiques, puis, le succès venant, il leur donne un caractère angoissant, vaguement ricanant qui devient sa « marque de fabrique ». A cet égard, L'intrigue est indéniablement une des pièces maîtresses de l'exposition.
Elle représenterait le mariage de sa sœur Mitche, assez tardif, et se voudrait une présentation sans concession de la bourgeoisie belge du début du XXème. Mais d’autres toiles égrènent ces teintes vives, ces visages grimaçants, ces scènes un peu grotesques qui mettent le spectateur, transformé en voyeur perplexe, mal à l’aise. C’est prévu pour, et en tant que tel, c’est efficace ! Le monde grimé est un monde à l’envers, où tout est remis en cause, plus de certitudes, les liens sociaux sont démontrés par l’absurde. La foule est menaçante, cauchemardesque, et l’on est saisi d’une attirance répulsion qui est ambivalente et prégnante.
On découvre enfin qu’Ensor était aussi écrivain, conférencier, compositeur même à ses heures, et qu’il abandonna même quasiment la peinture, malgré le succès grandissant dont il était l’objet, pour se consacrer presqu’exclusivement à la musique. Il aimait développer à l’envi une prose aussi colorée que ses toiles, témoin cet extrait d’un discours prononcé lors d’un banquet donné en son honneur :
« Je suis né à Ostende, le 13 avril 1860, un vendredi, jour de Vénus. Eh bien ! chers amis, Vénus, dès l'aube de ma naissance, vint à moi souriante et nous nous regardâmes longuement dans les yeux. Ah! les beaux yeux pers et verts, les longs cheveux couleur de sable. Vénus était blonde et belle, toute barbouillée d'écume, elle fleurait bon la mer salée. Bien vite je la peignis, car elle mordait mes pinceaux, bouffait mes couleurs, convoitait mes coquilles peintes, elle courait sur mes nacres, s'oubliait dans mes conques, salivait sur mes brosses. »
Solution du précédent jeu dans l'Académie mise à nue : dans le premier duo, le Nattier est en bas. Dans le deuxième duo, le Nattier est à droite. Enfin, l'intrus, le dessin qui n'est pas de Van Loo, est celui d'en bas à droite.
Solution du précédent jeu dans l'Académie mise à nue : dans le premier duo, le Nattier est en bas. Dans le deuxième duo, le Nattier est à droite. Enfin, l'intrus, le dessin qui n'est pas de Van Loo, est celui d'en bas à droite.
Voila qui me fait regretter d'avoir raté l'expo d'Orsay.
RépondreSupprimerQue de questions ! Bon, à droite je connais le moustachu c'est Emile machin en ren-ren dont nous avons tous appris quelque poésie à la Communale. Ses bacchantes sont célèbres.
Le père ??? Je n'en sais rien mais il devait être moins allumé que le fils. Donc ce doit être le type sagement assis en bas à droite. Flinch: en bas à D le mec n'a pas la même barbichette.
Bon, et la frite dans tout cela ?
Ah oui en ren ren j'y suis !! les poésies de la communale... Voyons, je donnerai les réponses plus tard mais en attendant, la frite elle est à la fête pour réclamer un gouvernement ! y avait déjà les barbes, et à ce propos Alter était très tendance à Bruxelles, car c'était le début de l'idée de ne plus se raser tant qu'il n'y aura pas de gouvernement, mais malheureusement ce n'était pas encore la révolution de la frite !
RépondreSupprimerBonsoir Michelaise... Je dois avouer que je ne connaissais pas Ensor...
RépondreSupprimerJ'aime bien quand tu me "cultives" ou me "cultures"... ;-)))
Pour répondre à ton énigme, je pensais avoir une idée pour la première série, jusqu'à ce que je découvre les tableaux "grotesques"... A ce moment-là au lieu de nommer la toile en bas à droite, j'ai pensé qu'ils s'agissait peut-être de celle en haut à droite.
Son père est peut-être le monsieur en haut à gauche ???
Quant à son copain, je n'en ai pas la moindre idée.
Je n'aime par particulièrement le style de Ensor dans la nature morte aux coquillages, ou les toiles de masques qui suivent; en revanche j'aime beaucoup certains portraits et les petits paysages.
Je vais aller revoir ton article concernant Nattier pour y découvrir tes réponses.
Merci Michelaise et bonne semaine à toi ! (tu es en congés je pense ?)
PS : j'ai oublié de te dire que la nouvelle photo de ta bannière est très jolie...
RépondreSupprimerJe n'aime pas beaucoup Ensor, c'est loin d'être la peinture que je préfère, mais je ne connaissais que ses masques et ce que tu présentes de lui par ailleurs me plaît davantage...
RépondreSupprimerBonne semaine !
Trop de retard dans mes lectures de blog...je ne pourrai pas reculer l'aiguille du sablier! Je vois que j'ai raté pas mal d'articles intéressants et cela va continuer.
RépondreSupprimerIl faudrait 18 vies pour tout faire!!!
Bonne semaine Michelaise.
Partir de la côte Atlantique pour aller jusqu'à Bruxelles pour voir une exposition d'un peintre qui ne vous emballe pas plus que ça au départ, ce n'est plus de la conscience professionnelle, c'est un élan fougueux de jeunesse !!! Vous êtes impressionnants tous les deux !!!
RépondreSupprimerDans l'ensemble je ne peux pas dire que j'aime vraiment, mais je ne peux pas dire que je n'aime pas non plus sa peinture, il y a quelque chose, il a une forte empreinte picturale qui lui est propre, ça c'est sûr !!!
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerMoi, je regarde les tableaux, je lis tes commentaires et je profite pleinement.
Mais ma participation sera médiocre...
Au jeu des devinettes, je perds tout le temps...
( la mangeuse d'huîtres me plait beaucoup : elle a l'air ébahie... )
Merci beaucoup. Pour tout.
Je t'embrasse.
J'avais beaucoup aimé l'expo au Musée d'Orsay.
RépondreSupprimerEffectivement il y avait été présenté comme le peintre des masques
Mais il faut croire que je ne me souviens de rien car pas moyen de jouer!!
je suis ravie de revoir Coquillages et crustacés et j'apprécie que tu n'aies pas mis les squelettes qui se disputent le hareng,ce n'avait pas été mon préféré!!
Le dernier tableau est en effet très inquiétant ! Brrr... !
RépondreSupprimerJe fais la pause sur ton blog ! Et me replonge dans Ensor (j'aime assez). Un zoom et l'on voit, dans le premier quatuor de photo, qu'Emile Ren-ren est écrit: Emile Verhaeren. J'ai cherché sur Google et cela semble confirmer ce que j'ai dit...mais je puis me planter. Encore des regrets pour Orsay où Autour...a eue la bonne idée d'aller (Bruxelles est à au moins 10 kg de frites de chez moi...).
RépondreSupprimerBon bon, je rends les armes Roberto !! Ce sont bien, en haut à droite, les bacchantes de Verhaeren dit Ren Ren (c'est tout de même plus simple !!) qui taille ses crayons ! Tu as le zoom fin !!
RépondreSupprimerQue le père ait été moins allumé que le fils, cela ne fait aucun doute, et en plus, tu as raison c'est bien le monsieur assis en bas à droite. Mais avoue que son fils lui ressemblait vraiment, en particulier le buste qu'on a fait de lui !
Pour finir, Finch est plutôt blond et l'intrus parmi des 4 peintres c'est, en haut à droite, le portrait d'un certain Hammon, franchement brun.
Merci Oxy pour la bannière, et tu avais bien trouvé le non auto-portrait !!
RépondreSupprimerAstheval, le dernier tableau représente, en prime, le mariage de sa soeur, dans le genre critique sociale !! Mais en fait Ensor était un petit marrant, qui a joué du masque comme d'autres jouent d'une particularité qui permet de les distinguer. Il en a fait "son" style, mais a de nombreuses autres facettes. Heureusement !!
Mathilde en fait, nous allions à Bruxelles surtout pour les deux expos Van Eyck et Dürer, et Cranach... et aussi pour voir notre Koka, qu'on voir rarement. Ensor c'était "la cerise sur le gateau", oups !! mais finalement assez facile à digérer !
Roberto, je suis sûre qu'avec le TGV ce n'est pas si loin (ou un low cost quelconque)... Mais Ensor c'est aussi fini je crois.
ALoïs, coquillages et crustacés, qui ne plait pas trop à Oxy, était très transparente. J'ai vraiment aimé l'ambiance de ses scènes d'intérieur.
Tu as raison, Herbert, la mangeuse d'huître, sa soeur encore je crois, est très vivante !
Bon, pour résumer, et nous sommes tous plus ou moins d'accord, heureusement qu'il a fait autre chose que des masques ! Pour lesquels il est connu pourtant, mais c'est l'intérêt de la provoc !