Une petite incursion dans le monde du management, en trois épisodes (j'ai peur de lasser !) un peu plus sérieux que les histoires de casseroles, prétextes à rappeler que l'organisation du travail, dans les Temps Modernes, n'a pas autant changé qu'on pouvait l'espérer.
Taylor, vous connaissez forcément ? « Les temps modernes », Charlot sur sa roue, l’Organisation Scientifique du Travail… vous savez la division verticale et la division horizontale du travail. Les cols blancs, ingénieurs des méthodes, qui pensent et rationalisent le moindre geste, tache simple, répétitive, décomposant, déstructurant les compétences pour le plus grand bien de tous ! Et les cols bleus qui exécutent, ne sachant même plus ce qui sort au bout de la chaine, une cuisinière ou un frigo. Peut-être même avez-vous entendu parler du cercle vertueux du fordisme (application pratique du taylorisme à l’industrie automobile) : les gains de productivité réalisés sont, sous forme de salaire au rendement, en partie redistribués aux ouvriers. La hausse des salaires entraine une consommation de masse. Celle-ci induit une production à moindre coût grâce aux économies d’échelle et à la standardisation. En découle une hausse du niveau de vie et une transformation du mode de vie de la population. Un peu ce qui s’est produit récemment quand Renault a fait fabriqué sa Dacia en Roumanie, les ouvriers roumains ont pu, grâce à la hausse de leurs salaires, devenir rapidement les acheteurs les plus ardents de la voiture à bon marché qu’ils produisaient. On avait déjà vu ça dans les années 30 avec la Ford T.
Puis sont arrivées les 30 glorieuses, les revendications sociales et l’exigence des travailleurs d’être reconnus, respectés. Les effets des cadences infernales ont détérioré les conditions de travail, on ne supporte plus l’abrutissement, la dépersonnalisation, l’absence totale de responsabilité du travail à la chaine. On revoit alors les théories du management, on préconise la prise en compte des aspirations de l’individu, on prône la suprématie des relations humaines, on reconstitue des équipes autonomes, responsables. Ce d’autant plus que les gains de productivité à la Taylor ont atteint leurs limites, et que le marché est moins friand de biens standardisés. Le client veut de plus en plus de qualité, de d’instantanéité, et de différenciation. Le taylorisme est trop rigide dans une économie mondialisée où règne l’infini des possibles, donc des attentes. De nouveaux modes de management se font jour : écoute, dialogue, coopération, participation de tous, appel à l’intelligence des salariés.
A suivre …
J'aime bien cette chronique.
RépondreSupprimerC'est l'époque, je crois, où les universitaires ont commencé à se pencher sur l'ergonomie des postes de travail et l'analyse pluridisciplinaire des situations de travail.
Belle journée à toi !
Norma
On pourrait ajouter aux Temps Modernes,Voyage au bout de la nuit, mais cela risque encore de faire des vagues actuellement!!
RépondreSupprimerTu ouvres là un vaste débat!
Après Ford on parle de Toyotisme.
Mais n'est-ce- pas la population qui a changé de mentalité et par le fait remis en question certaines bases?
Nous sommes de plus en plus exigeants,demandons de plus en plus de services.
Je ne sais plus où j'ai trouvé ceci:
Vider les poubelles, et les laver,, faire les lits, la poussière, les boiseries
derrière les voilages, l'abat-jour, la suspension, le radiateur, la penderie intérieure et extérieure, la gravure, les
miroirs, vérifier le bon fonctionnement de l'éclairage...
Je crois 54 tâches pour une femme de ménage d'un hôtel bas de gamme payée je crois au nombre de chambres faites à l'heure
Alors que pour un hôtel trois étoiles la norme est différente,mais je me trompe peut-être ,je n'arrive plus à retrouver ces sources.
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerAprès l'initiative interesante, tu nous entraînes vers l'optimisme...
A suivre , en effet.
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
C'est exactement là que je veux en venir Aloïs... comment les nouveaux modes d'organisation du travail, au nom de la productivité et de la compétitivité, ont rejoint et pire, dépassé, le taylorisme : car, aux exigences traduites en fiches de processus drastiques, s'ajoute la pression de la flexibilité, de la polyvalence, le flicage par l'informatique bien pire que le pire des petits chefs... voir chapitre 2 et 3!!!
RépondreSupprimerNorma, c'étaient les débuts du management qui a fiat flores depuis, avec des effets étranges sur la vie des salariés.
Herbert, un optimisme limité tout de même !!! voir la suite...
Tu sais bien que les hommes ne sont plus que des variables d'ajustement ...
RépondreSupprimerCertainement très limité en effet, l'optimisme (en dépit de l'intérêt de ta chronique Michelaise) quand on pense aux nombreux salariés (Orange, Renault, Eurodisney (!) et tant d'autres suicidés ou ayant tenté de le faire.
RépondreSupprimerLes Temps Modernes nous paraissent presque un idéal, vu de ce côté là de la lorgnette.
Bonne journée à toi.
Mais Odile, ces 2 chapitres ne sont que l'annonce du 3ème ! car c'est dans le dernier que tout se dénoue !! Et le pire, Aifelle, c'est qu'on en a fait des variables d'ajustement consentantes. C'est le plus pernicieux. A suivre donc...
RépondreSupprimerAu moins le titre du film lui le restera ..moderne
RépondreSupprimerLa scène d'ouverture des Temps Modernes symbolise parfaitement notre société post-industrielle !
RépondreSupprimerMerci de votre passage Tietie... comme quoi, rien n'a vraiment changé, quoi qu'on veuille en croire ! cela s'est même, à mon avis, voir le chapitre 3, aggravé
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