Suite du chapitre 1
Pendant ce temps-là, dans nos pays occidentaux, l’économie se tertiarise et on se heurte à un « bug » de taille : pas évident de réaliser des gains de productivité avec les services. Adam Smith l’avait fort bien expliqué en son temps : la coupe de cheveux est certainement, à travers les siècles, l’activité qui a connu la plus faible amélioration de sa productivité. Il fallait autant de temps au barbier grec pour tailler la barbe d’Agamemnon qu’à l’accorte jeune femme qui modèle artistiquement celle d’Alter.
Et pourtant, il fallait trouver, même sans les services, des sources d’économie. Qu’à cela ne tienne, nos cols blancs, devenus de plus en plus nombreux grâce à l’élévation du niveau d’éducation, ont réfléchi. Et est née une forme étrange d’organisation du travail que dans les milieux autorisés (oups !!) on nomme joliment de néotaylorisme. Joliment ? Voire ! S’il est de bon ton de faire de la nouvelle cuisine ou de la nouvelle Histoire, le néo-gothique, le néoclassisisme ou le néolithique ont plutôt mauvaise presse.
Je l'ai trouvée là cette sirène ( à moins que ce ne soit finalement une sorcière... qu'en pense Lulu ?) des nouvelles exigences du travail "grâce" aux NTIC
Mais qu’est-ce donc que cette nouvelle méthode d’organisation du travail ? Ce n’est pas du taylorisme, que non, car on y trouve érigés en principe respectables, la flexibilité, l’adaptabilité, l’autonomie, l’enrichissement des taches. Et dans un premier temps, les salariés se sont sentis valorisés, on leur faisait confiance, ils étaient moins contrôlés par des contremaitres tatillons surtout préoccupés de cadences infernales. Mais ils ont vite déchanté, les NTIC, vous savez ces trucs barbares qui passent par tout ce qui est informatisé, ont permis de mettre au point des systèmes de surveillance bien plus efficace que le garde-chiourme le plus odieux. Elles permettent un suivi permanent du salarié et une mesure impitoyable de ses performances.
Et voilà, le maître-mot était lâché… Et que n’a-t-on inventé, et qu’inventera-t-on encore au nom de cette sacro-sainte performance ? D’autant plus sacro-sainte que, mondialisation aidant, chaque individu responsable a compris que, s’il n’y met pas du sien, les vilains petits chinois seront ravis de faire son boulot à sa place. Fut-il tertiaire !! La pression ne vient plus de la hiérarchie, elle vient de l’intérieur. Sous forme de la terreur de ne pas être à la hauteur et d’entraver la joyeuse marche vers l’avenir en ralentissant le rythme de la grande marche en avant par ses insuffisances. Et alors, pas de salut, poubelle, chômage, fermeture de poste, faillite d’entreprise, délocalisation, et fin du beau rêve !!
A suivre…
Voici une anecdote qui n'a d'autre valeur que celle d'exemple. Il y a quelques jours, je me trouvais au restaurant et, à la table voisine de la nôtre, quatre jeunes femmes "trentenaires", cadres administratifs dans le secteur hospitalier (public et privé) et les maisons de retraite, parlaient suffisamment fort pour que chacun profitât de leur conversation: projets, ambitions, délais, sommes à investir, contrats d'assurance, dénigrement de collègues absentes et du personnel médical (qui pourtant, lui, est dévoué aux autres). Elles péroraient, ayant le sentiment d'avoir autorité sur tout et tout le monde. Est-ce là ce qu'on leur a appris ? J'espère que les nouvelles générations ne ressembleront pas toutes à ces jeunes femmes et que la plupart des décideurs sauront enfin montrer un peu plus d'humanité.
RépondreSupprimerAnne
Tu sais ce que je pense des sirènes et autres fées.Il faut bien sur, s'en méfier plus que des sorcières ;-)
RépondreSupprimerEt cette idée (je pense émise par de Gaulle...) d'intéresser les travailleurs aux bénéfices de l'entreprise, qu'est-elle devenue ?
RépondreSupprimerAnne, des porte-paroles d'un système, que l'on a convaincues que les méthodes de management nouvelles étaient le seul salut... qui un jour risquent fort d'être elles-mêmes victimes de ce qu'elles prônaient lors de ce déjeuner.
RépondreSupprimerNorma, ce sera la conclusion du chapitre 3, bien sûr...
Avis éclairé Lulu et ô combien perspicace.
On est mal avec cette doctrine puisque l'apprentissage est quasiment inexistant en ces temps dits modernes
RépondreSupprimerOui, Anne, je suis sure que c'est ça qu'on leur a appris,dans des écoles sur mesure où l'on sélectionne des esprits sur mesure qui apprennent hélas de plus en plus tôt... Les nouvelles générations seront pires et feront un drôle de médecine...
RépondreSupprimerJe crains que Anne n'ai quelques déceptions pour ce qui est de l'humanité.
RépondreSupprimerMême dans notre petite mairie,nous avons des fiches de poste,des notations...
Il y quelques jours j'étais dans un grand centre consacré aux cuisines le vendeur était au téléphone avec un de ses collègues lui annonçant la chiffre de mois écoulé et se lamentait du fait qu'ils avaient effectué le même chiffre mais avec plus de personnel!
On sentait une certaine angoisse dans la voix de cette personne
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerEh! bien, moi, je vois une sirène qui fait du néonarcissisme...
Evidemment,mon optimisme en prend un coup.
Mais , comme c'est à suivre...
Merci beaucoup.Pour tout
Je t'embrasse.
J'ai terminé ma carrière entourée de très jeunes collègues dont le formatage et le cuirassage me faisaient peur. Et bien sûr, elles seront victimes un jour à leur tour.
RépondreSupprimerAh Herbet, voilà bien une idée d'article qui pourrait me donner des idées : une valeur qui monte, le néonarcissisme !!!
RépondreSupprimerAifelle, cuirassés apparemment, mais je crains que les arguments évoqués pour convaincre les salariés du bien-fondé de ces méthodes ne leur laisse guère le choix et qu'il faille "se" cuirasser pour survivre.
Et que, comme tu le dis Aloïs, l'angoisse soit toujours là, latente, qu'on essaie de ne pas montrer pour paraitre au top. Tant pour les fragilités personnelles...
Oh que ce monde du travail me fait de plus en plus peur ! A tous les niveaux et dans tous les domaines il faut faire du chiffre ! La finance a envahi cette société...Et c'est la course vers quoi?????
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