COLERE

Le bouquet du 8 mars, cueilli fleur à fleur par Alter sur son lieu de travail ! Pour offrir à sa petite ministre de l'économie familiale !

Marre, au point de vous en faire un billet... sans connotation politique aucune, mais exaspéré. Marre qu'on nous prenne pour des imbéciles, des citoyens de deuxième zone, des demeurés, qu'on nous parle comme à des irresponsables. Marre parce que le discours est tellement infantilisant que cela me met en rage, mélange de parler publicitaire de bas niveau et de démagogie rampante, même pas dissimulée. L'affaire ? Oh rien de plus qu'hier et sans doute moins que demain : j'écoutais ce matin Madame Lagarde, qui me semblait être capable de faire preuve, quand les circonstances l'exigent, d'un discours cohérent, censé, voire élaboré.

Or, il était question du prix des carburants et elle a commencé, savamment mais inexorablement, par expliquer que l'Etat a besoin d'argent, donc ne peut (ou ne veut) réduire les taxes perçues sur les hydrocarbures. Cette fâcheuse TIPP, mise en place parait-il dans les années 20  pour remplacer d'autres impôts en perte de vitesse, est proportionnelle aux volumes vendus et non aux prix. La TIPP n'est pas un pourcentage, c'est une somme fixe en €/litre. En conséquence, l'état n'engrange pas plus d'argent sur la TIPP si le baril est à 150$ que s'il est à 20$. Par contre signalons au passage que la TVA s'applique sur le prix du produit + TIPP, donc dans ce cas, si le baril est haut, l'état gagnera plus en TVA.

Taxe trop lourde donc, mais laquelle ne l'est pas ?? Et à y regarder de près, la France n'est pas le pire des pays pour son montant (document de 2006, mais cela donne un ordre d'idée)

Donc, on pouvait admettre que Madame la ministre tienne ce discours, c'est un peu son boulot et finalement ce n'est pas nous qui devons assurer l'équilibre du budget de l'Etat, elle était dans son rôle. Non, ce qui m'a fait hurler de rage et qui vous vaut ce coup de gu... c'est la suite. Madame la ministre est allée, les journalistes s'en extasiaient, (nous faisons cela toutes les semaines), visiter quelques pompistes, et a constaté que les prix varient de l'un à l'autre. Assez sensiblement. La belle affaire, nous savons que le prix des carburants n'est plus réglementé et que la loi du marché s'impose. Et nous, qui en sommes les agents, nous savons comment ça marche un marché : si on trouve trop cher, on va ailleurs. Et bien madame Lagarde déclarait au journaliste, le minois enfariné et l'air d'une institutrice qui prend ses élèves pour des débiles :

"Il faut savoir consommer malin !!! (là je grognais déjà, on aurait dit qu'elle nous parlait des barres chocolatées du goûter!) et apprendre à rouler éco"

Mais Madame, nous sommes des adultes, pas des sales gosses qui font des caprices. "Consommer malin", c'est à dire, en termes d'adultes et non comme dans une pub pour maternelle, faire jouer la loi du marché, nous savons le faire, Madame. Et mieux que vous sans doute, nous qui payons notre carburant chaque semaine et qui voyons la note déraper depuis quelques temps, de telle façon qu'on n'ose plus remplir le réservoir sous peine de ruine immédiate. Quant à "rouler éco", langage médiatique de bas étage, nous le faisons depuis longtemps et même quand le prix du carburant se calme, parce qu'on n'a pas envie de gaspiller. Car, Madame la Ministre, gérer notre budget, assurer nos fins de mois, vivre dignement passe par des choix, des attitudes que nous maitrisons au jour de jour. Et nous n'avons pas besoin pour cela de vos conseils dispensés avec des "mots imagés".

C'est cela qui m'a mise en colère, l'usage de ce langage télé, de ces arguments qui sont censés faire choc, comme si nous étions des idiots, comme s'il fallait nous expliquer en termes simples ce que nous savons mieux que quiconque. Nous sommes des citoyens responsables et respectables et ces phrases nous renvoient une image de nous qui n'a rien de flatteur ! Marre du discours simplificateur, comme si nous n'étions que des acheteurs de corn flakes. Consommer malin, moi ça me hérisse. Et rouler éco, cela ressemble à un slogan de machine à laver ! Plus blanc que blanc. Et nous savons fort bien que les prix ont dérapé parce que les distributeurs, du moins certains, ont anticipé vaillamment et vivement les difficultés que le marché des hydrocarbures va connaitre du fait des événements lybiens. Nous surpayons un stock existant pour assurer son renouvellement à un prix forcément en hausse. L'ajustement à la hausse est toujours très rapide et nous subissons cela de plein fouet, sans autre possibilité de réaction que de limiter nos kilomètres.

Et comme je paie tout sans protester, je VEUX qu'on me parle correctement.