vendredi 11 mars 2011

FRENCH SOUP


Que préparer à son alter ego quand il rentre de Paris à des heures indues, après être allé y courir la prétentaine et qu'il n'a mangé qu'un sandwich dans le train du retour ? Comme demain*, il aura une autre réunion "hyper importante" qu'il ne peut rater sous aucun prétexte, vous décidez qu'il va bien falloir passer un petit moment ensemble sous peine de ne plus se voir. Une soupe à l'oignon, j'ai trouvé ! L'hiver se termine, et bientôt on n'aura plus envie de ce plat roboratif. De plus, c'est parfait pour l'heure tardive, et ça a des relents de lendemain de fête qui rendront la soirée plus joyeuse.

Lorsque j'étais adolescente, j'habitais la banlieue bordelaise et les mariages des enfants des amis de mes parents, auxquels j'étais conviée, étaient tous un peu "prout prout". Traiteur, château et compagnie, cela n'empêchait pas les jeunes de s'amuser, mais cela avait un air reproductible et convenu qui, déjà, me lassait. Pourtant j'ai eu la chance de participer joyeusement, accordéon et jarretière de la mariée à l'appui, aux "noces" des trois filles de notre voisin, filles qui furent mes copines de jeu dans une jeunesse d'enfant presque unique. Le voisin en question était un charentais de la côte (et oui, déjà !!) venu travailler à Bordeaux pour fuir les parcs à huîtres et autres duretés de la vie campagnarde. Il était agent de police et d'une jovialité jamais prise en défaut. C'est le mariage de ses filles qui m'a initiée à la soupe à l'oignon. Celle qu'on portait, dans un pot de chambre, aux petites lueurs de l'aube aux mariés tout juste endormis. Bon d'accord, c'était moyen, mais on s'amusait comme des fous, d'autant qu'il fallait d'abord torturer quelques complices pour découvrir le lieu où se cachaient les époux. Elle avait un goût de fête et une odeur inimitable, car on mourrait de faim après un repas de noces pourtant pantagruélique. Et puis, pour la jeune fille que j'étais, élevée très sévèrement par un papa qui ne transigeait pas sur la permission de minuit, c'était des moments de liberté inoubliables.


La soupe à l'oignon simple serait d'origine lyonnaise, j'avoue que ce n'était pourtant pas un plat familial. Et la gratinée serait parisienne, servie aux forts des halles après leur travail nocturne. On pense que les romains la connaissaient déjà mais l'invention en est attribuée soit à Louis XIV soit à Louis XV. La tradition veut qu'elle ait été élaborée un soir de retour de chasse avec les éléments du bord, pain rassis, oignons et parait-il du Champagne. Supposée guérir les excès des soirées trop arrosées, elle est parfois rebaptisée soupe de l'ivrogne. Les recettes en sont toujours à peu près constantes, avec des variations infimes qui portent sur le rajout d'un oeuf, l'adjonction de crème fraîche ou de Champagne, l'incorporation ou non d'un petit verre de fine.  La plus sympa de la toile, je l'ai trouvée ici !!


En ce qui me concerne, j'y mets une rasade convenable de Porto et la préfère gratinée. Il faut que les oignons soient parfaitement brunis pour lui donner cette couleur particulière, un peu foncée, qui en assure la réussite. On n'a ajoutera, avant d'y verser le bouillon enrichi de vin ou d'alcool, qu'un léger voile de farine, juste pour donner un peu de corps au brouet. Après un bon mijotage, on verse sur des croûtons d'un pain le plus rustique possible, mais forcément rassis. Un peu de gruyère râpé sur chaque soupière, le reste n'est plus qu'une question de gratinage !
Avec un bon plateau de fromage et une salade de fruits agrémentée de quelques "cerises amarenna", l'accueil a été chaleureux !

* jour où j'écris ces lignes... vais-je réussir à vous attendrir sur mon sort de pauvre épouse esseulée malgré les petits plats qu'elle concocte à son ingrate moitié ??

8 commentaires:

  1. Bonsoir Michelaise ! Je suis sûre que ton Alter est très fier de son épouse esseulée qui sait le requinquer par des petits plats parfois inattendus et savoureux....
    J'avais oublié la soupe à l'oignon qui comme tu l'as bien écrit était le plat de fin de longues soirées... J'avoue avoir eu parfois du mal à l'avaler cette soupe qui n'était d'ailleurs pas aussi appétissante que la tienne et qui après une nuit blanche me semblait arriver bien bas dans mon estomac...
    Tu me donnes envie de retenter l'expérience....
    J'ai du boulot avec toi... ;-) J'avais acheté 2 oranges (je reste prudente...) pour la salade sucrée/salée, mais elles ont disparu de la coupe à fruits avant que je n'aie le temps de réunir les ingrédients nécessaires... Quant à la râpée, mon Astheval a vu hier mon petit pense-bête sur lequel j'ai écrit "Faire la Râpée de Michelaise" et elle m'a demandé "Tu la fais quand je suis là, hein maman ?!"
    Allez aux fourneaux Oxy !
    Bonne nuit et bon week-end à toi Michelaise !

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  2. Nous attendrir, non..., mais nous affamer, certainement, surtout en cette journée plus hivernale que printanière !
    Le porto dans la soupe à l'oignons, je ne connaissais pas ; à essayer, donc !
    Très bon week-end !
    Norma

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  3. Ton titre de french soup, m'a beaucoup fait rire, chère Michelaise, sans moquerie et cela n'enlève rien au plaisir que j'aurais eu à partager cette soupe avec toi, mais le temps d'arriver elle aurait été froide.
    Et de la soupe, j'en ai mangé depuis que je suis sur la terre, avec le secret désir de grandir, mais tout ce qui se dit n'est pas vrai, la preuve pour moi. Je me console donc en vivant plus près de la terre qu'un basketteur et en recevant la pluie tombée du ciel, moins vite que lui. Oui, je sais, c'est infime comme différence de temps mais avec les années... ça compte.
    Pour le soleil, ça marche pas, toujours aussi bronzé chaque été malgré cet éloignement supérieur à la moyenne . Ma mère m'appelait le petit négrillon où " son pruneau". Tu vois, les origines s'affichent sur la peau, moi qui ne suis qu'un Breton du Sud, j'ai beaucoup d'affinités pour les peuples méditerranéens.
    Tout cela nous éloigne de ta soupe, excellente j'en suis sûr et qui va refroidir si je te retarde.
    Je vais donc essayer de la faire et te dirai si je l'ai aimée cette Michelaise s'french soup.
    Je t'embrasse bien amicalement,

    Roger

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  4. Ta p'tite soupe à l'oignon me fait envie. Je n'en fais jamais, car dans ma troupe certains faisaient la grimace. Maintenant que nous sommes en duo ou en comité restreint ça se tente !
    Concernant la p'tite * de la fin de ton message, je compatis d'autant plus que je n'attends pas encore souvent seule. Je connais bien l'assiette servie au cas où et sa p'tite cloche protectrice...
    Faudrait faire un service de gardes des moitiés.

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  5. pardonne moi pour une fois je n'ai le temps de m'occuper de tes oignons....ha ha j'en pleure !!!

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  6. La soupe à l'oignon m'inspire de très mauvais souvenirs d'enfance et je n'en mange jamais. Et j'ai connu aussi les visites du petit matin aux jeunes mariés. Comme tu dis c'était moyen, très moyen !

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  7. Tiens maintenant que tu le dis Gérard, c'est étrange, je n'ai même pas pleuré !!
    Oui Aifelle c'est d'un goût un peu douteux, mais à 16 ans qu'est-ce qu'on s'amuse !! parce qu'à cette heure-là, votre sévère papa dort à poing fermé et j'en garde des souvenirs joyeux !
    Lulu, les moitiés qui se font attendre mangent de la soupe froide ! Enfin si l'on en croit Roger, qui a l'air de l'aimer bien chaude ladite soupe.
    Roger le pruneau, ici c'est soupes, potages, véluotés, bouillons et compagnie tout au long de l'hiver, et sans jamais se lasser. Nous sommes donc des géants ! Mais depuis quand les bretons sont-ils d'origine méditérannéenne ??? Va falloir que je dise cela à Koka, cela la réconciliera avec la Bretagne !
    Norma, c'est un peu doux le Porto, mais cela donne un parfum agréable ! Je ne l'ai jamais tentée au champagne par contre !
    Oxy, je croyais t'avoir répondu et je ne trouve pas mon commentaire. Je vais cherché où il a pu passer. j'étais toute émue de votre projet de râpée et te conseillais de bien faire attention à ne pas la laisser brûler, parce qu'Astheval et toi seriez en train d'échanger vos petits secrets !! Ou alors, faites-le à côté de la poële ...

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  8. Soupe à l' oignon, un de mes premiers essais en cuisine.
    les Espagnols étaient ravis.

    Bon dimanche

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