vendredi 18 mars 2011

LES TOILES DU MOMENT

Deux films bien différents mais qui, chacun à leur manière, nous ont procuré deux vrais moments de plaisir. Et qui ne se sont pas contrariés !!


Shahada est un premier long métrage, film de fin d'études de surcroit. Un film à tout petit budget dont l'argument pouvait, s'il était traité avec trop de poncifs, être pénible à supporter. Et là, malgré la bonne critique de Danielle, nous ne savions pas trop où nous allions. Ma revue de critique de film lui accordait un petit deux étoiles, accompagné d'un jugement assez élogieux mais lui reprochant "un déroulement des diverses intrigues sans surprise". Tourné par un allemand d'origine afghane, (Burhan Qurbani, un nom qu'il va falloir retenir), le film s'organise autour de l'histoire de 3 jeunes "deuxième génération"; d'origines géographique variées et qui ont en commun leur religion musulmane. Une religion difficile à pratiquer à l'épreuve de la modernité et de l'intégration. Mais une religion qui les lie, au moins autour de la communauté qui, souvent les rassemble autour de leur imam. Pragmatique, l'imam pratique une lecture modérée et séculière du Coran. Chacun de ces trois histoires vit une épreuve personnelle, profonde et religieuse, qui bouleverse sa vie. Autour du thème de la difficulté de concilier la foi musulmane avec les tentations de la vie occidentale, se développe en filigrane un deuxième thème, traité avec beaucoup de sensibilité : celui de la transmission et de l'amour des parents pour leurs enfants. Et c'est finalement ce qui fait que ce film est une vraie réussite. Certes son approche non manichéenne de la religion, soucieux de combattre les stéréotypes et de bien distinguer l'islam de l'islamisme, est déjà, en soi, parfaitement réussie. Le réalisateur a construit son scénario à partir de rencontres et de témoignages, en y mêlant une pointe d'expériences personnelles. Ses maîtres, à eux seuls, vous diront la qualité de son discours : "Le décalogue" de Kieslowsky et "Un prophète" de Jacques Audiard. Mais l'idée d'avoir ancré ses personnages dans une humanité palpable, où les liens du sang sont fondateurs, mais aussi douloureux et délicats à cultiver, est le trait qui donne de l hauteur à ce film.
L'image est très belle, toujours très esthétique, souvent sombre. Le rythme est assez soutenu, proche du film d'angoisse mais sans jamais créer de tension ou de malaise. Les histoires s'entrecroisent avec habileté mais sans affectation. Quant aux acteurs, ils sont d'une justesse jamais prise en défaut. Tous, même les plus petits rôles. J'ai eu un vrai coup de coeur pour les yeux verts de Carlo Ljubek, et sa moue torturée. Au total un film émouvant et prenant, qui évite les banalités du film social ou communautariste. Certains lui ont reproché la légèreté de son scénario, mais j'ai au contraire apprécié le relief que cela donne à chacune des ces histoires terriblement simples et pourtant graves.

Le fils à Jo, encore un premier film, sans prétention, a été tourné par Philippe Guillard, ancien champion de rugby et journaliste sportif. Il avait participé au tournage de Camping en 2006, c'est vous dire que le ton est léger. Et l'histoire mince. Mais on s'amuse vraiment, même si le réalisateur nous décrit un sud-ouest d'opérette et un rugby grand coeur. C'est bourré de clichés, les ficelles sont énormes, mais on n'est pas là pour se prendre la tête. C'est gentil, léger et drôle. Les méchants sont méchants, les gentils sont gentils et la happy end est au rendez-vous ! La prestation de Gérard Lanvin en ancien international soucieux de viriliser son fils, fort en maths, qu'il élève seul à l'aide de quelques copains pas toujours très fins, est très crédible. Il a joué au rugby lui aussi !! Vincent Moscato en Pompon est désarmant, et Olivier Marchal en Don Juan au grand coeur tout à fait dans le ton. Mais la palme revient au jeune Jérémie Duvall qui interprète le jeune Tom Canavaro. Il est à croquer ce gosse, émouvant, pétillant et quand on sait combien la direction de jeunes acteurs peut être parfois difficile, on devrait aller le film rien que pour le jeu au diapason de cet enfant de 12 ou 13 ans.
J'ai enfin cru reconnaitre lors du banquet (avec l'aide d'Alter) : Guy Novès entraîneur de Toulouse et Fabien Peloux ancien capitaine de l"équipe de france, et en chef de gare Califano. Mais, même si le rugby ne vous branche que moyennement, vous passerez un agréable moment en allant voir cette "comédie à la française", sans violence, sans explosion, sans arme et sans c... Beaucoup de bons sentiments, pas mal de sourire et quelques moments d'attendrissement.




9 commentaires:

  1. LES TOILES DU MOMENT ou l'étoile du berger ?

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  2. Ces films "régionalistes" ont le vent en poupe, cela me laisse pour le moins septique.

    Très belles photos et vues sur votre bannière, auriez-vous le bonheur de contempler cela tous les jours ?

    Bonne fin de semaine.

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  3. Il faisait trop beau ces derniers temps je n'ai pas eu envie de m'enfermer.
    Peut-être en fin de journée,pour le premier c'est trop tard il a quitté Paris ,le second me tente moins.
    Bonne journée

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  4. Oui Miss Lemon, très régionaliste en effet... Si on n'en est pas, cela n'a guère de sel !
    La bannière c'est l'endroit d'où j'écris ce blog...
    Aloïs, forcément que cela ne te tente guère ! Un de mes étudiants, tout petit gabarit, genre talonneur, et dont le papa est entraîneur sur l'île d'Oléron, m'a dit "je n'ai pas voulu y aller, c'est excatement mon histoire !! mais mes parents ont adoré !"

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  5. Je vais rarement au cinéma, mais comme toujours chez toi je me cultive.
    Merci et bon dimanche.

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  6. Lorsque je lis les critique d'un film, lorsque je les entends à la radio je suis toujours frappé de la façon dont on balance le travail des gens. Une sorte de légèreté d'être dans la jubilation du mot pour le mot, même quand c'est justifié.
    Nous résumons facilement tout, dans ce monde de consommateurs, jusqu'aux personnes ayant passé la date de péremption.
    Alors un film, après tout, pourquoi pas. Ce n'est pas si grave mais ça peut l'être ds fois. Les perroquets font beaucoup plus de mal en ville que dans la jungle
    Pour être créateur il faut avoir une grande résistance au sentiment de frustration sous peine de disparaître à la première critique. Le land art est une école d'humilité où création et disparition se chargent de te mettre au bon niveau d'ego. Malgré cela, les critiques viennent se percher sur ton épaule. Ils causent, causent causent t'invitent à plus d'humilité encore. Jusqu'à disparition ?
    Personnellement, même avec ses défauts, j'ai bien aimé le fils à Jo.

    Belle soirée,

    Roger

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  7. Bonjour ma chère.

    je deviens * casanière* et ne vais plus trop au cinéma en ce moment.

    Pour illustrer le propos des perles de verre qui *roulent* sur mon blog en ce moment, je regarde sur le net *Nagaland*, je vois que nos deux blogs sont l'un sous l'autre. Il suffit d'un mot, parfois, pour se retrouver dans une liste du net où l'on ne s'y attendais pas. Très rigolo.

    Je me rappelle de la surprise, en découvrant mon blog sur le Japon, sur le net en cherchant des information sur le château de Nagoya.
    Un petit coucou de Lausanne.

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  8. Mais Roger, je n'ai dit aucun mal du fils à jo, au contraire, j'ai dit que je me suis amusée comme une folle ! mais il faut être honnête, si on ne s'intéresse ni au rugby ni au sud-ouest, cela ne casse pas trois pattes à un canard ... il s'agit de donner envie d'aller le voir, mais en prévenant de ce que c'est réellement. Je ne crois pas que mon blog soit jamais méchant ni cassant, mais honnête. J'ai des goûts, j'ai des convictions, je ne vais pas non plus faire dans le consensus mou, pour plaire à tous et à chacun ! Et je ne pense pas me laisser aller à la jubilation du mot pour le plaisir de casser. Au contraire, quand j'ai des réserves, je les exprime toujours le plus modérément possible, exemple Black Swan en disant que ce sont MES goûts qui m'ont empêchée d'aimer. On a, cas de Black Swan, le droit de détester les scènes porno ou violentes.

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  9. Béatrice le cinéma, c'est une habitude et quand on l'a, on a du mal à s'en passer.

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