dimanche 24 juillet 2011

A TOUTE VOLEE


Lors du concert du quatuor Raphaël, qui se déroulait dans le cadre des « Jeudis musicaux des églises romanes », festival dont je vous ai maintes fois parlé avec enthousiasme, un spectateur assis derrière moi se lamentait que les concerts classiques aient si souvent lieu dans les églises, monuments dont l’acoustique ne lui semblait guère adaptée aux sonorités des instruments. Saisi d’une subite inspiration, il déplorait ensuite que le concert n’ait pas lieu au temple, dans lequel il n’avait manifestement jamais mis les pieds mais qui devait lui paraître d’un exotisme bien plus grand. Ce en quoi il faisait une lourde erreur car, la région ayant été huguenote,  les temples sont assez nombreux en Saintonge mais pas nécessairement mieux adaptés à la musique que les églises. Mais surtout ces réflexions, proférées plus pour parler que pour faire avancer le schmilblic, traduisaient une ignorance manifeste de la vocation affichée du festival qui se propose justement de faire connaitre les églises romanes qui sont la richesse patrimoniale de la région.
Écoutant les remarques de ce monsieur, je me sentis plongée dans la perplexité habituelle : mais en quoi l’église de Meschers est-elle romane ?? Certes, dès lors qu’une église a conservé quelques pierres du XIIème siècle elle est éligible aux les concerts du jeudi. Mais les vestiges romans de Saint Saturnin de Meschers sont excessivement discrets, et sauf à en croire les guides et autres inventaires des monuments historiques, bien malin est qui pourrait les trouver.
Certes, il existait ici un lieu de culte dès le XIIème, sans doute dû à la générosité d'Aliénor d'Aquitaine. La ville étant proche du chemin fort fréquenté de Saint Jacques, on y édifia aussi dépendances et hôtelleries. "C’est ainsi qu’au début du XIIIe siècle, les templiers de la Commanderie des Epaux à Meursac (à quelques pas d’ici) installèrent un monastère à Beloire, d'où ils peuvent venir en aide aux voyageurs et permettre l'embarquement des pèlerins pour traverser la Gironde, tout en assurant leur sécurité. En 1232, l'Abbaye de St Jean d'Angély construit un prieuré et une première église à Meschers et l'Ordre de Cluny est également présent. Le 7 mars 1293, deux Prieurs Bénédictins de Barbezieux rendent visite à leurs confrères de Meschyers, lesquels font état de leur misère, due à l'importance de la dîme qu'ils doivent verser au Prieuré de Didonne.  Suit une période douloureuse, où Meschers devient tour à tour française, puis anglaise et enfin de nouveau française en l’en 1453, lorsqu’enfin la paix fut signée sous Charles VII, mettant un terme à la guerre de Cent Ans ». (extrait du site "églises en charente-maritime")


Sans doute ruinée, l’église fut reconstruite à la fin du XVème et dotée à cette occasion d’un clocher imposant, sans doute terminé par une flèche octogonale. Lorsque Louis XIII voulut reprendre la région aux huguenots, Meschers se trouva dans l’œil du cyclone, à cause de la présence au château Bardon du duc de la Trémoille, à la tête de troupes protestantes. Meschers fut bombardée en 1620 et le clocher perdit dans l’affaire sa flèche et deux de ses pyramidons. Peu à peu l’église tomba en ruine et en 1827 elle était en si méchant état qu’on préféra la démolir, ne conservant que le clocher et quelques pans de murs pour en construire une nouvelle. Autant dire qu’elle n’a pas grand caractère et que seul son clocher lui donne une petite allure. On pense, d’après le style de ses pinacles et celui de ses ouvertures, qu’il a été conçu par le même architecte qui a conçu le dernier niveau du clocher de l’abbaye proche de Sablonceaux.
L'abbaye de Sablonceaux

Ce pauvre clocher devait encore subir quelques avatars en recevant la foudre le 9 août 1993, et il resta longtemps endommagé avant d’être restauré par les Beaux Arts. C’est sans doute pour fêter cette renaissance que la municipalité décida en l’an 2000 de le doter de deux cloches supplémentaires pour égayer ses sonneries. La plus petite des nouvelles cloches, prénommée LUCIE, pèse 96kg et sonne un la aigu. L’autre, ANNE-RADEGONDE (mais oui Siù, c'est à toi que cet article est dédié !!), pèse 128kg et donne un mi bémol. Ces deux cloches se sont ajoutées à la plus ancienne, JEANNE-LEONE-MARIE-CLOTILDE, qui, forte de ses 675kg préside aux événements de la ville depuis 1890 en sonnant un fa grave !


8 commentaires:

  1. Oh, nous voici en pleine romanitude comme aurait dit Dame SR !
    J'adore les cloches (des églises ou beffrois) et j'ai visité avec ravissement la fonderie de Villedieu-les-Poêles l'an dernier. Siù est donc très mi-mi avec ses 128 kg !

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  2. Bonjour, Michelaise.

    Je me suis délecté.
    Et puis des clochers qui deviennent des diapasons particuliers...
    Bonne jopurnée.

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  3. Bonjour Avignon, ravie de votre visite !!
    Herbert, c'est chouette tu as raison d'entendre sonner les cloches. Je suis trop loin pour le faire mais c'est mieux qu'il y ait trois notes !
    Roberto, je savais que le poids de Siu ferait son effet !! la pauvre... elle qui est toute menue et toute fine !

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  4. Merci Michelaise, du moins quelqu'un qui prend ma défense. D'ailleurs il est vrai que quand je gronde je fais meme plus de bruit qu'une cloche de 128 kg, et donc Roberto n'a peut-être pas tous les torts...
    Siudégonde

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  5. Les concerts dans les églises, c'est bien, mais à condition d'être dans les 5 premiers rangs, car après ça se gâte au niveau acoustique! J'ai un souvenir horrible, sans doute le pire cauchemar musical de ma vie, d'un concert à Baune avec repli dans la basilique! J'avais réservé 2 places pour Solomon de Haendel en 1998, j'étais au rang J, et au dernier moment, alors qu'il faisait pourtant assez beau, les organisateurs ont opté pour un repli dans la basilique, dont la nef est plus étroite que la cour des Hospices, et du rang J, je me suis ainsi retrouvé au rang N. L'horreur quoi! Le son était de la bouillie! Je me suis dit alors: plus jamais je n'irai à Beaune! Mais j'ai continué à arpenté les églises romanes pour certains concerts, et notamment celle d'Arques-la-Bataille, à 200 km de Paris, où j'ai vu entre autres Jaroussky, Nurial Rial et Christina Pluhar. Mais j'étais au premier rang et je n'achète des billets dans les églises que si le placement est libre car comme j'arrive toujours le premier, j'ai de grandes chances d'obtenir un premier rang! En tout cas on se dit en voyant ces photos que la Saintonge est un beau pays et que vous en avez de la chance!

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  6. Oui GF la Saintonge est un beau pays, discret, pas racoleur mais plein de charmes !! Quant à ta prise de position sur l'acoustique dans les églises, ce n'est pas toujours vrai, en fait chaque lieu, chaque église a son point acoustique optimum et ce ne sont pas toujours les premiers rangs... on y a parfois aussi de la bouillie, cela dépend de l'architecture, des pierres, du lieu etc... certains endroits sont parfaits partout, d'autres en quelques points seulement, d'autres enfin trop réverbérant. Pas facile de se faire une idée si on n'y est jamais allé auparavant. Il faut souvent plusieurs essais pour trouver le bon endroit. Et, en plus, le remplissage de l'église fait varier la qualité du son, c'est dont vraiment prise de tête

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